Plus de trois mois après le lancement, le 3 avril dernier, de l’appel à projets « Projets d’innovations – France 2030″ à Mayotte, un premier Comité territorial s’est tenu ce mercredi 24 juillet dans l’hémicycle Younoussa Bamana du Conseil départemental. Cette réunion a rassemblé les acteurs, aussi bien nationaux que locaux (Préfecture, Conseil départemental, SGPI, Ministère des Outre-Mer, ADIM), pour faire un point d’étape sur la mise en œuvre du plan, de valoriser les projets déjà engagés et d’échanger sur les perspectives à venir.
Un programme d’investissement d’avenir structuré en deux volets

Lancé en 2021 par le Gouvernement, France 2030 est un programme d’investissement massif doté de 54 milliards d’euros, visant à accompagner la transformation durable de l’économie française autour de l’innovation, de la transition écologique, et de la souveraineté industrielle et technologique.
Le programme se déploie en deux volets. Le volet national, géré directement par l’État via des opérateurs comme Bpifrance, l’Agence nationale de la recherche (ANR) ou le Secrétariat général pour l’investissement (SGPI), vise à soutenir des projets d’envergure stratégique dans tous les territoires.
Le volet régionalisé, en partenariat avec le Conseil départemental de Mayotte, permet d’adapter les priorités de France 2030 aux spécificités locales. Pour Mayotte, cela signifie un accompagnement ciblé sur les secteurs prioritaires du territoire : agriculture, gestion de l’eau, transition énergétique, santé, et éducation.
10 projets à impact retenus sur le territoire
En quelques mois, les équipes de l’Agence de Développement et d’Innovation de Mayotte (ADIM), opérateurs du programme France 2030 sur le territoire, ont reçu de nombreuses candidatures. Parmi elles, dix projets ont été retenus et présentés lors du Comité. Trois d’entre eux relèvent du volet national, ils sont amenés à se déployer sur le territoire, les sept autres sont des initiatives locales.
Volet national
Pour le volet national, sur l’appel à projet « compétence et métiers d’avenir », deux projets du GIP Formation Continue et Insertion Professionnelle (GIP FCIP) ont été retenus, ils concernent la mise en place de formations dans le BTP et dans l’agroalimentaire. Le projet de l’école 2600, et de sa volonté de créer une formation en cybersécurité, à lui aussi été retenu.
Volet régionalisé
Pour le volet régionalisé, lui-même divisé en trois appels à projets distincts : la structuration des filières stratégiques (1.8 millions d’euros), l’ingénierie de formation professionnelle (600.000 euros) et les projets innovants (600.000 euros), sept projets ont été retenus.

Pour la première sous-division, les projets sélectionnés sont ceux de Terre et Eau, de la COOPAC, d’Uzuri Wa Dzia, de Greenfarm et de Lil’ô Bambou. Terre et Eau ainsi que Lil’ô Bambou souhaitent valoriser des ressources locales, respectivement la terre cuite et le bambou, afin de développer des filières de construction durable. De leur côté, Uzuri Wa Dzia, la COOPAC et Greenfarm œuvrent à la promotion de l’agriculture durable et à la sécurité alimentaire. Des projets qui répondent de manière adaptée aux besoins spécifiques du territoire, contribuant ainsi à son développement durable et à son autonomie.

Dans le cadre du volet dédié à l’ingénierie de formation professionnelle, le projet Plume Ya Mahorais a été retenu pour son approche innovante. Il propose une nouvelle offre de formation, intégrant l’intelligence artificielle, destinée à renforcer les compétences des enseignants à Mayotte. Conçu en prenant en compte les spécificités linguistiques, sociales et éducatives du territoire, ce dispositif vise à accompagner les évolutions pédagogiques en cours et à apporter des solutions durables, adaptées aux besoins réels de l’île.
Le projet retenu dans le cadre du dernier volet, dédié aux projets innovants, est celui de Kumulus Water. Cette start-up propose la mise en service de générateurs d’eau potable capables de produire entre 20 et 50 litres d’eau par jour, en captant l’humidité de l’air ambiant. Alimentés à l’énergie solaire ou électrique, ces dispositifs sont conçus pour fonctionner en totale autonomie, sans infrastructure lourde, et peuvent être installés dans des zones reculées, notamment les écoles, les villages ou les lieux sensibles aux pénuries d’eau. Le projet se distingue par son impact environnemental positif – en réduisant l’usage du plastique – et sa capacité à répondre concrètement aux enjeux d’accès à l’eau potable dans des territoires comme Mayotte.
Un budget réhaussé, les candidatures toujours ouvertes

Que ce soit pour le volet national ou le volet régionalisé, le dispositif France 2030 est encore ouvert aux candidatures. Le premier s’étend jusqu’en 2028, quant au second il se terminera le 31 décembre 2026. Les acteurs appellent donc les porteurs de projets à se manifester d’autant plus que l’enveloppe allouée pour le volet régionalisé a été largement augmentée, passant de 3 millions d’euros à 11 millions d’euros.
« Je suis ravi de voir que, malgré les difficultés rencontrés avec ces terribles cyclones, la population, les entrepreneurs, veulent transformer le territoire et il faut que la France le comprenne », a indiqué le secrétaire général pour l’investissement chargé de France 2030, Bruno Bonnell, présent pour ce premier Comité. « Tous les projets vont être suivis et s’ils ne sont pas au niveau dans leur réalisation, on n’hésitera pas à les corriger ou à malheureusement mettre fin au soutien, mais pour les projets actuels je ne l’envisage pas ».
« Les relèves de projets se font petit à petit, mais j’appelle à le faire le plus rapidement possible car si on n’est pas retenu dans un premier temps on peut revoir sa copie et redéposer un dossier », a-t-il ajouté, espérant que l’ensemble des fonds puissent être accordés.
Au niveau national, le prochain relevé est prévu en septembre prochain, pour le volet régionalisé la seconde relève sera organisée en octobre.
Victor Diwisch