C’est dans sa permanence parlementaire située à Passamaïnty qu’Anchya Bamana a reçu la presse ce mercredi matin. En effet, elle a jugé utile de faire un point d’étape un an après son élection à la députation. « Nous avons connu deux événements climatiques majeurs avec Chido et Dikeledi… Je me devais d’informer la population sur les dossiers que nous avons soutenus au RN ainsi que sur la loi pour la refondation de Mayotte », a-t-elle expliqué.
Une victoire : la régularisation foncière

Même si la députée concède et regrette que l’ensemble des amendements déposés par son groupe à l’Assemblée nationale ont été la plupart du temps recalés en Commission mixte paritaire (CMP), elle se félicite néanmoins que la régularisation foncière puisse enfin se mettre en place à Mayotte. « Il est urgent que les Mahorais viennent régulariser leur foncier ! Depuis 5 mois nous avons fait le forcing pour obtenir la régularisation foncière avec la mise en place d’un guichet unique afin de titrer tout le territoire. C’est une excellente chose car dorénavant les gens seront directement orientés soit vers la CUF (ndlr, commission d’urgence foncière), soit vers la DEALM ou bien le Département en fonction de leur situation. C’était pour moi un dossier prioritaire afin que les Mahorais puissent avoir un titre de propriété ».
Aussi, avant que loi de programmation pour Mayotte ne soit adoptée par le Parlement, les élus nationaux mahorais ont parlé d’une seule et même voix et ont œuvré pour la suppression de l’article 19 sur les expropriations foncières dérogatoires. « C’était une bataille intense à la fois physiquement et intellectuellement… Il faut que les gens régularisent leur situation sinon un jour ils risquent qu’on leur confisque leur foncier… », insiste la députée. « De plus, il leur faut ce bout de papier s’ils veulent un jour être indemnisés par leur assureur suite aux éventuels dégâts causés par Chido. S’ils ne font pas cette régularisation foncière, ils ne pourront pas être indemnisés ».
La santé l’autre priorité d’Anchya Bamana
Ce n’est un secret pour personne, Mayotte est un désert médical avec un système de santé aux abois dépourvu de nombreux spécialistes et de soignants. La députée a bien déposé des amendements pour la création d’une première année de médecine sur le territoire, ou encore la transformation des maternités intercommunales en centres prénataux de proximité, mais en vain. « Depuis 10 ans maintenant le CHM fonctionne en mode crise… Pour pallier cette situation l’État envoie régulièrement la réserve sanitaire sur le territoire. Il est plus que nécessaire de consolider enfin le système de santé à Mayotte, de le refonder et de le penser sur la durée », plaide l’élue du palais Bourbon.

En novembre 2024, la députée avait fait un rapport en tant que membre de la Commission des Affaires sociales de l’Assemblée dans lequel elle préconisait 16 propositions afin d’améliorer le système de santé à Mayotte. Parmi ses propositions, il est notamment question de restructurer largement le dispositif d’évacuation sanitaire (EVASAN) en distinguant les évacuations sanitaires à proprement parler, c’est-à-dire revêtant un caractère d’urgence, qui doivent continuer à être assurées par le CHM, et les rapatriements sanitaires et les transports sanitaires, qui doivent être pris en charge par la CSSM.
Elle défend également le déploiement d’un grand plan d’attractivité des professionnels de santé privilégiant la fidélisation et comprenant notamment la sanctuarisation et l’extension de l’indemnité particulière d’exercice (IPE) ; et l’augmentation à 53 % de l’indexation des rémunérations des praticiens hospitaliers, comme c’est le cas à La Réunion. En outre, la députée s’oppose à la fermeture des maternités dans l’île. « Je conteste cette décision… je ne lâcherai pas. Au CHM il n’y a que 7 salles d’accouchements au lieu de 13 qu’il faudrait au regard du nombre de naissances chaque année…Il n’est pas normal que des femmes soient dans les couloirs à l’hôpital ».
Le thème de l’accès à l’eau, un véritable serpent de mer…
Depuis maintenant plusieurs mois Anchya Bamana milite pour la solution proposée par l’ONG Waterships afin de fournir de l’eau aux Mahorais. Ce dispositif consiste à mettre un bateau de dessalement au large de Mayotte, en haute mer, permettant de produire plusieurs milliers de mètres cubes d’eau potable. « Le bateau coûte 45 millions d’euros plus 35 millions pour le fonctionnement… En 6 mois seulement ce serait opérationnel. Mais ce dossier n’avance pas auprès de Manuel Valls qui considère que l’approvisionnement en eau est une mission des collectivités. C’est le 3e préfet de l’eau que nous avons…Nommer des préfets en charge de l’eau ne donne pas d’eau aux Mahorais ! Lance la députée. Assurer la sécurité en matière d’accès à l’eau c’est le rôle de l’État, il n’est pas normal de vivre avec des coupures d’eau incessantes. Là non plus on ne lâchera pas le morceau ».

Très impliquée sur ce sujet, Anchya Bamana en a profité pour éclaircir certaines contre-vérités et régler par ailleurs quelques comptes concernant la construction d’une 3e retenue collinaire sur un terrain que possède, entre autres, elle et sa famille. « Ce n’est pas à cause d’une grande famille mahoraise attirée par l’appât du gain, comme j’ai pu le lire et l’entendre…, que ce projet n’a pas encore abouti. Les familles propriétaires du terrain n’ont jamais été contre… Mais les choses doivent être faites dans les règles et le respect des familles. Ce projet de 3e retenue collinaire a été initié par Younoussa Bamana en 1998 dans lequel il nous a dit, à nous ses héritiers, qu’il donnerait 5 ha de son terrain pour la construction de cette retenue. Or en 2017, le Département a décidé, sans en informer les héritiers, que ce ne serait plus 5 ha mais 15 ha ! Il faut arrêter de mentir aux Mahorais et salir la mémoire de Younoussa Bamana », fustige-t-elle.
Puis d’indiquer que son combat pour que Mayotte devienne plus sûre va continuer même si son amendement pour la mise en place d’un patrouilleur en haute mer dans le canal du Mozambique, afin de faire barrage aux bateaux, a été recalé en CMP. « Il est nécessaire de mettre en place un patrouilleur de la Marine nationale pour surveiller nos frontières maritimes et éviter une invasion migratoire avec tout ce que cela engendre comme la construction de bidonvilles ou encore les drames avec des gens qui chavirent en tentant de venir à Mayotte en kwassa ».
B.J.