Chaque mois, Le Journal de Mayotte élargit son regard au-delà de notre île, pour plonger au cœur de l’actualité des pays qui nous entourent. Cette semaine, la rédaction relate certaines actualités de Madagascar, du Mozambique, des Seychelles et du Kenya : autant de territoires où se jouent des dynamiques économiques, politiques et géopolitiques majeures, souvent moins connues mais cruciales pour notre avenir commun dans l’océan Indien.
Madagascar : les îles Éparses mais pas dispersées

Le 30 juin 2025, une deuxième réunion de la commission mixte franco-malgache s’est tenue à Paris, co-présidée par les ministres des Affaires étrangères des deux pays, Jean-Noël Barrot et Rasata Rafaravavitafika. Lors de cette rencontre, Madagascar a réaffirmé sa revendication de souveraineté sur les îles Éparses et a demandé une indemnisation pour la période durant laquelle ces îles ont été administrées par la France sans reconnaissance de leur statut malgache. La France a pris note de ces demandes, sans toutefois y répondre de manière concrète, et a proposé de coopérer dans des domaines tels que la protection de l’environnement, la recherche scientifique, l’économie bleue, la sécurité maritime et la lutte contre la pêche illégale.
Parallèlement, la coopération militaire entre Madagascar et la France s’est intensifiée. En 2025, Madagascar a accueilli la manœuvre militaire internationale « Tulipe », un exercice d’envergure visant à renforcer les capacités opérationnelles des forces armées malgaches à travers des entraînements conjoints avec des militaires étrangers, sous le leadership de l’armée française, témoignant d’un partenariat complexe entre contestation territoriale et collaboration sécuritaire.
Mozambique : gaz, insécurité et défis de gouvernance

Le Mozambique se trouve à un moment clé de son développement, entre ambitions économiques et défis sécuritaires majeurs. Le groupe TotalEnergies annonce la reprise prochaine de son projet gazier, évalué à plusieurs milliards de dollars, dans la province de Cabo Delgado, une région riche en ressources mais marquée par une insurrection djihadiste persistante depuis 2017. Cette situation sécuritaire fragile continue de peser lourdement sur les populations locales, confrontées à des déplacements forcés et à des tensions croissantes autour des ressources naturelles. Des rapports font également état de recrutements d’enfants par les groupes armés, exacerbant cette crise. Le pays a récemment célébré son indépendance le 25 juin dernier, en rappelant la nécessité de renforcer la lutte contre la corruption et d’améliorer la gouvernance au sein du territoire pour renforcer son développement.
Seychelles : liberté de la presse et climat électoral tendu

À moins de trois mois des élections présidentielles prévues en septembre 2025, le climat politique aux Seychelles est marqué par des inquiétudes croissantes concernant la liberté de la presse. Le 22 avril 2025, Vel Moonien, rédacteur en chef du journal Today in Seychelles et citoyen mauricien, a été licencié puis expulsé du pays le 26 avril, sans explications publique du gouvernement. Cette expulsion a été dénoncée par Reporters sans frontières comme une atteinte grave à la liberté d’expression dans un contexte électoral tendu. Par ailleurs, la fermeture fin 2024 de l’agence de presse publique Seychelles News Agency, sans communication officielle, avait contribué à renforcer les préoccupations de la population autour du contrôle de l’information. Ces événements s’inscrivent dans un climat de tensions politiques et de méfiance à l’approche d’un scrutin décisif pour le pays.
Kenya : tensions sociales persistantes à l’approche des élections et enjeux migratoires
Depuis la fin du mois de juin 2025, le Kenya connaît une série de manifestations dans plusieurs grandes villes, notamment Nairobi et Mombasa, déclenchées après la mort en détention du blogueur Albert Omondi Ojwang le 20 juin dernier, arrêté pour avoir critiqué la police. Selon les autorités locales et des ONG, ces manifestations ont fait au moins seize morts et plusieurs centaines de blessés, tandis que plus de 200 personnes ont été arrêtées.
Le président William Ruto a annoncé le 1er juillet 2025 la dissolution de son gouvernement et appelé à un dialogue national pour apaiser les tensions. Ces troubles interviennent dans un contexte d’inquiétude croissante sur la transparence des prochaines élections générales prévues en août 2025.
Mathilde Hangard