Projet loi refondation : dernière ligne droite ce 8 juillet

Quelles cases resteront cochées à l’issue de la Commission mixte paritaire de ce mardi après que les parlementaires ont validé le texte ? Permettront-ils que l’Etat cesse de mettre sous pression ce territoire en octroyant des titres de séjour valables uniquement à Mayotte ? Le suspens reste entier.

Après que le texte a été remanié au Sénat, puis en commission des lois de l’Assemblée nationale et en séance, il va falloir prévoir un tableau à double entrée pour cocher les cases lorsque le projet de loi sera passé par la Commission Mixte paritaire (CMP). Rappelons que celle-ci est composée de 7 députés et 7 sénateurs et examine l’évolution d’un texte lorsque chacune des deux assemblées a légiféré de son côté, et c’est le cas pour le Projet de Loi de Programmation pour la Refondation de Mayotte (PLPRM).

Le Sénat a permis de réviser les investissements nécessaires à la (re)construction de Mayotte à la hausse de 3,2 à 4 milliards d’euros, ce qui reste insuffisant lorsqu’on prend en compte à la fois les réparations post-Chido et les investissements structurels déficients du Département. La Haute assemblée a notamment également renforcé les pouvoirs du préfet sur les services de l’Etat jusqu’en 2030, supprimé l’inconditionnalité du relogement d’urgence pour les habitants des cases informelles construites récemment, ou revu les modalités de scrutin du Projet de loi organique en portant la découpe électorale à 13 circonscriptions au lieu de 5.

A l’Assemblée nationale, les deux bouleversements majeurs du texte portent sur la suppression des titres de séjour territorialisés au 1er janvier 2030, ce qui ne conditionnerait donc plus pour leur titulaire la sortie de Mayotte à l’obtention d’un visa. Une mesure arrachée de haute lutte en commission des lois, et dont la date lointaine s’explique par la volonté des Réunionnais de « vouloir s’organiser », ainsi que l’ont rapporté les députés en séance. Les Mahorais doivent donc faire avec.

Autre évolution, la suppression de l’article 19 portant sur les expropriations pour cause de projet d’intérêt général que sont le port et l’aéroport, a été supprimé.

Deux titulaires mahorais

Composition de la CMP du projet de loi refondation de Mayotte

Les députés ont également validé l’évolution de Longoni vers un Grand Port maritime, et ont obtenu que soit mis en place un comité de suivi de la loi, ou l’augmentation du montant du SMIC net vers les 87,5% du national au 1er janvier 2026. Une évolution qui est loin d’être une victoire, puisque le SMIC net était déjà quasiment au niveau du national il y a quelques années. L’alignement du SMIC brut lui, devra attendre la convergence des droits sociaux en 2031. En réponse à la demande du MEDEF Mayotte – et qui entre dans la négociation pour la convergence des droits – le Crédit d’impôt Compétitivité Emploi (CICE) est encore prolongé jusqu’au 31 décembre 2027. La protection universelle maladie (PUMA) sera également applicable à Mayotte.

Les quatre parlementaires mahorais sont tous mobilisés en faveur de l’abolition du titre de séjour territorialisé qui reste une atteinte à l’indivisibilité de la République, Mayotte étant le seul territoire où ce système sévit. Mais la CMP est à majorité LR, dont les parlementaires sont opposés à cette suppression. Basé sur la crainte d’un raz-de-marée en provenance des Comores, à notre sens non fondée car le phénomène n’est pas observé sur les migrations touchant la Guyane où la territorialisation des titres de séjour n’est pas effective.

On connait la composition de la CMP* qui se réunira le 8 juillet 2025 à 9h. Seuls Anchya Bamana et Saïd Omar Oili sont titulaires, Estelle Youssouffa et Salama Ramia sont suppléantes. Pour rapporter les propos de la sénatrice mahoraise, « ce n’est pas encore gagné mais nous travaillons toujours à les convaincre ».

Anne Perzo-Lafond

Partagez l'article :

Subscribe

spot_imgspot_img

Les plus lus

More like this
Related

Un nouveau guichet à la CSSM pour simplifier les évacuations sanitaires

La Caisse de Sécurité Sociale de Mayotte (CSSM) a ouvert ce lundi 28 juillet 2025 un guichet dédié aux évacuations sanitaires programmées (Evasan) pour les assurés sociaux. Ce nouveau service, situé au centre Kinga à Kawéni, a pour objectif de faciliter les démarches administratives, de mieux accompagner les patients et de fluidifier la gestion des soins hors territoire.

Mayotte face à la pénurie de soignants : l’État mise sur les primes pour attirer les vocations

À Mayotte, la pénurie de soignants devient critique : l’État espère inverser la tendance grâce à une série de primes et d’incitations inédites.

La convergence sociale doit assurer l’égalité des droits pour les Mahorais

Alors que la loi pour la refondation de Mayotte a été votée par le Parlement et que la stratégie quinquennale proposée par le général Pascal Facon a été présentée il y a une quinzaine de jours, la rédaction du JdM s’est intéressée à la mise en place de la convergence sociale.

Comores : quatorze personnes dans le couloir de la mort

Trois individus, condamnés récemment par une cour d’assises, rejoignent la liste des personnes en instance d’exécution. Malgré le prononcé des sentences, l’archipel n’a exécuté aucun condamné à mort depuis 1998. Les Comores font aujourd’hui partie des 55 pays qui refusent d’abolir la peine de mort, « pour être en bon ordre avec son droit interne », faisant ainsi l’exception dans l’Océan indien.