Six mois après que les cyclones tropicaux Chido et Dikeledi ont ravagé Mayotte, la préfecture publie un rapport-bilan intitulé « Mayotte Debout. Six mois après les cyclones Chido et Dikeledi ». En s’appuyant sur des chiffres précis et une chronologie serrée des interventions, ce document entend démontrer la maîtrise de la gestion de crise par l’État et les collectivités locales.
Une catastrophe sans précédent et une réponse « immédiate » selon la préfecture

Le rapport débute en rappelant l’ampleur du désastre. La préfecture écrit noir sur blanc : « Dans la nuit du 13 au 14 décembre 2024, le cyclone tropical Chido a frappé Mayotte avec une intensité exceptionnelle. En quelques heures, il a provoqué des dégâts considérables sur l’ensemble de l’île : habitations détruites, infrastructures effondrées, réseaux coupés, profonds bouleversements pour tous les services essentiels. »
Face à cela, la préfecture affirme que « la priorité des services de l’État et des collectivités locales a été d’apporter une réponse immédiate, structurée et efficace ». Ce discours se traduit par la mise en œuvre du plan Mayotte Debout, défini dès le 30 décembre 2024 par le Premier ministre.
Le rapport précise que « l’ensemble du réseau routier principal [a été] rendu praticable en seulement trois jours », facilitant « l’acheminement des secours, l’accès aux zones plus isolées et le transport des blessés ». Côté santé, « l’État a déployé un hôpital de campagne (ESCRIM) au stade de Cavani, dès le 24 décembre », ce qui a permis « de soigner 5.533 patients entre décembre et début février ». La sécurité civile, le SDIS de Mayotte, les associations et les forces de l’ordre ont quant à eux assuré « 24.398 actes de soins, en particulier dans les zones reculées ».
Des chiffres forts pour montrer une maîtrise technique… et politique
L’effort de rétablissement des services essentiels est mis en avant comme preuve de l’efficacité des services publics. La préfecture détaille : « 90% des infrastructures [électriques, télécoms, eau] ont été endommagées », mais « les 54.000 clients ont pu être réalimentés avant le 30 janvier 2025, conformément à l’engagement du président de la République ».
La communication est rodée : chaque avancée est rattachée à une action publique. On lit que « 200 antennes Starlink ont été déployées à travers l’île », que « 141 vols militaires ont acheminé 1.860 tonnes de fret humanitaire », et qu’ « un arrêté dérogatoire a été pris pour faciliter l’importation de produits végétaux ». Pour ce qui est de la sécurité, « 8 escadrons de gendarmerie mobile et 450 policiers ont été déployés », afin de « prévenir les pillages » et « sécuriser les sites stratégiques ».
Reconstruction : l’État veut désormais « refonder Mayotte«

La préfecture annonce ses ambitions : « La première phase de reconstruction d’urgence s’accompagne désormais d’un travail de fond pour une réelle refondation de Mayotte ». Le document rappelle la création d’un établissement public de reconstruction, dirigé par le général Pascal Facon, « nommé par décret du 10 janvier 2025 ». Cet établissement succède à l’EPFAM et « aura vocation à porter et appuyer les acteurs locaux dans la conduite des grands projets structurants du territoire ».
Parallèlement, une « loi de programmation pour Mayotte » est en discussion au Parlement. Elle comprend des investissements lourds, dont « la construction d’un nouvel aéroport à Bouyouni ». Enfin, le soutien à l’économie locale est chiffré : « 13.428 salariés ont bénéficié du dispositif d’activité partielle « Chido » », « 4.273 entreprises ont reçu un soutien de 22 millions d’euros », « 15 millions d’euros budgétisés pour 2.000 dossiers déposés dans le secteur agricole », « 100 millions d’euros débloqués pour les collectivités ».
Le rapport aligne chiffres, dispositifs et bilans avec rigueur. Il met en avant l’action de l’État, sans aborder les critiques ou les retards relevés localement. Ce choix de ton et de contenu peut aussi s’interpréter comme une manière de cadrer le récit officiel de la gestion de crise, dans un contexte où les attentes restent fortes sur le terrain.
Mathilde Hangard