À la mi-juin 2025, l’océan Indien apparaît traversé par des dynamiques convergentes. Tandis que des tensions sanitaires refluent dans certaines îles, d’autres affrontent les effets d’une instabilité sécuritaire ou climatique persistante. De La Réunion à Maputo, chaque territoire tente, à sa manière, de concilier politiques publiques, enjeux sociaux et réalités environnementales.
La Réunion : gérer la diminution de l’épidémie et refonder la cohésion sociale
Depuis le début du mois, l’île connaît un reflux de l’épidémie de chikungunya. D’après Santé publique France, 345 cas ont été recensés entre le 2 et le 8 juin, contre plus du double quinze jours auparavant. Après plus de 53.000 cas et 23 décès recensés depuis le début de l’année 2025, l’urgence s’atténue, mais sans toutefois disparaître.
Dans le même temps, sur le plan social, la présidente du Conseil régional de La Réunion, Huguette Bello, a annoncé un programme d’insertion destiné à 420 allocataires du RSA, financé à hauteur de 1,2 million d’euros. Enfin, l’attention se porte aussi sur les enjeux environnementaux. Des initiatives locales telles que l’installation de fontaines à eau en libre accès ou la 11ème édition du festival de l’Océan sur la côte Ouest, consacré à l’économie bleue et à la préservation du littoral, traduisent une mobilisation croissante de la société civile face à l’urgence écologique.
Mozambique : tensions sécuritaires mais résilience économique

Au Mozambique, la situation reste dominée par l’insécurité persistante dans la province de Cabo Delgado. En effet, les violences jihadistes y ralentissent la relance du projet gazier mené par le groupe TotalEnergies. Alors que la Banque mondiale table sur des recettes colossales à long terme, les habitants restent confrontés à l’urgence du quotidien. En effet, de nombreuses attaques n’ont pas été médiatisées en raison de l’isolement de la population dans ces zones particulièrement démunies.
Aussi, la dimension environnementale reste omniprésente. Les conséquences des cyclones Chido et Dikeledi, survenus respectivement le 15 décembre 2024 et le 13 janvier 2025 sur le pays, affectent encore des centaines de milliers de personnes, avec des pertes agricoles, des déplacés, et des infrastructures endommagées. La reconstruction post-catastrophe devient le socle d’une politique plus large de résilience territoriale.
Seychelles : équilibre entre santé publique, écologie et agenda politique

Le 27 mai 2025, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a salué les efforts des Seychelles pour lutter contre l’obésité. Le pays met en œuvre une série de mesures, notamment des campagnes de promotion de la santé dans les écoles, les lieux de travail et les espaces publics, ainsi que des dépistages, diagnostics et traitements gratuits pour les personnes atteintes de maladies chroniques. Ces initiatives visent à inverser les risques sanitaires associés à l’obésité, tels que l’hypertension artérielle et le diabète, qui touchent respectivement 42 % et plus de 30 % des adultes âgés de 55 à 74 ans aux Seychelles.
Maurice : budget 2025–2026 et transition écologique
Le gouvernement mauricien a dévoilé un budget ambitieux pour l’exercice 2025–2026, prévoyant une réduction significative du déficit budgétaire, qui devrait passer de 9,8 % du PIB en 2024–2025 à 4,9 % l’année suivante. Cette amélioration s’appuie principalement sur une hausse des recettes fiscales et sur des mesures de consolidation financière rigoureuses.
Par ailleurs, la dette publique, estimée à 642 milliards de roupies (soit environ 90 % du PIB) à la fin de l’exercice 2024–2025, fait l’objet d’un plan de réduction progressive, avec pour objectif de la ramener à 79,7 % du PIB d’ici 2027–2028. Ce redressement est aussi facilité par les revenus annuels de 90 millions de livres sterling versés par le Royaume-Uni dans le cadre de l’accord sur les Chagos. Ces fonds contribuent à alléger la dette publique et à financer des baisses d’impôts, permettant ainsi à 81 % des Mauriciens de ne pas être assujettis à l’impôt sur le revenu.
D’autre part, pour financer la transition écologique, Maurice instaure une taxe touristique de trois euros par nuit, tout en renforçant ses mesures en faveur de la « silver economy » afin d’adapter services et infrastructures à une population vieillissante.
Madagascar : diplomatie climatique et coopération avec la France

Dernièrement, Madagascar a participé à la Troisième Conférence des Nations unies sur l’Océan (UNOC3) à Nice, co-organisée par la France et le Costa Rica, du 9 au 13 juin 2025. Le pays a plaidé pour un financement accru afin de protéger ses écosystèmes côtiers et lutter contre la montée du niveau des mers.
Lors de la visite d’État du président français, Emmanuel Macron, à Antananarivo les 23 et 24 avril 2025, à l’occasion du 5ème Sommet des Chefs d’État et de gouvernement de la Commission de l’océan Indien (COI), plusieurs accords importants avaient été signés dans les secteurs de l’énergie, de l’agriculture et de l’éducation. La France avait également annoncé un soutien financier pour la construction du barrage hydroélectrique de Volobe, un projet attendu par les autorités locales depuis près d’une décennie.
Mathilde Hangard