« Il y a 40 ans à Koungou il y avait une mangrove, on allait jouer et pêcher dedans, maintenant il n’y a plus rien », constate Sidi Boinaidi, président de l’association pour le développement et pour la sauvegarde de l’environnement de Koungou (ADSEK), « avec les membres de l’association on s’est dit qu’il fallait tenter de la replanter et quand on a vu l’appel à projet de la CAGNM on s’est dît que c’était l’occasion de lancer le projet et les études sur le site ».

Comme l’ADSEK, sept autres associations ont signé, ce lundi 16 juin, leurs conventions d’attribution des subventions avec la Communauté d’agglomération du grand nord de Mayotte, après avoir remporté l’appel à projet de l’intercommunalité « trésor caché ». Le dispositif, qui s’inscrit dans le contrat de relance et de transition écologique (CRTE), existe pour la deuxième année consécutive et a pour objectif de promouvoir la préservation de l’environnement, d’accompagner les actions pour la transition écologique et de favoriser la cohésion sociale.
Des associations à nouveau sélectionnées pour garantir une continuité
En 2024, la CAGNM avait alloué 60.000 euros, répartis entre dix associations lauréates. Cette année ce chiffre est de 90.000 euros pour huit associations retenues par la commission de l’environnement, de la biodiversité et de la prévention des risques. Parmi elles, certaines ont déjà été subventionnées en 2024 et la cérémonie de ce lundi matin leur a permis de partager les avancées réalisées mais aussi les pistes d’améliorations. Car, les subventions sont versées progressivement par la CAGNM qui accompagne tout au long du projet les associations.

« On est satisfait car on a amélioré la situation des déchets dans le quartier Jamaïque à Koungou, mais il en reste quand même et certaines zones sont inaccessibles, il faudrait maintenant nous aider à dégager les carcasses de voitures et à louer les camions », explique Sidi Boinaïdi. « On a pu améliorer nos activités et collecter plus de textiles, désormais on à l’idée d’installer des points de dépôts volontaires dans différents lieux comme ici à la CAGNM, et de créer également des torchons made in Mayotte », témoigne Moundhir Had Foundi, président de l’association Mao-Ré-Cycle (MRC TLC), qui a déjà récolté 23.000 kg de textiles, linges et chaussures. Les associations Mavadzani Environnement, et Ourahafou Majicavo ont également été à nouveau sélectionnées afin qu’elles puissent continuer leurs projets de gestion des déchets. Elles aimeraient que la CAGNM débloque certaines situations administratives en discutant auprès des municipalités, notamment sur la question de l’accès au quai de transferts des déchets.
Des projets plus diversifiés

« Cette année, en plus de la gestion des déchets, on a voulu diversifier les thématiques et aider les associations qui portent des projets pour préserver l’eau, les écosystèmes et qui organisent des actions de sensibilisation à la population », remarque Bendine Soibaha, responsable Environnement à la CAGNM. Ainsi l’Association des parents d’élèves des écoles publiques élémentaires et secondaires de Bandraboua (APEB) a été retenue pour son projet de sensibilisation des élèves au tri des déchets, tout comme l’association Nya Ndjema qui compte proposer des animations et des ateliers de sensibilisation à Majicavo, mais aussi Mayotte entraide étudiants (M2E) qui a envoyé trois jeunes en service civique à Zanzibar auprès d’une association de protection de l’océan afin d’en apprendre plus sur la préservation des milieux. Enfin, le projet de la jeune association Oussayidiya Koungou a été retenu pour permettre le reboisement et la végétalisation des quartiers de Koungou.
« Les subventions vont prendre en charge les billets d’avion, les logements des jeunes qu’on a envoyé en service civique et la masse salariale de nos membres », se réjouit Kemal Attoumani, directeur de l’association M2E. « Nous on est dans la promotion de l’engagement citoyen, on veut montrer aux jeunes les bienfaits du bénévolat ou bien du service civique et c’est important de voir que les collectivités nous suivent sur ces ambitions ».

A l’exception de l’association MRC TLC, qui est installée sur la commune de Mtsamboro, les lauréats proviennent tous des villages de Koungou et de Bandraboua, une représentation inégale du grand nord que Bendine Soibaha souhaite voir changer dans les années à venir, car la protection de l’environnement passe par un effort collectif. « J’appelle les associations de Mtsamboro et d’Acoua à répondre à nos appels à projets. Je ne connais pas les raisons de leur absence, mais il faut également qu’on améliore nos efforts de communication envers ces deux communes. Il faut qu’on puisse échanger avec tout le territoire ».
Victor Diwisch