Le 10 juin 2025, Christian Traoré recevait à l’Université Paris Dauphine un certificat universitaire pour un mémoire inédit sur la place de l’environnement dans l’accès des entreprises à la commande publique. Deux semaines plus tôt, à Mayotte, il animait un séminaire d’envergure visant à sécuriser la reconstruction du territoire après le passage du cyclone Chido. Deux événements qui se répondent et dessinent une ambition claire : conjuguer transition écologique et performance économique, notamment pour les entreprises ultramarines.
Après Chido, reconstruire vite Mayotte, mais durablement

Le 26 mai dernier, plus de 200 décideurs publics, cadres techniques et représentants d’entreprises se sont réunis à la Technopôle de Dembéni à l’occasion d’un séminaire organisé par la société CT Consulting & Formation. L’enjeu : accompagner la mise en œuvre de la loi d’urgence pour Mayotte, adoptée le 24 février 2025, tout en évitant les écueils observés après d’autres catastrophes, comme l’ouragan Irma à Saint-Martin et Saint-Barthélemy. « Nous avons proposé une méthode en trois étapes : stratégie, contractualisation, pilotage », résume ainsi Christian Traoré. Une démarche sur mesure pour un territoire particulièrement vulnérable, où la reconstruction nécessite à la fois une grande rigueur juridique et une exécution rapide.
Parmi les apports majeurs de l’événement : une meilleure compréhension, par les acteurs locaux, de la dualité des plans d’action nécessaires. « Il ne faut pas mélanger les achats liés à la catastrophe de Chido et ceux qui relèvent du fonctionnement courant de l’entreprise, faute de quoi les marchés pourraient être annulés pour mauvaise application de la loi », alerte l’expert. Résultat, des sollicitations concrètes dès le soir-même du séminaire. Et un intérêt croissant pour une commande publique plus sécurisée et mieux structurée.
À Paris, un mémoire pour éclairer les entreprises

Quelques jours après avoir animé un séminaire stratégique à Mayotte, Christian Traoré validait à Paris un mémoire intitulé « Enjeux climatiques et accès des entreprises à la commande publique : défi ou opportunité pour les TPE-PME ? ». Un sujet encore peu exploré, qu’il a défendu dans le cadre du certificat « Gouvernance, Climat et Transformation Durable » de l’Université Paris-Dauphine. « J’étais le seul à travailler sur cette thématique, alors que la législation verte évolue à grande vitesse », souligne-t-il.
Il fait ici référence à la loi Climat et Résilience, promulguée en août 2021, qui impose, à partir d’août 2026, l’intégration systématique de critères environnementaux dans tous les marchés publics. Un tournant réglementaire majeur, dont les petites entreprises mesurent encore mal l’impact. « Une entreprise qui ne fait pas de veille et ne s’adapte pas à ces nouvelles exigences risque de se retrouver hors-jeu », prévient-il. Pourtant, en France, la commande publique représente environ 170 milliards d’euros par an, soit près de 6 % du PIB. Pour lui, il ne fait aucun doute : l’environnement est désormais un critère central dans la stratégie des entreprises, notamment celles qui souhaitent accéder aux marchés publics.
Former, accompagner, transformer
Ce virage réglementaire ne doit pas être perçu comme une sanction, mais comme une opportunité, insiste Christian Traoré. À condition d’avoir une approche ciblée. « Segment par segment, projet par projet, il est possible d’intégrer intelligemment des actions vertueuses. À Mayotte, par exemple, la gestion des déchets de chantier est un levier évident. » Encore faut-il que les cahiers des charges soient bien rédigés et que les entreprises sachent y répondre.

C’est tout l’enjeu de l’accompagnement que propose son cabinet, déjà sollicité dans l’Hexagone et dans de nombreux départements ultramarins, comme à Mayotte. « L’idée, ce n’est pas de discriminer les entreprises, mais de les renforcer. Il faut penser ces enjeux environnementaux, qui sont des obligations légales, comme des leviers de compétitivité, pas comme des contraintes. » D’autant que certains donneurs d’ordres exigent désormais que les entreprises soient formées à la transition écologique pour postuler.
Christian Traoré poursuit désormais une mission double : outiller les acteurs Mahorais pour la reconstruction et diffuser une culture environnementale dans la commande publique. Son parcours entre Mayotte et Paris illustre combien la transformation écologique se joue aussi sur le terrain administratif, dans les appels d’offres, les plans d’action, les clauses techniques. Il en est convaincu : « Réussir cette transition, c’est sécuriser l’avenir économique des entreprises, et renforcer la résilience des territoires ultramarins ».
Mathilde Hangard