Un ICA au beau fixe, une consommation qui repart malgré un fort chômage persistant
L’indicateur du climat des affaires (ICA) remonte nettement, gagnant 8,4 points pour atteindre 110,3. Cette embellie repose essentiellement sur des anticipations favorables d’activité et des prévisions d’investissement en hausse, liées à la remise en état des infrastructures et outils de production endommagés. Plus d’une entreprise sur deux (54 %) prévoit d’investir dans les douze prochains mois, dont une large majorité dans le renouvellement du matériel détruit.
Dans le sillage de cette dynamique, la consommation des ménages repart à la hausse. Les importations de biens courants progressent de 24 % par rapport au trimestre précédent, et celles des équipements du foyer de 27 %. Les crédits à la consommation suivent la tendance (+4,6 %). Le ramadan et le remplacement des équipements ménagers endommagés ont stimulé les dépenses des ménages. Mais cette reprise n’est pas homogène. Si le commerce et les services marchands enregistrent une hausse d’activité, le secteur de la construction reste à la peine. Les entreprises du BTP, pourtant en première ligne pour la reconstruction, souffrent de trésoreries faibles et d’une explosion de leurs charges, notamment à cause des réparations en attente de remboursement par les assurances.
Sur le marché de l’emploi, les jeunes subissent de plein fouet les contrecoups de la crise post-cyclonique. Le nombre de demandeurs d’emploi de catégorie A bondit de 6,1 % sur le trimestre, tiré exclusivement par la hausse chez les moins de 25 ans (+29,5 %). En glissement annuel, la progression atteint +51,5 % pour cette tranche d’âge, alors que les autres catégories d’âge restent stables ou en baisse.
Des importations en hausse
Les échanges extérieurs, quant à eux, repartent aussi à la hausse. Après deux trimestres de repli, les importations enregistrent une progression de 22,8 %, dopées par le redémarrage du port. Tous les grands postes sont concernés, notamment l’énergie (+73,5 % en valeur, +93 % en volume), les biens d’équipement, les produits courants et les biens intermédiaires. Les exportations, bien que toujours marginales, augmentent de 23,3 % sur le trimestre. Le taux de couverture reste extrêmement faible à 1,3 %. Malgré l’augmentation des importations de biens d’investissement (+27 %), les crédits bancaires destinés à l’investissement chutent de 7,2 %. Un paradoxe qui souligne une tension sur les financements, alors même que les entreprises ont des carnets de commandes bien remplis.
Les chefs d’entreprise optimistes
Sur le terrain, les chefs d’entreprise du commerce indiquent un redémarrage inattendu. Après deux années difficiles, l’activité repart à la hausse, les stocks baissent, les délais de paiement s’améliorent, mais les effectifs continuent de diminuer. Les services marchands suivent une tendance similaire, avec une progression modérée de l’activité, bien que les trésoreries restent très tendues.
La croissance mondiale au ralentit
À l’international, le climat reste morose. Le FMI prévoit un ralentissement mondial de la croissance, plombé par les tensions commerciales, notamment la hausse des droits de douane américains. La croissance des États-Unis est revue à la baisse (1,8 % en 2025), tout comme celle de la zone euro (0,8 %), où l’Allemagne stagne. En revanche, l’Espagne se distingue avec une prévision dynamique à 2,5 %, portée par les chantiers post-inondations.
Dans l’océan Indien, les trajectoires économiques sont contrastées. Madagascar affiche une croissance solide à 4,5 %, mais reste confrontée à une inflation élevée (8,4 %). Maurice voit l’inflation reculer à 2,5 %, avec une croissance prévue entre 3 et 3,5 %. Aux Comores, les prix baissent mais le déficit commercial se creuse. En Afrique du Sud, la croissance reste faible et le chômage de longue durée endémique. Aux Seychelles, le tourisme peine à retrouver son niveau d’avant-crise, malgré une inflation contenue à 0,6 %.
Si la reconstruction donne un coup de fouet à l’économie mahoraise, la vraie réussite dépendra de la capacité à transformer cette urgence en opportunité durable pour Mayotte: résorber le chômage des jeunes, sécuriser les financements pour le BTP, et réduire la dépendance aux importations. Le 2e trimestre 2025 sera donc un test clé.
Bobane Abasse