Tribunal judiciaire : De la prison avec sursis pour les auteurs d’agression sexuelle sur mineurs

Ce mardi le tribunal judiciaire devait juger des affaires d’agression sexuelle sur mineurs. Dans deux d’entre-elles, les prévenus ont écopé de plusieurs mois de prison avec sursis.

C’est le genre d’histoire qu’il n’est pas facile à entendre même au sein d’une salle d’audience d’un tribunal. Les affaires d’agression sexuelle sur mineur sont malheureusement et tristement courantes à Mayotte.

Un sexagénaire adepte des « chatouilles »

Pas moins de 3 dossiers concernaient des agressions sexuelles sur mineur

C’est en béquilles qu’un homme âgé de 65 ans, à la fois père et grand-père, est arrivé devant la barre du tribunal. Ce qui lui était reproché est une « atteinte sexuelle par majeur sur un mineur de moins 15 ans commis le 10 mars 2024 ». Les faits se sont déroulés dans la salle d’embarquement de l’aéroport de Pamandzi, avant de prendre l’avion, alors qu’un enfant de 3 ans jouait avec ses frère et sœur. Le sexagénaire lui aurait alors mis la main dans la culotte… Face à ces faits énoncés par la présidente du tribunal, le prévenu nie en bloc. « L’enfant jouait et n’arrêtait pas de courir et gesticuler autour de moi. A un moment il m’a marché sur mon pied malade, j’ai eu une douleur insupportable alors que je dormais. Il était tombé alors je l’ai attrapé par le pantalon pour le repousser », explique-t-il.

Sauf que cette version ne correspond pas à celle de la mère de l’enfant ni à celle d’un témoin de la scène. L’homme ne dormait pas mais à chaque fois que le jeune garçon passait devant lui il jouait avec, tel un grand-père avec son petit-fils lui faisant des chatouilles. Et ce fut ensuite le geste de trop… La mère de l’enfant, en pleurs, est allée voir un policier pour lui raconter la scène. Chacun devant ensuite prendre respectivement son avion, l’affaire en est restée là jusqu’au retour de l’homme à Mayotte, au mois de septembre, où il sera entendu par la police. Confrontées aux déclarations de la mère et de celles du témoin présent au moment des faits, le prévenu indique que « tout le monde ment, la mère, la police, le témoin ». Pour l’avocate de la partie civile, Me Hermand, ce qu’il a fait est « très choquant », « il n’assume pas, c’est dérangeant ». Et d’ajouter qu’« On ne peut que regretter qu’il n’y ait pas eu de vidéo surveillance dans l’aérogare pour éclaircir cette affaire… ».

Le code pénal, clé de voûte des décisions judiciaires

Pour la procureure, ce geste n’était malheureusement pas anodin, elle a ainsi requis 6 mois de prison avec sursis probatoire de 2 ans, l’obligation de soins, l’impossibilité d’exercer des activités avec des mineurs, et enfin l’inscription au Fijais (Fichier judiciaire automatisé des auteurs d’infractions sexuelles ou violentes). Me Kamardine, avocat de la défense, a fait valoir en premier lieu que « le doute devait profiter au prévenu… Il s’amusait avec les enfants, l’un d’eux est venu marcher sur son pied, sa mère a eu peur qu’un inconnu sermonne son fils. Pour moi il n’y a pas de caractère sexuel dans cette affaire, mais un doute sérieux ».

Après avoir délibéré, le tribunal n’a semble-t-il pas cru la version du sexagénaire puisqu’il a suivi les réquisitions du ministère public et a également condamné le prévenu à verser 1.000 euros pour l’enfant et de 500 euros pour sa mère au titre du préjudice subi.

Un entraineur de foot pas très recommandable

Une autre affaire d’agression sexuelle concernait un entraineur de club de foot situé en Petite-Terre. Ce dernier aurait agressé sexuellement un mineur de 15 ans profitant de son autorité et de son influence sur lui. Les faits auraient pu ne jamais être révélés si le mineur en question n’avait pas essayé de reproduire sur sa sœur ce qu’il avait subi… Et c’est là que la pelote de laine commence à se dérouler. Les enquêteurs ont auditionné l’entraîneur et ce dernier a reconnu les faits. Ils ont par ailleurs perquisitionné son domicile et ont saisi son ordinateur dans lequel ils ont retrouvé des photos de jeunes adolescents à la limite de la pédopornographie.

Le bâtonnier Me Yanis Souhaïli

Pire, les enquêteurs ont découvert que l’homme conversait avec des mineurs via une application sur son téléphone, se faisant lui-même passer pour un mineur. L’homme, qui voulait selon son avocat Me Souhaïli faire face à la justice, a été expulsé de Mayotte quelques jours avant son procès, ce qui n’a manqué de faire réagir le bâtonnier. « Il y a un problème…on demande à mon client de ne pas quitter le territoire afin de pouvoir assister à son procès pour être jugé, et c’est l’État lui-même qui l’expulse faute de papier en règle… ». Le prévenu a été reconnu coupable et a été condamné à 18 mois de prison avec sursis, ainsi que son inscription au Fijais.

B.J.

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