Les autorités comoriennes ont procédé ce mois de mai 2025 à une évaluation à mi-parcours du Plan Comores Emergent (PCE) élaboré en 2019 mais dont la mise en œuvre a été compliquée par le cyclone Kenneth et surtout par la pandémie de Covid 19. On annonce, à ce jour, « 175 millions d’euros mobilisés entre 2020 et 2023 sur 367 millions d’euros programmés », soit « un taux de 47,8 % avec 125 millions d’euros dépensés, soit un taux d’exécution de 72,4 % ». Le pays avait alors élaboré un « Plan de relance post-Covid-19 » qui, en plus des grands projets structurants du PCE, avait inclut de nouveaux programmes sectoriels dictés par l’urgence.
Des évaluations pour mesurer les avancées
C’est pourquoi, les autorités ont jugé nécessaire de faire des évaluations pour mesurer « les progrès » réalisés, identifier « les failles » et apporter « des mesures correctives » pour toujours garder le cap fixé en vue de l’émergence à l’horizon 2030. Les travaux ont été présidés par le chef de l’Etat, Azali Assoumani, qui a appelé ses ministres à mettre fin à la passivité. « Le temps de l’inaction est révolu. L’heure est à l’exécution, au suivi et au résultat », a-t-il souligné à l’occasion de la cérémonie de clôture des travaux au Palais du peuple à Moroni. « Il reste des écarts importants entre notre ambition collective et la réalité du terrain. Il ne s’agit pas de produire des rapports. Il s’agit de changer la vie de nos concitoyens. », a ajouté le dirigeant comorien.

Les Comores ont enregistré des avancées dans certains secteurs ces cinq dernières années. Le pays s’est doté de trois nouvelles centrales photovoltaïques d’une capacité cumulée de 15 mégawatts, permettant de faire passer la part des énergies renouvelables dans le secteur de l’électricité de « 4 % en 2017 à 15,8 % en 2025 ». Même si les problèmes d’électricité persistent faute d’une mise en service optimale de ces nouvelles centrales solaires. Le taux d’accès à l’eau potable s’est amélioré, passant de « 15% en 2015 à 35% en 2025 ». Environ, « 848 km de routes construites sur 859,5 km initialement prévus ». Un chiffre qui conforte la capacité du pays à atteindre l’objectif étant donné que la cible en 2030 est de 900 km de route.
Un chantier de reconstruction du port de Mwali est en cours alors que des investissements ont été annoncés pour une mise aux normes de l’aéroport international par une société émiratie. On annonce l’augmentation « de 30% de la production halieutique », passant de de « 25.000 à 33.000 tonnes, 1.904 vedettes immatriculées, 6.122 pêcheurs identifiés, 144 gérants de PME et coopératives formés, 10 chambres froides installées, 33 chambres d’acclimatation de bananiers » aux agriculteurs et la construction « d’une unité de conservation ».
Un taux de croissance en deçà de la moyenne
Le pays devrait aussi inaugurer son plus grand centre hospitalier jamais construit ces 50 dernières années : le Centre hospitalier universitaire (CHU-El-Maarouf) d’une capacité de 650 lits. Un programme de renforcement des capacités des structures de santé a été engagé. On annonce « la baisse de la mortalité maternelle (53/100.000) contre une cible de 70/100.000 naissances et la baisse de la mortalité infantile (30%) et néonatale (19%) ». Le paludisme est vaincu à Anjouan et Mohéli avec des poches de résistance de l’épidémie à la Grande-Comores. On parle de « 13 nouvelles écoles construites avec 15.000 places supplémentaires » et de la hausse du taux d’accès à l’enseignement préscolaire qui passe de « 32,7 % en 2021 à 40,5 % en 2024 » ainsi que le renforcement « des formations techniques et numériques ». Côté bancaire, on annonce « un taux de bancarisation de 30 % en 2024 » et une projection de « 60 % en 2026 ».

Dans sa revue à mi-parcours du PCE lors des évaluations, le Secrétaire général du Gouvernement, Nour El Fath Azali a noté « un taux d’exécution de 12% » des activités programmées dans les ministères. En 2025, 50 actions déclinées en plusieurs dizaines d’activités ont été programmées. Parmi les failles notées, il y a les faibles capacités institutionnelles, une coordination limitée de l’aide au développement, un manque de ressources humaines, des mécanismes de décaissement des fonds. Le Secrétaire général du Gouvernement annonce que « seulement 44,5 % des financements nécessaires ont été mobilisés » et veut un « alignement des ressources budgétaires sur les priorités établies ». Santé, éducation, gouvernance, emploi, inclusion sociale, il souhaite « une dynamique nouvelle » pour impulser les activités programmées dans les ministères.
L’archipel fait partie des pays africains ayant « les potentialités » d’atteindre les critères de convergence d’un pays émergent ou qui aspire à l’être. Mais encore faut-il satisfaire les 23 indicateurs analysés par l’Observatoire pour l’Emergence en Afrique (OBEMA et qui se résument en quatre dimensions (politique, économique, sociétale et développement humain). Et, parmi ces critères, il y a le taux de croissance du PIB qui doit se situer entre 6 et 7% par an. Ce qui n’est pas le cas aux Comores où l’on note « une légère amélioration du taux de croissance économique qui passe de 2,6% à 3,4% en 2024 », et avec une projection de « 6,1% en 2026 ».
A.S.Kemba, Moroni