Cinq mois, après le passage dévastateur du cyclone Chido, le 14 décembre 2024, Mayotte peine à se remettre de l’ampleur des destructions. Si les autorités ont rapidement reconnu l’état de catastrophe naturelle, les compagnies d’assurances ne semblent pas encore au rendez-vous, laissant les entreprises dans une situation de grande incertitude financière.
Un secteur économique toujours en difficulté
D’après la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME), les secteurs de l’hôtellerie et de la restauration, vitaux pour l’économie locale, font état de chiffres alarmants : 20 % des restaurants seraient fermés, 40 % fonctionneraient en mode dégradé, et 80 % des établissements hôteliers auraient subi des dommages importants, évalués à plusieurs millions d’euros. Ces entreprises, déjà fragilisées par les destructions, peinent à redémarrer, faute de soutien adéquat. L’absence d’indemnisation rapide des assurances empêche une reprise effective, d’autant plus que la plupart des sinistrés n’ont toujours pas vu leurs dossiers traités, exposant ainsi la situation critique de l’archipel, comme le rapporte la CPME dans un communiqué.
L’insuffisance de couverture : un frein à la reconstruction
L’absence de réponses concrètes de la part des assurances met en lumière des failles structurelles dans le système de couverture à Mayotte. Bourahima Ali Ousseni, président de la CPME Mayotte, s’interroge : « Sans un accès juste et effectif à l’assurance, comment envisager la reconstruction durable de notre île ? ». Cette question fait écho aux préoccupations des entreprises locales, déjà fragilisées par les destructions. Les difficultés à obtenir une couverture adéquate, voire une simple reconnaissance des dégâts, laissent les entrepreneurs de Mayotte dans une impasse, compromettant la reprise de l’activité économique.
Des appels à la responsabilité des assureurs
Face à cette situation, les acteurs économiques locaux appellent à une prise de responsabilité urgente de la part des compagnies d’assurances. Thierry Marx, président confédéral de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (UMIH), insiste sur le fait que « les compagnies doivent urgemment assumer leurs responsabilités au même titre que les autres acteurs économiques mobilisés pour la reconstruction du territoire et verser les indemnisations prévues dans le cadre des catastrophes naturelles, y compris pour les effets dits non assurables, comme le prévoit le Code des assurances ».
La CPME Mayotte, de son côté, réclame un soutien plus concret de la part des compagnies, rappelant que « lorsqu’une entreprise est assurée, elle doit bénéficier des mêmes garanties partout, à travers tout le territoire français. Soyons aux côtés des entrepreneurs mahorais pour faire repartir l’économie de l’île ! ». La survie des entreprises et la reprise économique de l’île dépendent désormais de l’engagement concret des assureurs, pour que les indemnisations promises soient versées dans les plus brefs délais.
Mathilde Hangard