Comores : La capitale comorienne face au casse-tête des ordures

Un grand nettoyage a eu lieu dimanche à l’initiative de la mairie, épaulée par la gendarmerie et la police nationale. Cette opération d’urgence ne résout pas toutefois la problématique de la gestion pérenne des ordures à Moroni. La capitale comorienne est confrontée au manque d’un plan durable d’assainissement de la ville depuis des décennies.

Les ordures entassées depuis des semaines dans les deux marchés de Moroni ont été finalement évacuées dimanche 27 avril au cours « d’une opération de grand nettoyage et de désinfection » organisée par la mairie avec le soutien des forces de sécurité. Les marchés étaient fermés au public durant toute la journée. Les zones d’assainissement ont été quadrillées par des éléments de la gendarmerie et de la police nationale.

C’est le maire de Moroni, Mohamed Ahmed Assoumani, nommé récemment ministre de l’Intérieur qui a pris les devants pour donner le coup d’envoi de l’opération de nettoyage et de désinfection, suivi des agents de la voirie de la capitale, des éléments de l’Armée et des volontaires. Après 6 heures de nettoyage, le maire a reconnu « une problématique majeure », en allusion à l’hypothétique gestion des déchets dans la capitale comorienne.

Des potentiels risques sanitaires

« Nos agents font face à des difficultés récurrentes, notamment en raison de la panne de plusieurs bennes à ordures. Cette situation a contribué à l’accumulation des déchets dans les marchés. Je remercie sincèrement les responsables de la mairie, en particulier ceux de la voirie, de l’administration et tous ceux qui œuvrent depuis longtemps pour faire face à ce problème. Nous espérons trouver une solution durable dans les plus brefs délais », a-t-il déclaré.

Dans les quartiers de Moroni, les habitants font face à un spectacle désolant. Du nord au sud, la ville est jonchée d’ordures, exposant les citoyens à de potentiels risques sanitaires. Des tonnes d’ordures bouchent les ruelles et provoquent une odeur désagréable depuis maintenant deux mois. Les opérations de collecte des ordures ménagères ont cessé dans de nombreuses zones, obligeant les citoyens à les jeter partout comme ils le peuvent. « Aujourd’hui, l’odeur est supportable à cause de la pluie, mais dès que le soleil brille, ça empeste terriblement », a souligné Akim Kameliya, un jeune vivant dans un quartier du sud de Moroni.

Une agence de gestion des déchets créée en 2020

Le directeur général de l’Agence nationale de gestion des déchets (au centre) lors de la séance de validation de la stratégie nationale de gestion et de valorisation des déchets ce 24 avril

L’archipel ne disposait jusqu’ici qu’une gestion approximative des ordures dans les trois grandes villes du pays (Moroni, Mutsamudu et Fomboni) avec des ressources financières limitées, allouées au secteur et des moyens techniques et humains en deçà des immenses défis posés par le secteur. Pour pallier les difficultés liées à la gestion des ordures, la commune de Moroni comptait sur « une écotaxe » créée en 2017 et généralisée en 2023 « pour faire face aux coûts » du ramassage des ordures dans la capitale. L’Etat y apporte une somme qui varie entre 20.000 et 30.000 euros chaque mois. Mais les fonds sont toujours jugés insuffisants pour couvrir les charges.

Face à la problématique posée par les ordures à Moroni et aux soulèvements incessants des citoyens, l’Etat comorien a pris la décision de créer « une Agence nationale de gestion des déchets » avec l’adoption en 2024 d’une loi-cadre sur la gestion des ordures. Ce n’est qu’en ce mois d’avril 2025 que l’agence fera adopter « une stratégie nationale  de gestion et de valorisation des déchets » qui prévoit « une collaboration étroite » entre l’agence, les mairies et les partenaires étrangers qui interviennent dans le secteur pour « une gestion durable des ordures » aux Comores. Mais le casse-tête reste toujours en l’état.

A.S.Kemba, Moroni  

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