Dans un communiqué intersyndical CGT-Ma, CFDT, SNUIPP-FSU, FO, CFTC et CFE CGC, ces deux dernières ne l’ayant pas signé, est lancé un « préavis de cessation concerté du travail couvrant l’ensemble des salariés et agents publics à Mayotte », et dès ce mardi 8 avril 2025 au matin.
Le décalage avec le niveau national des prestations sociales, qui est de moitié à Mayotte, est de nouveau le moteur des revendications. Il est en effet demandé un alignement sur l’Hexagone : transposition des Codes, de la sécurité sociale, de la Mutualité, de l’action sociale et des familles, « pour mettre fin à des prestations sociales à hauteur de 50 % de l’Hexagone ». Notamment en matière de retraite, qui sont en moyenne de 400 euros à Mayotte et sous réserve d’une carrière complète.
Nous avons à de nombreuses reprises pointé cette injustice qui touche les retraités, alors que l’allocation est non contributive, c’est-à-dire qu’elle n’est pas conditionnée à une cotisation, contrairement aux autres. Il suffit de relever le plafond de la Sécurité sociale. La convergence des prestations sociales à horizon 2036 est trop lointaine, revendiquent les organisations syndicales.
Nous avions révélé que le projet de loi programme restait flou sur cette convergence, avec beaucoup de conditionnel, puisque « sous réserve d’adaptation, tenant compte des caractéristiques et contraintes particulières du territoire ». Il suffit de rappeler qu’il a suffi de questions pressantes au gouvernement de nos parlementaires Youssouffa et Kamardine à l’époque pour obtenir du ministre du Travail Dussopt un bon de 30% du minimum vieillesse. Comme une invocation, nous avions titré sur l’espoir qu’un verrou psychologique avait sauté. Il n’a pas été suivi, alors qu’il suffit à chaque réajustement national de ces prestations, d’accorder un pourcentage supplémentaire à Mayotte.
Une fusée à plusieurs étages

Il suffirait au gouvernement de lâcher sur ces allocations non contributives pour exiger qu’un dialogue entre partenaires sociaux établisse un agenda décemment supportable pour patrons et salariés, afin que la hausse des cotisations sociales ne plombe pas le chiffre d’affaires des premiers déjà touchés par Chido, et le pouvoir d’achat des seconds.
Et faire de l’explicatif. Ce fut le cas suite aux mouvements sociaux de novembre 2015 sur la demande de transposition totale et immédiate du code du Travail, lorsque une mission de représentants de l’administration centrale avait été dépêchée à Mayotte.
Autre demande, l’instauration de « véritables services publics respectant les quotas et ratios par habitant », n’est pas sans rappeler notre alerte à l’ex-ministre des outre-mer Pau-Langevin sur le non-accès des mahorais aux services publics, par saturation. La forte croissance démographique impliquant de doubler les établissements hospitaliers, scolaires, judiciaires, etc.
Enfin, la demande d’une sur-rémunération pour tous les fonctionnaires et salariés de 75%, les organisations syndicales veulent la justifier de manière laconique, par « le coût de la vie post-Chido ». Espérons que cette revendication placée en numéro 1 ne vienne pas bloquer les autres, ancrées sur du moyen et long termes, en permettant une meilleure visibilité sur le pouvoir d’achat.
Des points listés au moment de l’arrivée du ministre Manuel Valls à Mayotte.
Anne Perzo-Lafond