Démissionnaire après sa condamnation judiciaire dans l’affaire de la CADEMA donnant lieu à l’examen d’une QPC en cours, l’ancien 1er vice-président, Salime Mdere, était un actif élu chargé de l’Aménagement du territoire. S’il a dû lâcher son poste, il ne veut pas moins être force de proposition sur l’avenir du 101ème département. Et la présentation ce jeudi du projet de loi Programme de Mayotte lui donne l’occasion de prévenir d’un indispensable suivi des travaux en cours par les élus de Mayotte.
Projet de création d’une Conférence des Décideurs Locaux à Mayotte, par Salime Mdere
Ce fameux « Cogno Moja », qui signifie « Unité » dans la gestion des grands projets de Mayotte, n’a pas encore vu le jour entre les élus de l’île. C’est le cas de le dire. Or, il s’agit de la seule voie qui permettrait à notre territoire d’aller de l’avant dans son développement. Aujourd’hui, nos élus travaillent de façon dispersée, à travers des saisines individuelles adressées à la rue Oudinot, à Matignon ou à l’Elysée. Preuve que cette méthode atteint ses limites : elle ne produit pas les résultats attendus. Il est donc temps de changer d’approche.
C’est pourquoi je renouvelle ma proposition de création de la « Conférence des Décideurs Locaux », un véritable outil de gouvernance consensuelle territoriale. Il est urgent de mettre en place cette instance à Mayotte, d’autant plus que les sujets relatifs au département de notre île sont actuellement à l’ordre du jour à Paris, notamment à travers la prochaine Loi de programmation pour Mayotte.
En effet, la Conférence des Décideurs Locaux se tiendrait à raison de 12 sessions annuelles, soit une par mois. Il s’agirait d’une réunion de travail d’une demi-journée, en présentiel et en visioconférence, avec un ordre du jour fixé en fonction des priorités, de la pertinence et de l’urgence des sujets pour le développement de l’île.

Cette instance réunirait les 17 maires de Mayotte avec leur président, les 5 présidents des EPCI, la conseillère économique et sociale, le président du CESEM, le président du Conseil départemental de Mayotte, les 4 parlementaires de Mayotte ainsi que le ministre Thani Mohamed Soilihi. Les réunions se tiendraient à huis clos mais resteraient ouvertes aux journalistes, par exemple chaque premier lundi du mois, à l’hémicycle Bamana, sous la présidence du Conseil départemental. Des porte-paroles seraient désignés parmi les parlementaires en fonction des thématiques à défendre à Paris. Par exemple : la question de l’aménagement du territoire et la jeunesse serait confiée au sénateur Saïd Omar Oili, la santé et le social à la députée Anchya Bamana, l’immigration et la coopération régionale à la députée Estelle Youssouffa et le développement économique et touristique à la sénatrice Salama Ramia.
Cette conférence traiterait tous les grands sujets préoccupants pour Mayotte et les projets structurants, qu’ils relèvent des compétences communales, intercommunales, départementales, régionales ou de l’État. En voici une liste non exhaustive :
- Zones d’aménagement concerté (ZAC), zones d’activité économique (ZAE),
- Routes communales, départementales et nationales,
- Aménagement des espaces touristiques, fronts de mer,
- La jeunesse, les équipements sportifs et culturels
- Projet de navettes maritimes et de pont reliant les deux îles,
- Port de Longoni, le Contournement de Mamoudzou et de Combani
- Allongement de la piste longue de l’aéroport de Pamandzi,
- Collecte et traitement des déchets,
- Lutte contre la délinquance,
- Construction des écoles, collèges et lycées,
- Accès aux droits et convergence sociale, etc.
Les élus délibéreront sur chaque sujet et un rapporteur désigné aura la responsabilité de solliciter un rendez-vous à Paris avec une délégation de 8 élus composée du président des maires, du président du Conseil départemental, de la conseillère économique et sociale, du président du CESEM et des quatre parlementaires. Cette délégation parlera d’une voix unique pour défendre les projets sur place.
Les journalistes seront présents pour relayer, en toute transparence, les sujets ayant fait consensus, afin d’assurer une meilleure diffusion des décisions et des actions engagées pour Mayotte.
Cette initiative vise à instaurer un dialogue constructif et transparent entre les différents élus du territoire, afin d’assurer un meilleur suivi des projets structurants et des enjeux majeurs du département.