La semaine dernière, l’Agence Régionale de Santé (ARS) de Mayotte a confirmé la détection d’un premier cas de chikungunya importé en provenance de La Réunion, où une épidémie est actuellement en cours. Ce cas survient alors que la circulation du virus est en hausse dans l’océan Indien, et particulièrement sur l’île voisine de La Réunion.
Depuis, ce signal a déclenché une série de mesures sanitaires contre une éventuelle propagation du virus sur l’archipel mahorais. En réponse à cette situation, les équipes de l’ARS ont lancé une enquête épidémiologique approfondie afin de localiser les zones à risque et limiter la diffusion du virus. La stratégie mise en place par l’autorité sanitaire repose sur la rapidité de l’identification des lieux fréquentés par la patiente et la mise en œuvre de mesures de lutte antivectorielle ciblées.
La traque des zones à risque

Dès la confirmation du cas, l’ARS Mayotte a mobilisé ses équipes de lutte antivectorielle pour identifier les foyers potentiels de transmission. L’enquête a permis de localiser le domicile de la patiente ainsi que plusieurs lieux publics qu’elle avait visités, afin d’évaluer la présence du moustique vecteur, principal responsable de la transmission du chikungunya. Les équipes ont ainsi procédé à des traitements chimiques autour de ces zones sensibles pour éliminer les larves et empêcher la prolifération des moustiques. En parallèle, des actions de sensibilisation ont été menées pour encourager la population à éliminer les gîtes larvaires autour de leur domicile, une mesure préventive clé dans la lutte contre la propagation du virus.
Un cas unique mais une surveillance renforcée
À ce stade, d’après l’ARS, aucune personne supplémentaire n’a été contaminée. Toutefois, la situation reste sous surveillance étroite. Les autorités sanitaires ont mis en place un suivi quotidien des cas suspects, dans l’espoir de prévenir toute propagation rapide de la maladie. La situation à La Réunion, où 256 cas de chikungunya avaient été recensés au 21 janvier 2025, continue de préoccuper les autorités sanitaires de Mayotte. Bien que le risque de transmission sur l’île soit encore faible, les échanges humains et commerciaux entre les deux îles rendent la vigilance nécessaire.
Une coordination cruciale avec les professionnels de santé de l’île

Pour garantir une prise en charge rapide et efficace, l’ARS a adressé un message détaillé à tous les professionnels de santé de l’île, y compris les médecins libéraux, dont le rôle est particulièrement important pour surveiller les habitants éloignés des structures de soins. Ce message a rappelé que toute suspicion de chikungunya, caractérisée par une fièvre élevée accompagnée de douleurs articulaires et musculaires, doit être confirmée par une PCR (Polymerase Chain reaction), le test de référence dans ce contexte. Les autorités sanitaires ont insisté sur l’importance de déclarer rapidement tout cas suspect et de mettre en place des mesures de lutte antivectorielle, notamment la destruction des gîtes larvaires. Actuellement, Mayotte est en phase 1B du plan ORSEC sur les arboviroses, correspondant à l’identification d’un cas isolé. Les tests rapides (TROD) ne sont pas encore utilisés, en raison de leur faible sensibilité et spécificité. Cependant, ces tests pourraient être déployés lors de la phase 2B, si la circulation du virus s’intensifie, grâce à leur rapidité de diagnostic, particulièrement utile dans les zones éloignées du laboratoire central du CHM.
Une vigilance permanente
Bien que l’épidémie de chikungunya ne soit pour l’instant qu’un risque limité sur le territoire mahorais, les autorités restent sur le qui-vive. La situation pourrait évoluer rapidement, notamment en cas d’intensification de la circulation du virus à La Réunion, ou d’autres îles voisines. Hier, un premier cas importé de chikungunya de La Réunion a été détecté à Wallis et Futuna. Dans ce contexte, la détection précoce des symptômes et la gestion efficace de la lutte antivectorielle sont essentielles. Les autorités espèrent maintenir la situation sous contrôle grâce à une mobilisation collective et à une surveillance constante, pour éviter une propagation à grande échelle du chikungunya sur le territoire mahorais. La situation sanitaire est d’autant plus fragile en raison des séquelles du cyclone Chido, qui ont fortement impacté le système de soins de l’île.
Mathilde Hangard