Une information intéressante se niche dans la dernière lettre hebdomadaire de la FEDOM (Fédération des Entreprises d’outre-mer) du 3 mars 2025. On y apprend que les différentes mesures de soutien aux entreprises calédoniennes touchées par les émeutes sociales de 2024 ont été prolongées. Jusqu’au 30 juin pour le financement du chômage partiel, par exemple, avec un financement par le prêt garanti par l’État « dont l’arrêt était prévu fin mars ». C’est-à-dire que dix mois après la fin des émeutes, l’Etat continue à aider ces entreprises dont l’activité a été plombée par les émeutes sociales.
Pareil pour le Fonds de solidarité aux entreprises mis en place depuis le 6 juin pour celles qui ont subi une baisse de chiffre d’affaires de plus de 50%, « permettant un versement jusqu’à 1,1 million de francs par mois et par entreprise ». Le dispositif va être abondé de 1,8 milliard de francs.
Même prolongation pour les Prêts garantis par l’État, puisqu’une nouvelle enveloppe de 3,5 milliards de francs a été prévue dans le budget 2025 pour soutenir les entreprises.
En parallèle, les organisations économiques ultramarines ont demandé la création d’un dispositif d’indemnisation du risque d’émeutes sur le même modèle que le dispositif « catastrophe naturelle ». Et alors qu’à Mayotte les entreprises espèrent toujours que la Zone Franche Globale (ZFG) sera bien inscrite au projet de loi Programme pour Mayotte, la Nouvelle-Calédonie va bénéficier, et sans qu’il n’y ait eu besoin de légiférer, d’un dispositif d’aide fiscale à l’investissement Outre-mer pour la reconstruction des bâtiments détruits pendant les émeutes. (Consulter le bulletin de la FEDOM mars 2025)
« Il faudra faire plus »

A 13.000 km de là, les mesures décidées pour le 101ème département font pâle figure. Lors de la parution du décret le 14 janvier dernier, nous l’avions commenté et titré comme étant « en deçà des besoins ». L’aide financière aux entreprises touchées par les conséquences économiques du passage du cyclone Chido, a en effet été instituée de mi-décembre 2024 au 31 janvier 2025. Elle ne se monte pas à 50% de la perte du chiffre d’affaires de l’entreprise comme en Calédonie, mais à 20% et donc, sur un mois et demi, et non dix mois. Pourtant, le ministre Manuel Valls avait indiqué à l’Assemblée, « Il faudra faire plus ! » après avoir rencontré les patrons mahorais en janvier 2025.
En effet, sans s’inscrire dans une surenchère d’échelle de valeurs des catastrophes touchant les Outre-mer, le fait d’être un département français intégralement dévasté par un cyclone semble moins côté qu’un territoire ultramarin mélanésien détruit partiellement par des émeutes sociales, mais doté de nickel.
Sur le département, bon nombre d’entreprises n’ont pas encore perçu les indemnisations, ni l’activité partielle alors que commence le mois de mars, soit trois mois sans aides.
On peut penser que, hué lors de son arrivée en février en Nouvelle-Calédonie par la partie de la population non-indépendantiste qui s’estimait sacrifiée, Manuel Valls a dû lâcher du lest du côté des aides, un « plus » qui lui aura sans doute permis de renouer le dialogue avec les différentes parties. Mais alors que le tissu mahorais composé en grande majorité de Très petites entreprises (TPE) très affaiblies voire, en dépôt de bilan suite au cyclone, où en est l’engagement de Manuel Valls de « faire mieux » ? Pourquoi ce décalage dans le montant des aides et dans leur durée ?
Selon le décret concernant Mayotte, « l’aide peut être prolongée par arrêté du ministre chargé de l’Économie ». Nul doute que petits et grands chefs d’entreprise vont appeler les parlementaires à la rescousse pour obtenir davantage de preuves d’amour que les seuls discours empathiques.
Anne Perzo-Lafond