Les apiculteurs Mahorais en difficulté après Chido

Ruches renversées, cheptels inaccessibles… le 14 décembre dernier le cyclone Chido est venu détruire une grande partie des installations des apiculteurs de Mayotte. Ces derniers se sont entretenus, mardi 11 février, avec le Réseau d’innovation et de transfert agricole (RITA) et la Chambre de l’agriculture, de la pêche et de l’aquaculture de Mayotte (CAPAM), pour trouver des solutions d’urgence mais aussi pour continuer à structurer la jeune filière.

« Sur mes 18 ruches j’en ai perdu 7 et deux autres ont été vandalisées« , relève Abassi Dimassi, apiculteur à M’tsangamouji et secrétaire de l’association de développement apicole de Mayotte (ADA). Comme lui, de nombreux apiculteurs ont perdu leurs ruches et leurs cheptels suite au passage de Chido. Ils sont une dizaine à être venus témoigner de leurs pertes et chercher des solutions au Pôle d’Excellence Rural de Coconi, mardi 11 février auprès du RITA et de la CAPAM. « Sur les 322 ruches, 155 ont été perdues« , note Mouhamadi Ambdillah, apiculteur qui travaille également à la CAPAM.

Des ruches renversées, des colonies envolées

Le cyclone a principalement renversé les ruches mais il a également rendu certaines zones inaccessibles laissant à l’abandon des dizaines de ruchers. Certaines colonies se sont donc envolées et l’apiculteur voit sa ruche vide, perdre son utilité immédiate. A cela s’ajoutent toujours des cas de vandalismes avec des ruches brûlées, d’autres passées sous insecticides.

L’objectif des prochains jours, remettre en place les ruches qui sont tombées après le cyclone pour attirer à nouveau les abeilles.

« Les apiculteurs et les agriculteurs ont l’habitude du vandalisme mais pas d’un cyclone« , constate Lucile Gaillard, du Réseau d’innovation et de transfert agricole (RITA) qui accompagne et forme les apiculteurs à Mayotte depuis 2022. Résultat, de nombreux apiculteurs n’ont pas su comment réagir devant leurs ruches renversées, et les abeilles se sont envolées. « On va mettre en place des formations post-Chido pour qu’ils réagissent le plus rapidement possible pour sauver ce qui peut être sauvé« , continue Lucile Gaillard.

« Les colonies qui se sont échappées cherchent à manger et elles s’installent chez les gens. De nombreuses personnes ont encore le réflexe de brûler les abeilles. Mais les Mahorais ont besoin des abeilles !« , insiste Mouhamadi Ambdillah. L’objectif de la réunion est aussi d’inciter les apiculteurs à se former pour intervenir chez les gens et sauver les abeilles. Des essaims qui, une fois capturés, pourront s’ajouter au cheptel de l’apiculteur.

La question du nourrissement des abeilles

Autre problématique, les abeilles ont moins de nourriture suite à la destruction des plantes mellifères qui produisent le nectar et le pollen. « L’abeille de Mayotte n’a jamais été nourrie industriellement avec de l’eau et du sucre mais là il va falloir se poser la question« , prévient Lucile Gaillard.

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Se lancer dans la production de miel est souvent une activité à perte mais le miel de Mayotte est très prisé des consommateurs. De quoi donner de l’espoir pour des agriculteurs souhaitant diversifier leurs revenus.

Au terme de la réunion, la CAPAM et le RITA ont confirmé la mise en place d’une première formation post-Chido pour les professionnels mais aussi toutes personnes intéressées à se lancer dans le métier.

Avec 20 professionnels déclarés, l’apiculture est une filière naissante à Mayotte. La plupart du temps les apiculteurs sont également agriculteurs ce qui leur permet d’avoir un revenu supplémentaire. Les abeilles augmentent également la production de l’agriculteur avec la pollinisation.

Si en raison des dégâts la production de miel ne sera pas possible pendant plusieurs mois, le miel de Mayotte, avec sa qualité naturelle supérieure (les abeilles ne sont pas nourries par l’Homme) est très demandé par les consommateurs. « Le miel de Mayotte est acheté avant même sa production. Il y a un marché à prendre« , remarque Lucile Gaillard. Un argument que toute la filière mahoraise compte faire valoir au moment d’obtenir des aides auprès de la Direction de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt (DAAF) ou bien de la Fondation de France.

Victor Diwisch

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