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mercredi 5 février 2025

Le brulâge de 6.000 tonnes de déchets ménagers sans conséquences sanitaires ni environnementales selon les autorités. Vraiment ?

Face à un nombre incalculable de déchets ménagers générés par le passage du cyclone Chido et la tempête Dikeledi, l’État et le Sidevam ont décidé de mettre en place exceptionnellement une méthode de brûlage de ces déchets afin de garantir un minimum de salubrité dans l’île.

C’est le parking relais d’Hajangoua qui a été choisi comme site pour effectuer les brûlages des déchets ménagers qui s‘accumulent et s’amoncellent un peu partout maintenant depuis un mois et demi. « L’ISDND de Dzoumongné n’a pas la capacité d’absorber tous les déchets depuis le passage de Chido et de Dikeledi. C’est pourquoi nous lançons aujourd’hui une opération exceptionnelle de brûlage des déchets afin d’éviter tout risque sanitaire et de salubrité publique », a expliqué Maxime Ahrweiller Adousso, Secrétaire Générale pour les Affaires Régionales (SGAR) auprès du préfet de Mayotte.

Les déchets sont brûlés dans des containers

En effet, tout brulage est interdit à cause des émanations nocives, mais à situation exceptionnelle mesure exceptionnelle…C’est pourquoi le préfet a autorisé, par arrêté, ce brûlage des déchets ménagers. Ce sont ainsi potentiellement 6.000 tonnes qui devraient être brulées pendant une période d’un mois, voire un mois et demi, nous a-t-on fait savoir. Soit environ 150 à 200 tonnes par jour. « Mais si le casier de l’ISDND est réparé d’ici là, priorité sera donnée à l’enfouissement, le brulage reste une exception » indique de son côté le Sidevam.

Quant au choix du parking relais pour effectuer ce brûlage c’est à cause du vent. « Ce site a été choisi car les premières habitations sont éloignées mais aussi en fonction du sens du vent, si jamais il tourne et change de direction nous éteindrons les feux » garantit Maxime Ahrweiller Adousso. Aussi, c’est à la société MAP à qui les autorités ont confié le brûlage et la gestion du site, appuyée bien évidemment par le Sidevam, mais aussi par le Sdis en cas de problèmes et de départ de feu. « Il y aura toujours quelqu’un sur place, une citerne d’eau est présente en cas de difficultés, et une société de gardiennage surveille le site la nuit ».

Pas de danger pour l’environnement et la population ?

Il n’y aurait aucun risque pour les êtres humains et l’environnement, nous assure-t-on. Le ministère de l’Environnement, L’ARS de Mayotte, le Sdis et l’Ineris (Institut national de l’environnement industriel et des risques) ont été consultés et ont semble-t-il « validé » ce dispositif. Sauf que quand on interroge les représentants d’Hawa Mayotte, association agréée et chargée d’observer et de surveiller la qualité de l’air, ils sont un peu plus sceptiques et dubitatifs.

Selon les autorités il n’y a aucun risque pour l’environnement, ni pour la population

« Nous avons été prévenus hier soir de la mise en place de ce dispositif de brûlage. On ne nous a pas demandé notre avis… mais nous ne l’aurions sans doute pas validé, nous aurions dit non. Tout brûlage, quel qu’il soit, a des effets négatifs sur la qualité de l’air », nous raconte Bruno Brouard-Foster, directeur d’Hawa Mayotte. Et à l’en croire s’il a été appelé la veille au soir ce sera pour effectuer des mesures. Sauf qu’ils n’ont pas le matériel adéquat à Mayotte… « On nous a missionnés pour mettre en place un réseau de mesures…mais nous n’avons pas les capteurs nécessaires, il va falloir les faire venir en urgence de la métropole et je ne sais pas combien de temps cela va prendre », poursuit le directeur. Qui s’interroge par ailleurs sur le choix de ce site.

« Toute combustion, incendie, entraine des émanations de particules fines et de poussière. Ce qui va être brulé c’est un cocktail incroyable, ce n’est pas bon. Je suis surpris qu’il y ait le bourg à 200m et une école pas loin. Si le vent tourne il y aura urgence à protéger la population car il y a des risques d’émanations de gaz avec les produits qui vont être brulés, avertit-il. Quoi qu’il en soit on va surveiller et après on fera un compte-rendu sur les émanations et sur la qualité de l’air. Cela servira de retour d’expérience si ce dispositif doit être réitéré ».

B.J.

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