31.8 C
Mamoudzou
mercredi 29 janvier 2025

La rapporteure du projet de loi d’urgence en visite discrète à Mayotte 

Nouvellement désignée rapporteur sur le projet de loi d'urgence pour Mayotte au Sénat, la sénatrice, Micheline Jacques, était à Mayotte pendant quatre jours, pour s’imprégner du territoire, discrètement mais sérieusement. 

C’est une visite qui aura été discrète, loin des cortèges ministériels qui ont défilé depuis le passage du cyclone Chido le 14 décembre dernier. La sénatrice Les Républicains (LR), Micheline Jacques, désignée rapporteure sur le projet de loi d’urgence pour Mayotte au Sénat, était en visite sur l’archipel pendant quatre jours, jusqu’à lundi. Mercredi 22 janvier, l’Assemblée nationale a très largement adopté le projet de loi d’urgence visant à mettre en place des mesures pour la reconstruction de Mayotte à la suite des dégâts considérables causés par le cyclone.

En revenant sur le 101ème département français, après une visite en mai 2024, la sénatrice rapporteure du projet, estimait essentiel de faire participer activement les forces vives du territoire à ce texte de loi. « J’ai du mal à concevoir que l’on puisse décider d’une organisation de reconstruction pour Mayotte à Paris sans impliquer les acteurs des territoires. » Pendant quatre jours, Micheline Jacques a sillonné l’archipel, à la rencontre d’acteurs politiques, économiques, associatifs mais aussi d’agriculteurs et des membres du collectif de citoyens 2018, jusqu’à dormir chez l’habitant. Pour la rapporteure, l’important était d’avoir « accès aux « ressentis de la population », pour explique-t-elle « dénouer des freins qui peuvent paraître anodins mais qui ont toute leur importance dans la reconstruction de l’île. »

Une méthode discrète mais rigoureuse

« Les Mahorais ont vécu une situation extrêmement stressante et traumatisante et on ajoute à leur détresse, une certaine incompréhension avec ce projet de loi d’urgence. Je suis aussi venue pour expliquer au mieux ce texte, être la plus claire possible. J’ai vraiment voulu être en retrait de la presse pour être imprégnée du territoire », confie-t-elle. En effet, le texte de loi d’urgence pour Mayotte est « très technique », affirme la sénatrice, puisqu’il comporte plusieurs mesures permettant de faciliter la reconstruction des bâtiments endommagés par le cyclone. Le projet de loi d’urgence permet notamment l’intervention d’un Établissement public pour coordonner cette reconstruction, en lien avec l’Etat et les collectivités concernées. Par ailleurs, le texte donne au Gouvernement le pouvoir de déroger par ordonnance à certaines règles de droit commun applicables à Mayotte en matière de reconstruction et de construction, pour accélérer la réédification de l’île.

Un projet enrichi sur la gouvernance

Emmanuel Macron, Mayotte, Chido,
« On va comprimer avec cette loi les délais, on va simplifier les textes, les procédures, en faisant tout d’un seul tenant. Et en créant aussi un Établissement public qui simplifie tout et qui permet d’assembler, si je puis dire, tout ce qui est fait normalement de manière éparse », avait déclaré Emmanuel Macron au sujet de cet Établissement public, lors de son déplacement à Mayotte, le 19 décembre dernier.

Au sujet de l’Établissement public, Micheline Jacques a entendu lors de son déplacement « beaucoup de tensions et d’inquiétudes », rapporte-t-elle. Alors que le texte prévoyait une gouvernance basée sur un nombre égal de représentants de l’Etat et d’élus, la sénatrice propose qu’un maire soit désigné au sein de chaque intercommunalité de communes pour que « toute l’île de Mayotte soit représentée ». Par ailleurs, elle estime important d’y intégrer le Président de l’association des maires, Madi Madi Souf : « Je n’y avais pas pensé, cela m’a été suggéré lors de mon déplacement, d’où l’intérêt d’être venue », confie-t-elle. » Dans son amendement, la sénatrice prévoit également que le Président du Conseil départemental, Ben Issa Ousseni, devienne le Président du conseil d’administration de cette entité. Le général Pascal Facon interviendra en qualité de Directeur général de cet Établissement public. Par ailleurs, Micheline Jacques mentionne que le conseil d’administration de cet étalblissement « sera soutenu par le Conseil économique, social et environnemental de Mayotte », puisque « toutes les décisions passeront par le CESEM », déclare-t-elle. À propos de la construction, la sénatrice a mentionné avoir intégré un nouvel organe, appelé « comité technique » composé de spécialistes de la reconstruction pour accompagner les acteurs et la population dans ces travaux.

« Tous les bâtiments en dur construits avant le 1er juin 2013 seront régularisés » 

Pour toutes les autres constructions, un permis de construire sera toujours nécessaire

« Mais on ne fait pas de la reconstruction pour faire de la reconstruction », déclare la sénatrice. Elle souhaite accompagner les Mahorais en régularisant d’office « tous les bâtiments en dur construits avant le 1er juin 2013. » Pour toutes les autres constructions, un permis de construire sera nécessaire. Par ailleurs, l’amendement prévoit un élargissement de 20% du bâti déclaré pour « intégrer la culture mahoraise », précise la sénatrice, en mentionnant que de nombreux parents laissent leur maison construite en dur à un de leur enfant et se retrouvent ainsi souvent dans l’obligation de vivre dans un logement précaire. « Cela permettra aux parents d’avoir un logement décent plutôt que d’habiter dans un bidonville », mentionne la sénatrice.

Les préfabriqués, un sujet « crispant »

Des préfabriqués pourraient être déployés pour permettre aux élèves de poursuivre leur scolarité

À propos de la problématique des préfabriqués, qui heurte une large part de la population, la sénatrice est formelle : « On ne pourra pas réparer en une semaine des dizaines de salles de classes dans un collège pour accueillir les élèves. » Pour « ne pas trop perturber la scolarité des élèves », Micheline Jacques souhaite conférer au maire, un pouvoir de décision sur le sujet. « Est-ce que temporairement, le maire accepte de mettre en place des structures de manière à ne pas trop perturber la scolarité des élèves ou non ? L’amendement prévoit que le maire donne son accord pour ce type de sujet et la non-réponse du maire constituera systématiquement un refus du projet. » D’après la sénatrice, au regard des dégâts laissés par le cyclone et des problématiques de chaque commune, « ce qui peut être un besoin dans une commune peut ne pas l’être dans une autre. » Pour ce faire, la rapporteure juge nécessaire de « faire au cas par cas. On ne peut pas tout rigidifier. Il faut laisser de la marge de manœuvre et de la souplesse. Le maire est le plus à même d’anticiper et d’analyser la situation de son territoire. Si on bloque tout, on met le maire en difficulté car les familles ne vont pas comprendre que les enfants ne puissent pas suivre une scolarité normale et d’un autre côté, on ne peut pas mettre les enfants dans les salles qui ont été ravagées par le cyclone. » Dans le cas où ces préfabriqués seraient déployés, ces structures sont prévues pour être valide pour une durée de deux ans, où passé ce délai, le terrain devra être remis en l’état.

Les dés sont jetés 

Au moment de quitter le territoire, la sénatrice rappelle que ces amendements ne sont pas figés. Ces propositions seront prochainement présentées lors d’une réunion en commission sénatoriale, avant la production d’un rapport. Le projet de loi d’urgence sera ensuite débattu le 3 février prochain au Sénat. Micheline Jacques est confiante. « À ce stade, il n’y a pas de point de désaccord significatif », estime-t-elle, « je n’ai fait qu’aller plus loin sur certains dossiers. »

Mathilde Hangard

Partagez l'article:

Société

NEWSLETTER

Recevez gratuitement les articles

du Journal De Mayotte

Nous ne vous enverrons jamais de spam ni ne partagerons votre adresse électronique.
Consultez notre [link]politique de confidentialité[/link].

Les plus lus

Articles similaires
Similaire

Mayotte comme symbole de la déficiente politique migratoire de la France

Le Premier ministre n’a pas seulement cité le 101ème département pour justifier le « sentiment de submersion » migratoire de la France, mais englobe plusieurs autres départements. A travers ses déclarations, François Bayrou pointe la démission durable des politiques d’intégration. D’autres comme Michel Rocard, l’avaient fait avant lui.

Journée de nettoyage du centre-ville de Mamoudzou ce vendredi

La Ville de Mamoudzou, la CADEMA et le Conseil...

« Je vais d’abord m’assurer qu’ils vont bien », premiers contacts entre professeurs et écoliers le jour de la rentrée

Après avoir été repoussée d’une semaine suite au cyclone Chido mais aussi à la tempête Dikeledi, la rentrée scolaire a eu lieu ce lundi 27 janvier à l’école élémentaire Cheikh Abdourahamane Ben Omar de M’Gombani à Mamoudzou. Un soulagement pour enfants et parents même si certains écoliers n’ont pas pu rentrer dans l'établissement, leurs professeurs étant absents.

Adoption de 6 amendements au projet de loi de finances 2025 favorables à Mayotte

Le retard d’adoption du projet de lois de Finances 2025 dans un contexte de serrage de vis des dépenses pourrait malgré tout permettre à Mayotte de bénéficier de millions supplémentaires pour sa (re)construction.
WP Twitter Auto Publish Powered By : XYZScripts.com