Loi d’Urgence : Les parlementaires ont rendez-vous avec l’Histoire, souligne le maire de Mamoudzou

Dans une lettre adressée aux présidents des groupes parlementaires de l’Assemblée nationale et du Sénat, le maire de Mamoudzou, Ambdilwahedou Soumaïla, demande « des réponses à la hauteur » concernant la loi d’Urgence pour Mayotte.

Un projet de loi Urgence qui pour l’instant ne satisfait pas les Mahorais, loin s’en faut

Alors que le projet de loi d’Urgence pour Mayotte était ce lundi soir discuté à l’Assemblée nationale avant de l’être la semaine prochaine au Sénat, le maire de Mamoudzou a pris sa plume pour écrire d’un ton grave et solennel aux différents chefs de groupes parlementaires, de gauche comme de droite, pour leur faire prendre conscience des véritables enjeux et des besoins dont Mayotte doit bénéficier pour se relever. Dans son courrier, le maire de Mamoudzou ne manque pas de leur expliquer la réalité de ce territoire depuis maintenant un mois, mais aussi de leur rappeler que ce département, depuis trop longtemps délaissé, a besoin sans tarder de mesures et d’aides exceptionnelles pour se remettre debout.

Le maire de Mamoudzou aux côtés du Premier ministres le 30 décembre dernier

Aussi, même si le premier magistrat de la Ville de Mamoudzou salue la mise en place de ce projet de loi, il est à ses yeux largement incomplet sur de nombreux points (immigration, sécurité, éducation, …). « Je le dis sans détours : il est loin d’être à la hauteur de nos besoins réels et urgents. Si nous voulons sauver des vies, (re) construire l’ile, et offrir un avenir à la population, il faut inscrire dans ce projet de loi des mesures fortes (…) L’urgence est totale et pour ne plus jamais revivre cela, les Mahorais attendent des actes concrets, pas des promesses », écrit-il au début de son courrier.

La sécurité, LA priorité

Pour le maire de Mamoudzou, la première des mesures, la priorité absolue, c’est de sécuriser les habitants et sauver des vies au travers notamment d’habitations dignes et solides, ainsi que des infrastructures adaptées aux spécificités climatiques du territoire mahorais. Cela doit passer d’une part par l’éradication et l’interdiction de la reconstruction des bidonvilles qui, selon lui, loin d’être des abris seraient en réalité des pièges mortels. « Laisser le cercle vicieux des reconstructions précaires se perpétuer serait condamner à mort les milliers de familles qui s’y installeront », explique-t-il. Et on peut dire que c’est déjà trop tard, les tôles grises et bleues étant remontées comme autant d’abris de fortune de court terme. Et d’autre part mettre en place une politique volontariste avec un grand plan de relogement. « L’État français a le devoir de ne pas rebâtir son 101ème département sur des fondations en tôles ».

L’Éducation et l’Économie au cœur des préoccupations

L’Éducation permet au jeune de se construire

L’Éducation est aussi au cœur des priorités des Mahorais, car c’est l’avenir de Mayotte. Aussi rappelons-le, Mayotte est le seul département où des milliers d’élèves n’ont pas de salles de cours. « Nous demandons la mise en place d’un fonds d’urgence pour réhabiliter les écoles et en construire de nouvelles, ainsi qu’un soutien actif pour inventer des solutions temporaires, innovantes et efficaces ». Et Ambdilwahedou Soumaïla d’insister également sur la mise en place de mesures et de dispositifs urgents pour relancer l’activité économique. « Sans cela, Mayotte risque de devenir un désert économique, au détriment de la résilience locale ». En outre, l’édile de la ville chef-lieu souhaite que les élus locaux mais aussi la population mahoraise soient pleinement associés à la refondation de Mayotte, « C’est sur le terrain, avec ceux qui vivent et travaillent ici que se bâtira une île debout ». Et d’ajouter que « l’heure n’est pas à la bureaucratie, mais à l’action ! ». Une petite référence à l’article du projet de loi portant sur l’appropriation par l’Etat de la construction des écoles, le maire demande donc que cela soit fait en concertation avec les élus.

Le droit du sol, ce vieux serpent de mer…

Yaël Braun-Pivet, Mayotte, Assemblée nationale, Chido
La présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet est favorable à « un durcissement très conséquent » du droit du sol à Mayotte

Concernant l’immigration, beaucoup regrettent que le droit du sol à Mayotte ne soit pas abrogé dans ce projet de loi mais tendrait simplement à « un durcissement très conséquent », comme le souhaite notamment la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet. En effet, depuis la loi du 10 septembre 2018, un enfant né de parents étrangers ne peut acquérir la nationalité française à ses 18 ans que si l’un de ses deux parents résidait en France de manière régulière et ininterrompue trois mois avant sa naissance. Le ministre des Outre-mer, Manuel Valls, a récemment déclaré qu’il soutiendrait la proposition de loi des Républicains (présentée le 6 février prochain à l’Assemblée) pour restreindre le droit du sol à Mayotte si les deux parents ne sont pas dans une situation régulière continue depuis un an.

Des dotations exceptionnelles afin de pouvoir reconstruire

Enfin, en ce qui concerne l’aide financière, nerf de la guerre, elle doit être à la hauteur des enjeux de la refondation de ce territoire. Pour cela il faut que les collectivités mahoraises soient à la fois accompagnées mais qu’elles bénéficient aussi de dotations exceptionnelles afin de permettre la (re)construction de Mayotte. « Il faut du courage, de l’audace, une ambition et des moyens à la hauteur des attentes (…) Nous ne demandons pas l’impossible, encore moins un passe-droit. Nous exigeons l’essentiel : des toits pour s’abriter, des écoles pour apprendre, des lois pour protéger, une République pour vivre. », conclut le maire de Mamoudzou.

La rédaction

Partagez l'article :

Subscribe

spot_imgspot_img

Les plus lus

Publications Similaires
SIMILAIRES

Mamoudzou-Koungou : la frontière est tracée

Après des décennies de flou, les limites communales fixées en 1977 sont enfin matérialisées sur le terrain.

Internet très haut débit : Orange lance son réseau de fibre optique

Orange a annoncé ce mercredi 27 août que ses premiers raccordements à son propre réseau de fibre optique débuteront le 1er décembre prochain. Environ 6 000 foyers seront concernés dans les communes de Koungou, Mamoudzou, Tsingoni, Dzaoudzi et Pamandzi, tandis que le reste du territoire accédera au très haut débit grâce au déploiement de la 5G. Reste à savoir si le déploiement du réseau se fera de manière coordonnée avec celui de l'opérateur Mayotte THD, désigné par le Département pour déployer le réseau public sur l’ensemble de l’île.

Le Préfet annonce le démantèlement du camp de Tsoundzou 2

Le représentant de l’État évoque une situation comparable à celle de l'ancien camp de Cavani et promet des hébergements d’urgence pour les personnes vulnérables.

RSP Sécurité à Mamoudzou : plus de cinq mois sans salaire, les agents montent à Matignon

Privés de salaire depuis février, les 120 agents de RSP Sécurité manifestent et alertent le gouvernement sur la gravité de la situation.