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18h30 : Le Premier ministre présente le plan Mayotte debout. « Je vais présenter devant vous ce que nous avons appelé le Plan Mayotte Debout. Une seule ligne directrice, des engagements concrets et précis. »
16h30 : Avant de présenter le plan « Mayotte debout », le Premier ministre a insisté sur le devoir de l’Etat de soutenir le 101ème département français dans sa reconstruction, qui d’après lui, serait « le seul territoire de notre République dont les habitants ont choisi d’imposer l’appartenance à la France au cours de combats ». Pour le chef du gouvernement, avant le passage du cyclone, « Mayotte était très fragile et c’est cette île très fragile que le Cyclone Chido a frappé ». À l’heure d’une crise des finances publiques, les pouvoirs publics se heurtent à « un immense chantier » et « à une accumulation de contraintes », a-t-il déclaré, avant de se retirer avec les élus pour discuter des axes du plan « Mayotte debout », que le chef du gouvernement a défini comme étant un « plan d’urgence » qui « ouvre la voie d’un plan de plus long terme », en s’inspirant d’une pancarte d’une citoyenne sur laquelle il était écrit : « Non pas reconstruire mais construire sur de nouvelles bases. »
16h : Au sein de l’hémicycle Younoussa Bamana, le Président du conseil départemental, Ben Issa Ousseni, a interpellé le Premier ministre, François Bayrou et ses ministres réunis au sujet de la lenteur des aides reçues : « Cela fait deux semaines depuis le passage du cyclone Chido qui nous a frappé de plein fouet. Le constat est le suivant : une île dévastée à plus de 80% et un bilan humain bien que provisoire, mais déjà trop lourd. Bien sûr qu’il serait injuste de ne pas reconnaître le travail important qui est mené sur le territoire mais au bout de quinze jours après le passage du cyclone, force est de constater que nous n’avons pas encore la totale maîtrise de la phase d’urgence. Plusieurs secteurs manquent encore d’eau. À peine, 50% du territoire du réseau électrique a été rétabli sur l’île. 30% à Mtsangamouji, et surtout, nous avons le sentiment que l’aide arrive de façon insuffisante et au compte-gouttes auprès de la population. Nous avons le devoir de servir au mieux nos concitoyens. Nous sommes disponibles et en action. »
14h : Alors que le Premier ministre François Bayrou et les ministres en déplacement sur l’archipel rencontraient les élus locaux au Conseil départemental, des représentants du collectif des citoyens de Mayotte 2018 ont exprimé leur colère pour demander « l’interdiction des bidonvilles ».
« C’est du mépris, même pas un regard », hurle une représentante du collectif face au préfet du département, François-Xavier Bieuville. « On a envie qu’il entende notre message, on a écrit des courriers, on attend des réponses ! », soutient Sylviane Amavi, la porte-parole du collectif, avant d’ajouter : « S’il refuse de nous entendre, ça ne sert à rien de venir. Ça suffit le mépris! ». Sur leurs pancartes, on peut lire plusieurs messages tels que « Il n’y a pas que les bidonvilles, nous sommes tous sinistrés », « Les mahorais existent aussi », « Rebâtir sans bidonville » ou encore « Bidonville = État responsable de milliers de morts. »
12h : Pendant que le Premier ministre était en réunion au Rectorat, le ministre chargé de la Santé et de l’Accès aux soins, Yannick Neuder, a visité les urgences du Centre hospitalier de Mayotte. « C’est une île qui est habituée à être abandonnée », lui ont confié des soignants du service des urgences épuisés. Alors que la réserve sanitaire est mobilisée pour venir en aide aux soignants du 101ème département français, plusieurs rotations auraient été récemment bloquées : « On est vraiment épuisés. On a eu quelques renforts avec la réserve sanitaire mais on est toujours en sous-effectifs car les renforts annoncés ne sont jamais venus. On a été obligé de fermer une ligne de SMUR. » Le directeur de l’ARS Mayotte, Sergio Albarello, a insisté sur le rôle crucial d’une « jeune génération de docteurs » sans qui les victimes auraient été certainement plus nombreuses : « Il y avait deux médecins aux urgences au mois d’août 2024 et aujourd’hui, on est monté à 32 médecins, engagés sur des périodes courtes, d’un ou deux mois. C’est cette jeune génération de docteurs qui a fait tourner l’hôpital et qui a permis de prendre en charge les patients pendant le cyclone. » Le ministre chargé de la Santé et de l’Accès aux soins a terminé sa visite en félicitant l’engagement de ces professionnels de santé, avant d’ajouter : « Mon objectif c’est de prévenir toute crise sanitaire en s’assurant de l’acheminement des doses de vaccination anti-tétanique, de lutter contre le choléra, notamment en s’assurant de l’acheminement des pastilles de chlore pour que les gens aient accès à l’eau potable, de soutenir la population, soutenir les professionnels de santé qui oeuvrent jour et nuit. On travaille déjà un plan de reconstruction sur le secteur de l’hôpital, mais aussi un plan de formation pour attirer des professionnels de santé et pour en former ici, en envisageant une reconstruction à plus long terme du système de santé pour donner de l’espoir à la jeunesse mahoraise. Je reviendrai dans quelques mois pour voir cette évolution. »
10h : La délégation s’est rendue à Cavani pour visiter l’hôpital de campagne, l’ESCRIM, qui a pris en charge 1250 patients depuis son ouverture le 24 décembre dernier, 20 patients y sont opérés chaque jour et une première amputation a été réalisée hier soir. Interrogé par des journalistes, le Premier ministre a déclaré que la mise en place de l’ESCRIM, monté habituellement en 24h, n’avait pas pris de retard à Mayotte, malgré un déploiement en 72h. « 72h, c’est un exploit, c’est impressionnant ! Cet hôpital de campagne est prévu pour 100 patients par jour, ici ils sont à 300 patients par jour » a-t-il déclaré.
Au sujet du bilan humain, où à ce stade 39 victimes ont été dénombrées, François Bayrou a insister sur la nécessité d’adopter de la prudence à l’égard des rumeurs, qui feraient, d’après lui, grossir ce bilan, sans fondement : « Il faut parler du bilan avec une très grande prudence. Les rumeurs de milliers de morts ne sont pas fondées à l’heure qu’il est. On est dans quelques dizaines ou deux-centaines d’après ce que nous disent les observateurs de terrain. » À propos de la reconstruction du territoire, le Premier ministre s’est dit optimiste sur la reconstruction du 101ème département français. Un plan « Mayotte debout » sera présenté ce soir par le gouvernement : « Le travail d’urgence et de sauvetage que tous les services de l’Etat font est immense mais au bout de ce travail, il y a la reconstruction. On est là pour faire mentir la fatalité. C’est tellement énorme et grave, il y a tellement de problèmes à traiter en même temps, des problèmes de santé, de blessures, mais aussi des problèmes pour la société mahoraise qui est déstabilisée, tout cela ce sont des défis qui méritent d’être relevés. Le plan « Mayotte debout » est très avancé mais il peut être amélioré et il pourra être amélioré encore, il faut à tout instant se laisser inspirer par les gens de terrain et la vie comme elle est. Oui, je découvre encore des problèmes qui seront dans le plan présenté ce soir. »
Enfin, le Premier ministre a insisté sur la nécessité de ne pas avoir de tabou au sujet de l’immigration sur l’archipel en mentionnant que ce sujet sera débattu à l’Assemblée nationale : « La loi spéciale est un véhicule législatif mais ce n’est pas le sujet. Mais quiconque prétendrait qu’il n’y a pas de problème d’immigration brûlant à Mayotte serait irresponsable. La population est profondément bouleversée et en révolte. Qui ne le serait pas ? Notre devoir est de poser la question et de tenter d’apporter des réponses. Cela se fera au Parlement, à l’Assemblée nationale et au Sénat, par des propositions de lois, qui sont des sujets de blocages. Il y aura des débats, on discutera avec les forces politiques, celles pour qui c’est un sujet quasi quotidien, et d’autres pour qui, il est nécessaire de ne pas le traiter. Je crois au contraire qu’il est nécessaire de le traiter. Il ne faut rien cacher. Sinon les sujets s’infectent et cela devient gravissime, déstabilisant. On peut apporter des réponses réfléchies, équilibrées et j’espère sensibles. À la question de savoir s’il faut interdire les logements en tôle, le Premier ministre a répondu : « Il y a une telle demande de la population, c’est une demande très dangereuse, car cela fait des vagues de rejet considérables, mais si ces constructions en tôle disparaissaient, qu’est-ce qu’il se passe pour ceux qui resteraient-là, comment les identifier et les ramener chez eux ? En tout cas, celui qui prétend que c’est une question facile, qu’il vienne me voir, je suis prêt à entendre ses propositions. »
9h : La séquence Education nationale amène la délégation au collège de K2 où dix salles sont détruites sur quatre-vingt, « c’est l’un des plus préservé », rapporte le recteur Jacques Mikulovic.
7h30 : Devant l’usine de dessalement, échanges sur le premier thème fort de la reconstruction, la production d’eau. Après que le DGS du syndicat LEMA ait présenté les ouvrages les plus impactés par le cyclone et expliqué son inquiétude sur l’incertitude sur le remplissage dans les mois à venir des retenues collinaires et des nappes phréatiques et un investissement qui n’arrive pas à suivre la croissance démographique, le Premier ministre s’est interrogé sur l’opportunité d’installer une unité de déssalement embarquée sur un navire. Puis François Bayrou s’est exprimé : « Les Mahorais ont souvent le sentiment que ce qu’on leur apporte ce sont des assurances, de belles paroles de solidarité dans les déclarations mais ce qu’ils veulent c’est du réel. » Le Premier ministre annoncera dans la soirée un plan « Mayotte debout » qui « concerne absolument tous les points que nous avons identifiés, qui permettront d’apporter des réponses rapides ». A plus long terme, un 2ème plan, « Parce qu’il ne s’agit pas seulement de reconstruire Mayotte comme elle était. Il s’agit de dessiner l’avenir de Mayotte, différent ».
6h : L’appareil qui se pose avec les 5 membres du gouvernement achemine également 2,5 tonnes de matériel humanitaire, dont des pastilles de purification d’eau, du matériel de soins et pour les patients sous dialyse.
Assurer le « suivi rigoureux » des engagements du président de la République sur les urgences à mener pour venir en aide à un territoire sinistré, c’est une des missions du Premier ministre en visite ce lundi à Mayotte. Accompagné de 5 autres ministres, dont deux d’Etat, Elisabeth Borne pour l’Education nationale et Manuel Valls pour les Outre-mer, ainsi que de Yannick Neuder, pour la Santé, Valérie Létard, au Logement et Thani Mohamed Soilihi, à la Francophonie et aux Partenariats internationaux, il va pouvoir accompagner en profondeur chacun de ces domaines en « reconstruisant autrement », comme Emmanuel Macron s’y était engagé.