Il était 13 heures à Mayotte (11h à Paris) lorsque la minute de silence a été observée pour rendre hommage aux victimes de Chido. Emmanuel Macron était sur le perron de l’Élysée aux côtés de son épouse Brigitte. Le président avait le visage tiré et un air grave. Du côté de l’Hôtel de Matignon, le Premier ministre François Bayrou à également observé une minute de silence avant de déclarer : « Cette minute de silence a pris le sens d’une communion dans le deuil, de la solidarité pour ceux qui sont dans l’épreuve et le sens d’un engagement pour que la communauté nationale soit présente pour reconstruire Mayotte et faire en sorte que les Mahorais se sentent entourés d’un pays tout entier ». Place Beauvau, au ministère de l’Intérieur, Bruno Retailleau a déclaré : « jamais je n’aurais pensé voir un département français dans un tel état de désolations ».
Mayotte panse encore ses plaies
A Mayotte, c’est le préfet François-Xavier Bieuville qui a fait un bref discours place Zakia Madi, à Mamoudzou, pour soutenir la population mahoraise qui est en souffrance et rendre hommage aux victimes, avant que ne soit observée religieusement une minute de silence puis que soit entonnée La Marseillaise. De nombreux élus étaient présents parmi lesquels le président du Département, Ben Issa Ousseni, le maire de Mamoudzou, Ambdilwahedou Soumaïla, ou encore la sénatrice Salama Ramia. Tous étaient aux côtés d’une foule compacte ne formant qu’un seul et même homme. Plus tôt dans la journée, le préfet s’était rendu au dispensaire de Kahani pour échanger avec les personnels soignants fortement mobilisés depuis le passage du cyclone Chido. Il leur a fait part de son soutien et les a remerciés pour leur engagement. Il est allé ensuite au stade de Cavani afin de se rendre compte de l’avancée concernant l’installation de l’hôpital de campagne. En milieu de journée, François-Xavier Bieuville a assisté à une distribution d’eau au sein de la mairie d’Acoua. Ce n’est qu’en fin de journée qu’une conférence de presse a été organisée dans laquelle le préfet est revenu sur plusieurs points.
L’eau et la nourriture
Selon François-Xavier Bieuville depuis mardi dernier ce sont 390.000 litres d’eau en bouteilles qui ont été distribuées dans les 17 communes de l’île. En outre, 65 tonnes de marchandises ont été acheminées depuis l’aéroport et le port de Longoni. « Les produits de première nécessité comme le lait, le sucre, la farine et l’eau ont été distribués, affirme le préfet. C’est le résultat d’un travail collectif, de l’engagement et de la volonté de tous les élus. Le pont aérien fonctionne pour acheminer l’eau et la nourriture ». A ce jour, la SMAE produit 23.000m3 d’eau par jour, « chaque secteur a de l’eau 2 jours sur 3 pendant 8 heures ». La capacité de production devrait augmenter progressivement ainsi que l’allongement des plages de disponibilité. Selon l’ancien préfet en charge de l’eau, Gilles Cantal, revenu dans l’île exprès pour cette occasion, « pour les deux semaines à venir ce sont 100.000 litres d’eau en bouteilles qui seront distribuées chaque jour. « Nous disposons de stocks en eau suffisants, c’est une logistique importante…De plus, nous avons des relations avec les GMS afin de ne pas couper la chaîne d’alimentation et les commerces ».
L’électricité
Actuellement, une centaine de personnes sont mobilisées pour réparer les infrastructures dont 40 pour sécuriser, diagnostiquer et reconstruire, précise EDM. En plus des renforts arrivés la semaine dernière, 45 personnes sont arrivées ce lundi. Ainsi à partir d’aujourd’hui mardi, 37% des foyers seront alimentés en électricité, « soit environ 20.000 foyers ». Selon EDM, le nord et le centre de l’île sont les zones les plus impactées. Des groupes électrogènes vont être installés prochainement à Acoua et Mtsamboro et d’autres devraient être également acheminés dans la semaine.
La santé
Le CHM fonctionne actuellement à 60% de sa capacité d’après le directeur de l’ARS. Quant aux CMR, « ils répondent aux besoins urgents mais ont des capacités limitées. Le personnel soignant tente d’être au plus près de la population ». Grâce aux renforts nationaux et à l’hôpital de campagne (Escrim), qui sera opérationnel ce mercredi, la prise en charge des patients devrait s’améliorer dans les jours à venir. L’ARS effectue également une surveillance épidémiologique « Nous sommes vigilants…mais pour l’instant nous n’avons aucune remontée », affirme Sergio Albarello.
Les renforts
En ce moment, ce sont 800 policiers, 1.200 gendarmes, 900 militaires de la Sécurité civile et des pompiers présents sur le territoire chargés de déblayer les routes, bâcher les bâtiments institutionnels comme le CHM, ou encore qui vont à la rencontre de la population notamment dans les zones difficiles d’accès et les endroits précaires, ainsi qu’au contact des personnes blessées. « Pour l’instant l’orde public est maintenu, il n’y a pas de pillages, d’exactions, de violences de masse. Par ailleurs, ce sont 12 à 15 avions par jour qui apportent du matériel, des hommes, et des marchandises », a indiqué le préfet.
La rentrée scolaire, la gestion des déchets et les centres d’hébergement…
Comme le concède François-Xavier Bieuville, la rentrée scolaire qui
devait avoir lieu le 13 janvier prochain est compromise. « J’ai demandé au recteur qu’il me propose de solutions… certains établissements hébergent actuellement des familles et d’autres sont trop endommagés pour accueillir des élèves sans prendre de risques ». Concernant la gestion des déchets, là aussi il y a de nombreuses difficultés pour les évacuer et les trier. Des solutions vont être trouvées prochainement et des endroits de stockage vont être mis en place dans les communes afin de faciliter le ramassage par le SIDEVAM. Enfin concernant les centres d’hébergement, il y aurait actuellement, toujours selon le préfet, « entre 12.000 et 15.000 personnes hébergées. Ma mission prioritaire est de sécuriser, protéger, acheminer de l’eau et de la nourriture, rétablir les fonctions vitales comme l’électricité et le réseau de communication. Nous sommes actuellement au début de la seconde phase qui est de stabiliser la situation en livrant régulièrement de la nourriture et de l’eau. La 3e phase, celle de la reconstruction viendra ensuite ».
B.J.