Après le passage dévastateur du cyclone Chido, les autorités tentent de désencombrer les axes de communication pour permettre prioritairement aux secours d’intervenir.
« On n’a pas constaté d’afflux de patients à l’hôpital »
Alors que de nombreux services du Centre hospitalier de Mayotte et des centres médicaux de référence en périphérie ont été inondés, certains complètement détruits, d’autres partiellement arrachés, des pans de l’hôpital continuent de fonctionner. « C’est important de dire à la population que des services continuent de fonctionner car il y a des médecins à Mayotte, nous sommes nombreux à être là », rapporte l’une d’entre eux. Si le service de réanimation du CHM avait pris l’eau après le passage du cyclone, le personnel de l’hôpital a mis du coeur à l’ouvrage pour assécher les pièces et permettre aux patients d’être à nouveau pris en charge : « La réanimation était sous l’eau et tout à l’heure ils ont pu remettre les patients, c’est sec par terre, cela va quand même assez vite. »
Des tentes ont été montées dans les deux parkings de l’hôpital, cela commence à se structurer », décrit la professionnelle de santé. Pour autant, ce qui l’inquiète, c’est que les professionnels de santé n’ont pas « constaté d’afflux de patients à l’hôpital ». D’après nos informations, dans certains quartiers précaires, notamment à Kawéni et à la Vigie en Petite-Terre, plusieurs décès ont été rapportés et les défunts auraient été enterrés immédiatement. À l’hôpital de Pamandzi, un médecin explique avec désarroi avoir dû procéder à « un tri important des patients », en priorisant les patients vivants, n’ayant pas « le temps de réaliser des actes de décès ». Plusieurs familles sont ainsi reparties sans acte de décès d’un de leur proche, pour l’enterrer.
L’eau et la nourriture, le nerf de la guerre, même pour les professionnels de santé
En quelques heures, dès vendredi midi, le centre hospitalier Martial Henry en Petite-terre a déployé un bloc opératoire, permettant à 150 patients d’être pris en charge en 24h. « Nous avons géré car nous avons des ressources médicales », s’exclame la praticienne. Au sujet du futur hôpital de campagne annoncé par le gouvernement, elle s’offusque : « Ce n’est pas ce qu’il faut ! On a des médecins sur place. Le vrai problème c’est que les professionnels de santé ont besoin qu’on s’occupe d’eux pour continuer de s’occuper des patients. On n’a plus de maison, pas d’eau, pas d’électricité, bientôt plus à manger, c’est ça le nerf de la guerre. »
Des habitants utilisent de petits panneaux solaires pour charger leurs téléphones
Les agents du groupe Electricité de Mayotte (EDM) tentent avec les moyens qu’il leur reste de rétablir progressivement le courant sur l’île, en priorisant les établissements prioritaires. Dimanche soir, le préfet de Mayotte, François Xavier-Bieuville rapportait que le courant avait pu être rétabli dans certaines communes de l’île. Un habitant nuance le propos : « Il y a du courant mais parfois ça s’arrête encore, c’est pas partout, comme il n’y a pas d’électricité, on ne peut pas recharger les téléphones, c’est la galère, on se débrouille, cette nuit j’ai vu où j’allais avec la lune. » À Hajangua, certaines habitations sont entièrement détruites. « Il ne reste plus rien, ni murs, ni toit », commente un habitant. Pour avoir de l’électricité, certains habitants utilisent de petits panneaux solaires, pour charger leurs téléphones et obtenir un peu de réseau, par intermittence. D’autres personnes du Sud de l’île et du Centre rapportent devoir se déplacer jusqu’à Bandrélé, pendant plusieurs heures à pied, pour avoir un peu de réseau.
L’eau manque toujours
À ce stade, de nombreuses communes sont toujours dépourvues d’eau potable au robinet, les canalisations ayant été fortement endommagées et les usines de potabilisation ne pouvant produire d’eau sans électricité. La mahoraise des eaux (SMAE) tente de rétablir la situation progressivement, dans certains secteurs de Grande et Petite-Terre, mais la bataille est loin d’être aisée.
Plusieurs routes encore barrées
Malgré une vive mobilisation de la population, aidant à désencombrer les routes des troncs d’arbre, qui ont parfois coupé en deux les voies de communication terrestres du département, certains axes sont encore bloqués et des coulées de boue tombées sur les routes et certains passages rendent difficile l’accès à certaines zones.
Les barges n’ont pas repris
À ce stade, alors qu’une barge avait été fortement endommagée pendant le passage de Chido et que trois autres barges étaient en expertise, Petite-Terre et Grande-Terre ne sont pas encore reliés. Certains bateaux circulent pour acheminer des renforts et du matériel de secours.
L’aéroport reste dédié aux secours
Pendant la tempête, la tour de contrôle de l’aéroport a été détruite. Depuis, l’aéroport, qui a subi d’importants dégâts matériels, est fermé aux vols commerciaux jusqu’à nouvel ordre.
Mathilde Hangard