Chido : Hôpital, électricité, eau, routes, barges, aéroport… le point sur la situation

La situation est telle que l’heure est à l’urgence. Certains agents de l’Etat et des volontaires sinistrés tentent de dégager les axes routiers pour secourir la population. 

Après le passage dévastateur du cyclone Chido, les autorités tentent de désencombrer les axes de communication pour permettre prioritairement aux secours d’intervenir. 

« On n’a pas constaté d’afflux de patients à l’hôpital » 

Mayotte, cyclone, chido, catastrophe,
Pendant le cyclone, le CHM a été frappé de plein fouet (capture à partir d’une vidéo)

Alors que de nombreux services du Centre hospitalier de Mayotte et des centres médicaux de référence en périphérie ont été inondés, certains complètement détruits, d’autres partiellement arrachés, des pans de l’hôpital continuent de fonctionner. « C’est important de dire à la population que des services continuent de fonctionner car il y a des médecins à Mayotte, nous sommes nombreux à être là », rapporte l’une d’entre eux. Si le service de réanimation du CHM avait pris l’eau après le passage du cyclone, le personnel de l’hôpital a mis du coeur à l’ouvrage pour assécher les pièces et permettre aux patients d’être à nouveau pris en charge : « La réanimation était sous l’eau et tout à l’heure ils ont pu remettre les patients, c’est sec par terre, cela va quand même assez vite. »

Mayotte, cyclone, chido, CHM, hôpital,
Tente de renforts installée dans la cour de l’hôpital

Des tentes ont été montées dans les deux parkings de l’hôpital, cela commence à se structurer », décrit la professionnelle de santé. Pour autant, ce qui l’inquiète, c’est que les professionnels de santé n’ont pas « constaté d’afflux de patients à l’hôpital ». D’après nos informations, dans certains quartiers précaires, notamment à Kawéni et à la Vigie en Petite-Terre, plusieurs décès ont été rapportés et les défunts auraient été enterrés immédiatement. À l’hôpital de Pamandzi, un médecin explique avec désarroi avoir dû procéder à « un tri important des patients », en priorisant les patients vivants, n’ayant pas « le temps de réaliser des actes de décès ». Plusieurs familles sont ainsi reparties sans acte de décès d’un de leur proche, pour l’enterrer.

L’eau et la nourriture, le nerf de la guerre, même pour les professionnels de santé

Mayotte, cyclone, chido, CHM, hôpital,
Certains services du CHM ont été particulièrement touchés

En quelques heures, dès vendredi midi, le centre hospitalier Martial Henry en Petite-terre a déployé un bloc opératoire, permettant à 150 patients d’être pris en charge en 24h. « Nous avons géré car nous avons des ressources médicales », s’exclame la praticienne. Au sujet du futur hôpital de campagne annoncé par le gouvernement, elle s’offusque : « Ce n’est pas ce qu’il faut ! On a des médecins sur place. Le vrai problème c’est que les professionnels de santé ont besoin qu’on s’occupe d’eux pour continuer de s’occuper des patients. On n’a plus de maison, pas d’eau, pas d’électricité, bientôt plus à manger, c’est ça le nerf de la guerre. »

Des habitants utilisent de petits panneaux solaires pour charger leurs téléphones 

Les agents du groupe Electricité de Mayotte (EDM) tentent avec les moyens qu’il leur reste de rétablir progressivement le courant sur l’île, en priorisant les établissements prioritaires. Dimanche soir, le préfet de Mayotte, François Xavier-Bieuville rapportait que le courant avait pu être rétabli dans certaines communes de l’île. Un habitant nuance le propos : « Il y a du courant mais parfois ça s’arrête encore, c’est pas partout, comme il n’y a pas d’électricité, on ne peut pas recharger les téléphones, c’est la galère, on se débrouille, cette nuit j’ai vu où j’allais avec la lune. » À Hajangua, certaines habitations sont entièrement détruites. « Il ne reste plus rien, ni murs, ni toit », commente un habitant. Pour avoir de l’électricité, certains habitants utilisent de petits panneaux solaires, pour charger leurs téléphones et obtenir un peu de réseau, par intermittence. D’autres personnes du Sud de l’île et du Centre rapportent devoir se déplacer jusqu’à Bandrélé, pendant plusieurs heures à pied, pour avoir un peu de réseau.

L’eau manque toujours

À ce stade, de nombreuses communes sont toujours dépourvues d’eau potable au robinet, les canalisations ayant été fortement endommagées et les usines de potabilisation ne pouvant produire d’eau sans électricité. La mahoraise des eaux (SMAE) tente de rétablir la situation progressivement, dans certains secteurs de Grande et Petite-Terre, mais la bataille est loin d’être aisée.

Plusieurs routes encore barrées

Mayotte, cyclone, chido, dégâts,
Des véhicules et des débris en tout genre composent toujours le paysage chaotique de l’île

Malgré une vive mobilisation de la population, aidant à désencombrer les routes des troncs d’arbre, qui ont parfois coupé en deux les voies de communication terrestres du département, certains axes sont encore bloqués et des coulées de boue tombées sur les routes et certains passages rendent difficile l’accès à certaines zones. 

Les barges n’ont pas repris 

À ce stade, alors qu’une barge avait été fortement endommagée pendant le passage de Chido et que trois autres barges étaient en expertise, Petite-Terre et Grande-Terre ne sont pas encore reliés. Certains bateaux circulent pour acheminer des renforts et du matériel de secours. 

L’aéroport reste dédié aux secours 

Pendant la tempête, la tour de contrôle de l’aéroport a été détruite. Depuis, l’aéroport, qui a subi d’importants dégâts matériels, est fermé aux vols commerciaux jusqu’à nouvel ordre.  

Mathilde Hangard

Partagez l'article :

Subscribe

spot_imgspot_img

Les plus lus

More like this
Related

La nouvelle rectrice expose les grandes lignes de sa vision pour l’enseignement à Mayotte

Arrivée il y a une quinzaine de jours à la tête de l’académie de Mayotte, la nouvelle rectrice, Valérie Debuchy, a présenté vendredi dernier les grands axes de sa stratégie pour les élèves du territoire. Avant toute chose, comme premier principe, elle veut garantir le droit commun pour tous les élèves et enseignants.

À Mayotte, un infirmier libéral soupçonné d’avoir détourné plus de 90.000 euros d’argent public

Le tribunal judiciaire de Mamoudzou a décidé, vendredi 27 juin, de maintenir en détention provisoire un professionnel de santé poursuivi pour escroquerie, fraude fiscale et blanchiment, dans un dossier aux ramifications financières importantes.

Dernière ligne droite pour le PLUi de la CAGNM, présenté aux habitants

Koungou, Bouyouni, Acoua, Mtsamboro, vendredi 27 et samedi 28 juin, la Communauté d’Agglomération du Grand Nord de Mayotte (CAGNM) s’est rendue dans différentes communes pour aller à la rencontre des habitants et leur présenter le nouveau plan local d’urbanisme intercommunal (PLUI). Après 4 ans de travail, le document est très attendu car il a pour objectif de structurer durablement le territoire, tout en prenant en considération les demandes des communes et de la population.