Justice – Deux ans prison ferme pour le maire de Boueni

L'audience avait duré plus de six heures le 26 novembre dernier pour cerner la méthode du maire de Boueni, Mouslim Abdourahaman et dans une moindre mesure, de celle de son DAF et beau-frère, Eric Odjougbele Noutai. Du travail était abattu, mais hors des règles de marchés publics et des recrutements dans des administrations

« La mairie de Boueni, c’est un véritable conseil de famille!« , s’était exclamé ce 26 novembre le président d’audience Ludovic Duprey pour résumer les faits, qui passait également par un saucissonage systématique des marchés sous la barre de la mise en concurrence, pour refiler les prestations aux entreprises dont les mêmes noms revenaient à la barre. Une vingtaine, qui avait déjà reconnu avoir bénéficié de ces marchés quelques semaine auparavant, et condamnées, ce qui ne pouvait qu’inciter le maire à reconnaître les faits, mais pas l’intentionnalité, « je ne savais pas », constituant son système de défense.

En dehors du montant de l’amende, les juges sont allés au-delà des peines requises par le procureur Yann Le Bris dont il s’agit certainement d’un des derniers gros dossiers, puisque ce mardi, Mouslim Abdourahaman était condamné à 3 ans de prison dont un avec sursis, mandat de dépôt différé avec exécution provisoire, 50.000 euros d’amende, l’inéligibilité pendant 10 ans et interdiction définitive d’exercer dans la fonction publique. En clair, l’élu va être convoqué par le parquet en vue de son placement en détention. Le juge l’a qualifié de « délinquant qui portait atteinte à la probité », en soulignant que c’était du même niveau que les auteurs d’agressions. Les deux chefs d’accusation étaient donc retenus, prise illégale d’intérêts et délit de favoritisme.

Deux poids, deux mesures de prise illégale d’intérêts ?

Pour mémoire, Mouslim Abdourahaman avait déjà été déclaré inéligible pendant trois ans pour n’avoir pas présenté de compte de campagne lors des sénatoriales de 2023.

Quant à son beau-frère Directeur administratif et financier, il est condamné à un an de prison avec sursis, 15.000 euros d’amende et une inéligibilité pendant 10 ans. En ne le condamnant pas à une interdiction d’exercer dans la fonction publique, les juges auront reconnu le travail effectué par le cadre.

C’est donc Djimoi Ahamada, premier adjoint de Mouslim Abdourahaman à Boueni, qui devrait prendre les manettes de la commune.

On espère que les pas des enquêteurs les guideront vers des privés en charge de services publics qui sont soupçonnés de conflit d’intérêts et de détournement de sommes astronomiquement plus importantes que l’élu condamné mais qui ne bénéficie pas, lui, de la même protection politique…

La rédaction

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