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Enquête sur le ressenti sécuritaire de la population française

C’est un baromètre de l’insécurité ressentie en Hexagone et en Outre-mer que livre la dernière enquête du Service statistique ministériel de la sécurité intérieure. Utile vu que beaucoup de victimes ne déposent pas plainte. 

Les données sécuritaires à l’échelle nationale sont livrées périodiquement par le Service statistique ministériel de la sécurité intérieure (SSMSI). En dehors des données brutes sur la délinquance, il mène également des enquêtes. Nous traitons régulièrement celle qui porte sur la victimation pour connaître l’ensemble des agressions en dehors des dépôts de plainte, celle qui vient d’être publiée concerne le Vécu et le ressenti en matière de sécurité (VRS) et a été mené en partenariat avec l’INSEE.

Il s’agit de mesurer l’insécurité ressentie et les faits de délinquance remontés par les victimes, d’analyser les préoccupations de la population en matière de sécurité et son opinion vis-à-vis de l’action des forces de sécurité sur le territoire français. Et toujours selon la méthode d’enquête auprès d’un échantillon, pour toucher toutes les personnes, qu’elles aient déposé plainte ou pas. Un échantillon de 200.000 personnes, vivant en France métropolitaine et en Outre-mer, avec seulement trois départements sondés, Martinique, Guadeloupe et La Réunion. L’enquête permet néanmoins de recouper certaines tendances avec ce que l’on connaît à Mayotte.

L’enquête fournit le nombre de victimes pour 2022, et l’augmentation des agressions par rapport à l’année précédente. Des statistiques à relativiser toutefois, l’année 2021 ayant été marquée par la crise sanitaire et les mesures de confinement, qui ont été traduites par une baisse de la délinquance, ce qui induit une hausse de beaucoup d’indicateurs sur 2022.

Tout d’abord, parmi les atteintes recensées, les actes de vandalisme contre la voiture (5,2% des personnes interrogées), les débits frauduleux (4,7% des personnes) et les injures (4,3%) sont les plus subis en 2022.

Parmi les évolutions les plus importantes, le nombre de victimes d’un vol ou d’une tentative de vol de deux-roues à moteur (moto, scooter, cyclomoteur), +33 % par rapport à 2021, de violences physiques, +16 % et de débits frauduleux sur compte bancaire, +14 %.

En insécurité au domicile

Les téléphones priment sur les réseaux sociaux en matière d’agression

L’augmentation du nombre de victimes de violences physiques et de victimes d’injures touche davantage les hommes, alors que la hausse du nombre de débits frauduleux touche davantage les femmes.

Concernant les discriminations en raison de la couleur de peau, de l’origine, de la religion, de l’orientation sexuelle, du sexe, du handicap ou de tout autre critère, la hausse des victimes est très importante entre 2021 et 2022, +52 %. Mais toujours à relativiser nous dit l’enquête, l’accès à certains espaces publics où se commettent ces discriminations ayant été possible en 2022, moins en 2021.

La part de personnes déclarant avoir été victimes d’agression sur la toile est de 35 % en 2022, et davantage pour diffusion d’images ou d’informations personnelles (59 %) que pour harcèlement sexuel (18 %). Des atteintes majoritairement par téléphone, notamment des SMS, indiquent les victimes.

Entre 2021 et 2022, on recense plus de personnes se déclarant en insécurité à leur domicile, +10 %, dans leur quartier ou village, + 14 %, et dans les transports, gares, stations, aéroports etc., +10 %. « Le nombre de personnes qui déclarent qu’il leur arrive de renoncer à sortir seules de chez elles pour des raisons de sécurité est également en hausse en 2022, +12 %. » Une hausse liée à la plus forte proportion de femmes concernées. Interrogées sur les phénomènes gênants dans leur quartier ou leur village, les personnes mentionnent le plus souvent les infractions au code de la route (rodéos, excès de vitesse, stationnements illégaux, etc.), des dégradations (portes d’entrée fracturées, voitures incendiées/vitres brisées, vandalismes, tags, casses, détériorations, etc.), les vols (cambriolages, vols à l’arraché, vols de véhicule, etc.) et les phénomènes liés à la consommation exagérée d’alcool (menaces, agressions, bagarres, etc.) qui concernent environ une personne sur quatre.

Les raisons de ne pas déposer plainte

Gendarmerie, Mayotte
Peu de victimes déposent plainte

La majorité des victimes ne dépose pas plainte. Elles le font plus facilement quand elles souhaitent obtenir un remboursement auprès de leur assurance ou espèrent retrouver les objets volés, les dépôts de plainte sont donc plus élevés sur les atteintes aux biens que pour les atteintes à la personne où moins d’une victime sur cinq porte plainte dans un commissariat ou une gendarmerie, sauf quand il s’agit de violences physiques. Les trois raisons évoquées par ceux qui ne déposent pas plainte sont : « cela n’aurait servi à rien », ou bien « l’atteinte subie n’était pas assez grave pour être signalée », ou encore elles pensaient ne pas être prises au sérieux par la police ou la gendarmerie ou ont préféré trouver une autre solution.

En 2022, les femmes sont nettement plus nombreuses que les hommes parmi les victimes de violences sexuelles et parmi les victimes de violences conjugales, 77 % des victimes. Elles déclarent également plus souvent avoir subi du harcèlement moral, à 64 %. A données comparables aux hommes (âge, niveau de vie, diplôme, lien à la migration), les femmes ont une probabilité près de 5 fois plus élevée de déclarer des violences sexuelles physiques et 6 fois plus importante de rapporter des violences sexuelles non physiques. En revanche, elles déclarent moins souvent que les hommes des vols ou tentatives de vol avec violence physique ou menace.

Les jeunes davantage victimes

Les victimes de violences sont principalement des femmes

Il ressort de l’enquête que les femmes se sentent plus souvent en insécurité que les hommes, que ce soit dans leur quartier ou village, à leur domicile ou dans les transports, gares, stations, aéroports, etc. En particulier, elles déclarent plus souvent que les hommes qu’il leur arrive de renoncer à sortir seules de chez elles pour des raisons de sécurité (29 % contre 9 %). Plus préoccupées par leur sécurité, elles déclarent un peu moins souvent que les hommes être satisfaites de l’action des forces de sécurité en particulier au plan local (51 % contre 55 %).

Quelle que soit l’agression, les victimes sont plus nombreuses chez les 18 à 24 ans que dans l’ensemble de la population. C’est particulièrement le cas des violences sexuelles, avec une probabilité 3 et 5 fois supérieure. Il en ressort que plus de jeunes se sentent en insécurité dans leur quartier ou village, dans les transports, gares, stations, aéroports, etc. que pour le reste de la population, également, d’avoir renoncé à sortir seuls de chez eux pour des raisons de sécurité, et sont moins souvent satisfaits de l’action des forces de sécurité (43 % contre 56 % en ce qui concerne l’action nationale et 45 % contre 53 % au sujet de l’action de proximité), ce qui n’est pas le cas des plus âgés.

Les immigrés et les descendants d’immigrés déclarent environ 2 fois plus souvent avoir été victimes de discrimination en 2022. Les personnes en situation de handicap ont également une probabilité plus élevée de rapporter une atteinte à la personne et en particulier des faits de discrimination et de violences sexuelles physiques.

Enfin, des disparités territoriales sont observées. Dans les zones rurales, la proportion de personnes victimes d’une atteinte à la personne, ou celle de victimes d’un vol avec ou sans violence ou menace est moindre que dans les villes.

A.P-L.

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