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Volcan Fani Maoré : Pourrons-nous prévoir la prochaine éruption ? 

Pour surveiller l’activité du volcan Fani Maoré, le REVOSIMA a installé une plateforme de surveillance sur le lac Dziani et trois stations sismologiques supplémentaires sur les îlots d’Handréma, Mogné Amiri et Mbouini. 

Le 12 avril dernier, Maud Devès et Magali Ader, universitaires et chercheuses à l’Institut physique du Globe, annonçaient l’installation prochaine d’une station d’observation au milieu du lac Dziani pour surveiller l’activité du volcan Fani Maoré. Aujourd’hui, l’installation de cette plateforme sur le lac Dziani et de 3 stations sismologiques sur des ilôts du lagon de Mayotte a été réalisée. Mais grâce à ces outils, pourrons-nous anticiper une future éruption ?

Un volcan unique au monde

L’existence du volcan sous-marin Fani Maoré âgé à l’époque d’à peine un an, situé à cinquante kilomètres à l’est de Mayotte et à 3.500 mètres sous le niveau de la mer, a été révélée lors de la campagne scientifique « MAYOBS » après plusieurs séismes en essaim frappant l’île de Mayotte dès le mois de mai 2018. Au début du mois de novembre 2024, des stations de surveillance ont été installées sur Mayotte pour un meilleur suivi à long-terme de l’activité sismo-volcanique de Fani Maoré, grâce au réseau de surveillance volcanologique et sismologique de Mayotte (REVOSIMA).

Une surveillance du volcan 24h/24 

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La plateforme de surveillance déployée sur le lac Dziani

C’est le 4ème volcan le plus actif de France. Pour l’appréhender, le REVOSIMA déploie des stations de mesure des paramètres géophysiques et chimiques, à terre et en mer, à Mayotte et sur l’île Grande Glorieuse. Les données de ces stations sont transmises chaque jour, 24h/24, et sont analysées par les scientifiques du réseau. Ces analyses permettent de détecter tout changement dans l’activité du volcan, notamment en cas de séisme. À chaque alerte, le Revosima – via l’OVPF-IPGP et le BRGM Mayotte informe la Préfecture de Mayotte dans les plus brefs délais. Pour traquer le moindre frémissement de ce volcan unique, plusieurs outils sont déployés. Les vibrations du sol sont mesurées grâce à 8 sismomètres et 2 accéléromètres pour le suivi de la sismicité. Les déplacements du sol sont surveillés par 10 Global Positioning System (GPS) pour le suivi d’éventuelles déformations et les émanations de gaz, grâce à un point de mesure du dégazage diffus de CO2 par le sol. En plus de ces instruments, trois stations magnéto-telluriques fournissent une image mensuelle des profondeurs.

3 stations sismologiques sur les îlots d’Handréma, Mogné Amiri et Mbouini 

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Station sismologique MBOI sur l’îlot Mogné Amiri

Au début du mois, trois nouvelles stations sismologiques ont été installées sur les îlots de Handréma, Mogné Amiri et Mbouini. Le REVOSIMA espère ainsi « augmenter la couverture géographique et la qualité des signaux enregistrés », « mieux identifier les nombreux signaux sismiques générés par l’activité du système volcanique » et « mieux localiser la sismicité locale et régionale », loin de toute activité anthropique. 

« La tour Eiffel du lac Dziani »

Depuis quelques jours, l’installation de la plateforme de surveillance sur le lac Dziani est terminée. « Elle est désormais en place mais on pourra dire qu’elle est pleinement opérationnelle d’ici deux ans, une fois que les capteurs auront transmis des données à l’OVPF-IPGP et qu’elles auront été analysées pour mieux comprendre cette activité volcanique », commente Magali Ader. À Mayotte, comme pour plusieurs volcans, du gaz, constitué principalement de CO2 s’échappe en continu des zones de stockage des magmas à des dizaines de kilomètres de profondeur sous la surface de l’eau. C’est notamment ce qui se manifeste en Petite-Terre, où des zones de bullage sont observées au lac Dziani.

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Station sismologique Hand sur l’îlot Handréma

Depuis l’éruption du volcan en 2018, ces bullages se sont intensifiés et ont un impact important sur la composition du lac. Pour suivre cette activité peu ordinaire, une plateforme flottante a été installée au centre du lac. Elle se compose de capteurs, d’un suivi caméra, d’une station météorologique et d’un GPS RTK pour suivre le niveau de l’eau. Si la plateforme n’est pas cachée, elle n’est cependant visible que par les promeneurs du lac : « C’est un peu la tour Eiffel du lac Dziani », déclare Magali Ader. « Cela fait douze ans que je travaille sur le lac Dziani, ce lieu me fascine. C’est vrai que la plateforme est une intrusion dans un système naturel sacré mais on pourra la voir dans la même logique que la tour Eiffel de Paris, construite elle aussi en barres de métal. On peut transformer dans nos imaginaires, le symbole de ce qu’elle représente pour devenir quelque chose dont on est fier si on se l’approprie », confie-t-elle.

Un volcan fait ce qu’il veut quand il veut

Comparaison du fond océanique entre 2014 (haut) et 2019 (bas), après les séismes de 2018 (source: SHOM, 2014, REVOSIMA, 2019)

D’après l’universitaire, le volcan Fani Maoré serait relativement bien connu par les scientifiques, mais pas son fonctionnement, ni son activité dans le temps : « Le volcan on le connaissait assez bien, mais par contre ce qui n’est pas très connu c’est la zone volcanique des Comores et de Mayotte à grande échelle qui existe depuis des milliers d’années, de cette zone volcanique des Comores et de Mayotte. Ce qui est mal connu c’est le fonctionnement dans le temps de ce volcanisme. »

Tout ce qu’on sait c’est qu’on ne sait pas 

Ce manque de connaissances de l’histoire volcanique globale ne permet pas encore à ce stade de bien connaître le « style volcanique » de la région : « Parce qu’on n’a pas une bonne connaissance du passé, on ne peut pas avoir à ce stade une idée du futur. Mais quoiqu’il arrive même quand on connaît bien la zone, on ne peut pas prédire, c’est impossible. Le volcan fait ce qu’il veut quand il veut. » En revanche, « il est possible de détecter plusieurs signes annonciateurs », d’où la stratégie de surveiller ces signes, « mais ce n’est pas une réponse à une méconnaissance de quelque chose que l’on pourrait connaître. », conclut la chercheuse.

Mathilde Hangard 

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