« Octobre rose n’est pas qu’une fête, c’est une démonstration de toutes les actions réalisées pour prévenir et lutter contre le cancer du sein, assurer le suivi des dépistages réalisés, et accompagner les personnes malades », explique Kassandrah Chanfi, vice-présidente du Centre régional de coordination des dépistages des cancers (CRCDC) de Mayotte.
« Une pleine mobilisation des collectivités »
Sur le succès d’octobre rose 2024, tous les acteurs de la santé sont unanimes : les mobilisations ont porté leurs fruits. « Cette année, on note une réelle mobilisation des acteurs », commente le CRCDC. Parmi eux, on compte notamment l’Agence régionale de santé de Mayotte, la Caisse de sécurité sociale de Mayotte (CSSM) mais aussi des acteurs associatifs de première ligne, tels que l’Association mahoraise pour la lutte contre le cancer (Amalca) et Asca (l’Association des soignants contre le cancer), qui accompagnent directement des personnes malades. « On constate aussi vraiment une pleine mobilisation des collectivités, comme les Centres communaux d’action sociale (CCAS), les communes, le Département de Mayotte », raconte Kassandrah Chanfi, mais aussi de la part du Rectorat et d’entreprises qui ont réalisé des actions préventives sur le cancer du sein tout au long du mois. Pendant tout ce mois d’octobre 2024, une vingtaine d’actions ont été menées sur le territoire. « Aujourd’hui on a une population qui adhère à ces messages et qui a conscience qu’il faut s’informer, passer le message aux mères et aux soeurs d’aller se faire dépister, ça peut sauver des vies, on en est ravis. »
250 mammographies et 5.155 invitations envoyées
En un mois, 250 mammographies ont été réalisées, soit près de dix mammographies par jour, pour une moyenne de cinq mammographies réalisées par jour hors période Octobre rose. La Caisse de sécurité sociale de Mayotte a envoyé 5.155 invitations aux femmes âgées de 50 ans à 74 ans pour les inviter à se faire dépister en réalisant une mammographie, 100% prise en charge. Le Centre régional de coordination des dépistages des cancers de Mayotte a également envoyé 150 invitations de dépistage à des femmes du territoire. Pour le CRCDC, il s’agit d’un véritable défi « d’adressage » pour s’assurer que « les invitations arrivent bien à bon port », et que les femmes se rendent au centre de radiologie de Mamoudzou pour se faire dépister. C’est tout le travail des médiatrices de santé du CRCDC. « On leur dit qu’elles peuvent nous contacter, mais aussi la caisse de sécurité sociale. C’est la deuxième année qu’on déploie ce dépistage organisé du cancer du sein. Actuellement, un seul mammographe est opérationnel au sein du centre de radiologie de Mamoudzou, pour toute la population de Mayotte. Début octobre, le directeur de l’ARS, Sergio Abarello, avait annoncé l’acquisition d’un deuxième mammographe d’ici la fin de l’année 2024 et le recrutement de deux cancérologues au Centre hospitalier de Mayotte.
Un dépistage 100% pris en charge
Pour Kassandrah Chanfi, le dépistage du cancer du sein est essentiel, et ce, toute l’année. « On n’attend pas Octobre rose pour faire son dépistage ». La vice-présidente du CRCDC Mayotte rappelle que toutes les femmes peuvent se faire dépister, qu’elles soient affiliées ou non, à la sécurité sociale. « Elles peuvent prendre une invitation chez nous au CRCDC et aller se faire dépister, c’est pris en charge à 100%. » En France, le cancer du sein reste le cancer le plus fréquemment observé chez les femmes. Même si la maladie tend à diminuer depuis une quinzaine d’années, le cancer du sein reste la première cause de décès par cancer chez les femmes. D’après les données de l’Institut national du cancer, en 2023, 61.214 nouveaux cas de cancer du sein ont été estimés sur l’ensemble du territoire national et l’âge moyen au diagnostic est de 64 ans. Près de 80% des cancers du sein se développent après 50 ans.
Dans ce contexte, le CRCDC rappelle que les prochains mois et années seront déterminants sur le territoire de Mayotte, où « les défis sont considérables en terme d’adressage, d’orientation et de suivi » de la patiente. « On est à la manœuvre », conclue Kassandrah Chanfi.
Mathilde Hangard