A l’origine de l’action en justice, un policier municipal lui-même, qui bien qu’agissant dans l’anonymat, se mouille, « trop c’est trop ! », lance-t-il. Et tout au long des 5 pages, les accusations pleuvent.
Est évoquée de la corruption qui serait organisée par le chef de la police municipale, « il est payé en espèce par les vendeurs à la sauvette africains », accuse le signataire de la plainte, contre une autorisation de vente sur la voie publique ou de résidence, faux PV d’intervention contre les vendeurs à la sauvette, « il suffit de vérifier les mises à disposition faites par la Police municipale aux Officiers de police judiciaire de la Police nationale en 2023 », invite-t-il. Des marchandises seraient également subtilisées auxdits vendeurs, et stockées dans un petit bureau dont l’emplacement est dûment décrit dans la dénonciation, et distribuées ensuite par le chef de la police municipale à des proches avec compensation. Il y aurait également des abus sur des heures supplémentaires indues, également octroyées aux agents, « pour nous faire taire ».
Également accusés de cautionner ces faits, le maire Ambdilwahedou Soumaila et son DGS, notamment pour avoir signé des heures supplémentaires annoncées comme « fausses » par l’accusateur. Cela ne fait pas d’eux implicitement des complices, à moins qu’ils en aient été informés. Si ces accusations sont avérées, il s’agit en tout cas pour son auteur de détournement d’argent public.
Le maire attend des preuves
La gestion des agents est aussi en cause, « nous n’osons pas agir de peur de représailles », avec la crainte d’être muté arbitrairement d’un service à l’autre. Une agent gardien-brigadier aurait été nommée cheffe des unités de voie publique sans compétences appropriées. Plus grave, le chef de la police municipale est accusé d’avoir produit des faux pour gravir les échelons.
Achat de véhicules banalisés munis de sirènes et gyrophares, cumuls de fonctions sans cadre légal… son nom s’affiche à chaque paragraphe.
Sa proximité avec le maire, « originaire du même village », nous a incité à contacter Ambdilwahedou Soumaila pour connaître sa position en réaction à ces nombreuses accusations : « J’ai demandé à mes services de vérifier, mais il s’agit d’une accusation anonyme qui nécessite qu’on doive me prouver ce qui est avancé, car je suis là pour défendre mes agents avant tout. Le procureur est saisi, il y a une enquête, donc si des preuves sont amenées, on en tirera les conséquences ».
Des accusations qui ternissent l’image de la police municipale de Mamoudzou dans un contexte où la production de sécurité en collaboration avec la Police nationale doit être permanente.
Anne Perzo-Lafond