Fidèle collaborateur de Gérard Ethève à la création de la compagnie, Joseph Bréma aura passé 38 ans au sein d’Air Austral dont il avait pris la présidence après le départ précipité de Marie-Joseph Malé. Il a présenté sa démission ce mardi 8 octobre au cours de l’assemblée générale annuelle de l’entreprise.
Les comptes ont été approuvés, mais toujours en déficit « important », que la compagnie explique dans un communiqué par « les difficultés opérationnelles rencontrées » et « un environnement économique contraint ».
Pour rappel, en 2023, les créanciers de la compagnie (Etat, Sematra, banques…) avaient mis au pot pour « effacer » 185 millions d’euros de dettes sur un total de 250 millions d’euros. Les actionnaires privés et publics avaient en outre débloqué 55 millions d’euros. Des actionnaires qui avaient fait savoir en mars 2024 que 10 millions seraient rajoutés, sous condition de mesure de gestion internes « plus rigoureuses » et d’un allègement de la masse salariale. Restait à s’entendre sur l’ampleur de l’effort consenti par les 850 employés de la compagnie. Ces derniers ayant déjà accepté des baisses de salaires, et l’amputation de leur 13ème mois, une partie avait déposé un préavis de grève en mai dernier. Joseph Bréma avait rencontré les syndicats et un accord avait été trouvé.
Autre trou d’air, une perquisition avait été menée par la brigade financière en septembre dernier au siège d’Air Austral, dans le cadre d’une enquête sur sa filiale Mascareignes Développement (MADEV) qui gère son centre de formation.
Une poudre de métal sans rapport avec les médailles des JO
C’est dans ce contexte financier compliqué que Joseph Bréma annonce son départ, la direction d’Air Austral saluant sa participation au lancement réussi du premier Long-courrier ou encore la traversée de la pandémie du Covid-19. Son successeur sera désigné par un prochain conseil de surveillance.
Pourtant, la nouvelle année comptable, qui a commencé au 1er avril 2024, s’annonce « meilleure que l’année dernière », et « plutôt conforme aux prévisions de la compagnie et à son plan de retournement. Au titre des efforts collectifs, la haute saison de juillet et août 2024 a été globalement proche des objectifs budgétaires fixés et 242 000 clients ont voyagé sur les lignes d’Air Austral ».
Les freins n’ont pour autant pas manqué à en lire le communiqué : les départs vers Paris auraient été reportés sur la période fin juillet-début août en raison du déroulement des jeux Olympiques, auquel s’est ajouté le défaut dans une poudre de métal utilisée pour fabriquer des disques de turbine, immobilisant un des deux Airbus A220-300. Des ajustements avaient été menés, perturbant malgré tout peu le programme de vol.
Parmi les éléments facilitateurs, comme les autres années, la ligne Mayotte-Paris est une des plus dynamiques, avec la Réunion-Bangkok. Également, « les approvisionnements en coûts de carburant moins onéreux que précédemment ont joué favorablement sur ses résultats. » Étant donné le contexte financier, il est peu probable que, au regard de ces arguments, la compagnie face un geste en direction de la clientèle mahoraise, il est pourtant très attendu.
Air Austral annonce poursuivre et « exécuter intégralement les plans d’actions de redressement », afin de retrouver un équilibre d’exploitation d’ici mars 2025.
A.P-L.