Selon les services, le taux d’occupation en maison d’arrêt était de 191,5% et celui au centre de détention de 286,8% au 26 septembre 2024.
Sollicités par nos soins, l’administration pénitentiaire et le ministère de la Justice ont fourni des informations supplémentaires. Ils informent que le nouveau garde des Sceaux Didier Migaux s’est entretenu personnellement « avec l’agent agressé et avec celui qui a été pris en otage », pour « les assurer de son soutien. » La directrice interrégionale des services pénitentiaires de l’outre-mer est arrivée à Mayotte ce mardi comme annoncée lors de la réunion de crise qui s’est tenue ce lundi, pour rencontrer les agents et les organisations syndicales.
D’autre part, 11 agents des établissements réunionnais sont « venus prêter main forte au sein du centre pénitentiaire de Majikavo », dès le 29 septembre à Mayotte.
Nous avons également interrogé le ministère de la Justice sur la construction d’un second établissement pénitentiaire à Mayotte annoncé par Eric Dupond-Moretti en mars 2022 lors de sa visite à Mayotte, mais toujours sans annonce.
Et pourtant, le précédent préfet Thierry Suquet avait informé de la bonne nouvelle en septembre 2023, « Le garde des Sceaux vient de m’informer que les crédits nécessaires pour les établissements à Mayotte sont débloqués ». Étant donné que le ministre d’alors l’avait chargé de se changer en super agent immobilier, nous l’avions interrogé sur la nature des établissements visés. « Cela concerne la 2ème prison et le quartier de semi-liberté, la cité judiciaire et le Centre éducatif fermé. Ils sont inscrits à la programmation budgétaire », mais il misait sur la visite de l’Agence Publique pour l’Immobilier de la Justice afin de peaufiner les possibilités foncières.
Une prison de 400 places
On sait de la bouche du délégué FO Justice à Mayotte que le terrain n’a pas encore été sécurisé, celui qui avait été envisagé à Dembéni étant trop petit, et à Kawéni, inondable. L’extension de l’établissement actuel semble oubliée.
Et la réponse que nous avons reçue ce mardi du ministère de la Justice n’est pas plus encourageante : « Dans le cadre du plan de construction de 15.000 places de prison supplémentaires, le ministère de la Justice souhaite ouvrir un second établissement pénitentiaire et un centre de semi-liberté à Mayotte. Des études foncières et d’urbanisme préliminaires (recueil des données, études de faisabilité) sont en cours depuis 2023 pour identifier des terrains disponibles pour la construction d’un établissement pénitentiaire de 400 places et d’un centre de semi-liberté (CSL) de 15 à 20 places. C’est dans ce cadre que plusieurs sites ont été expertisés.
Les sites adaptés pour construire un établissement pénitentiaire doivent répondre à des impératifs précis d’accès, d’espace et de topologie pour garantir un bon fonctionnement et une sécurité optimale du bâtiment. Le ministère de la Justice poursuit ses expertises pour identifier un site adapté. » Rien n’est encore fait donc.
Une prison de 400 places semble réaliste étant donné que le centre de détention est plein à 287 %, ce n’est pas le double, mais plus du triple de la surface de l’établissement actuel qu’il faut construire, étant donné la pression démographique de l’île.
Il n’y a plus qu’à espérer que la visite de Muriel Guégan accélère les projets en cours.
Anne Perzo-Lafond