Comme à l’accoutumée c’est le procureur de la République, Yann Le Bris, qui a d’abord pris la parole afin de présenter officiellement les nouveaux venus et en leur souhaitant la bienvenue à Mayotte. Ils sont au nombre de 11 : 3 ont rejoint le parquet et 8 le siège. Après un bref discours introductif, une fois n’est pas coutume…, le procureur de la République a souhaité une parfaite réussite à la présidente dans ses nouvelles fonctions, ainsi qu’un « épanouissement personnel et professionnel. Les premières semaines d’échange que nous avons eues ont été fructueuses », s‘est ainsi félicité Yann Le Bris, tout en saluant les compétences et les qualités de la nouvelle présidente, « ce sera une dyarchie harmonieuse », a souligné le procureur.
Une expérience professionnelle riche au sein des tribunaux judiciaires
Après des études de Droit à la Sorbonne, Sophie de Borggraef a été avocate au barreau de Paris, puis à ceux de Saint-Denis et de Nantes. Ce n’est qu’en 2008 qu’elle devient magistrat et intègre le tribunal de grande instance (TGI) de Cayenne (Guyane) en tant que juge au sein du service des Affaires familiales. En décembre 2010, elle quitte ses fonctions en Guyane pour rejoindre La Roche-sur-Yon, en Vendée, toujours comme juge. En septembre 2014, direction Marseille où elle occupera le poste de vice-présidente du tribunal d’instance (TI) durant 2 ans, jusqu’en 2016, avant de s’installer en Bretagne, à Rennes, où elle sera vice-présidente de la Cour d’appel.
Attirée par les Outre-mer, Sophie de Borggraef fait son retour en Guyane en septembre 2018, en tant que conseillère au sein de la Cour d’appel de Cayenne. En 2019, elle est nommée secrétaire générale auprès de la Première présidente de la Cour d’appel de Cayenne. Enfin, c’est en 2021, sur proposition du Conseil supérieur de la magistrature (CSM), quelle accède au poste de présidente du tribunal judiciaire de Cahors (Lot). Elle va notamment s’astreindre à améliorer la proximité de la justice avec la population en créant des permanences de justice et en facilitant l’accès aux droits pour tous. Ses différentes expériences et sa connaissance pointue du droit des étrangers ont sans doute fait pencher la balance pour que le CSM lui propose de rejoindre Mayotte et ainsi devenir présidente du tribunal judiciaire de Mamoudzou.
Une nouvelle présidente consciente des enjeux du territoire
Dans son discours, Sophie de Borggraef a tout d’abord salué le travail de son prédécesseur, Catherine Vannier, qui a rejoint La Réunion comme vice-présidente du tribunal judiciaire de Saint-Denis. « Elle a dû faire face à un contexte difficile : les mouvements sociaux, la crise de l’eau, les barrages, … mais je trouve un tribunal en bon état. Je compte continuer et approfondir le travail déjà effectué » a-t-elle déclaré. Tout en faisant preuve d’humilité car même si c’est une fierté pour elle de présider dorénavant le tribunal judiciaire de Mamoudzou, elle n’en demeure pas moins consciente des nombreux enjeux et défis qui l’attendent. « C’est encore trop précoce pour que je vous présente un programme, je n’ai pour l’instant qu’une vision de surface… Le rôle d’un juge est complexe mais il doit être le gardien des principes et des règles de justice ». Puis d’insister sur l’importance d’une justice de proximité, proche des justiciables.
« Ils (les justiciables) doivent avoir confiance dans l’institution de la Justice, cela passe par des valeurs déontologiques, une amélioration de l’accès aux droits pour tous, mais aussi par une compréhension de cette institution par les citoyens. C’est aussi un défi ». Sophie de Borggraef a également rappelé son souhait de voir le développement d’une justice numérique avec la mise en place prochainement d’une « procédure pénale numérique ». Elle n’a pas oublié non plus de mentionner le projet de la cité judiciaire, dont la livraison devrait avoir lieu en 2029. « La première pierre est prévue pour 2027. Nous en sommes encore au stade d’études…La future cité judiciaire doit se situer où se trouve actuellement la DEALM qui n’a pas encore trouvé de terrain pour ses futurs locaux. Nous sommes donc obligés d’attendre encore », confie la présidente du tribunal.
Concernant les effectifs de magistrats au sein du tribunal judiciaire, Sophie de Borggraef est pour l’instant satisfaite. « Je suis ravie de voir tous les effectifs que j’ai pu installer aujourd’hui. Nous avons un seul poste vacant sur les 18 magistrats, nous sommes quasi au complet ». Enfin, la première priorité de Sophie de Borggraef concernera le service des mineurs. « Je vais mener une réflexion sur l’organisation des services du tribunal et notamment le service des mineurs en renforçant les effectifs, ce sera ma première priorité », assure-t-elle.
Forte de son expérience de plus de 16 ans au sein des tribunaux judiciaires, la nouvelle présidente souhaite ainsi en faire profiter le tribunal judiciaire de Mamoudzou. En outre, elle promet « d’observer, d’écouter, de dialoguer et de concerter avec un esprit d’ouverture ». Karibu madame la présidente !
B.J.