L’histoire de Mayotte serait-elle un éternel « bis repetita » ? Le camp de migrants africains installé dans l’enceinte du stade de Cavani avait provoqué l’ire de la population, conduisant à un blocage total de l’île pendant plusieurs semaines en début d’année. Alors que l’on pensait le problème « résolu » avec son démantèlement et la « mise à l’abri » de ses habitants par les différentes associations mandatées par l’Etat, voilà qu’un nouvel « embryon de camp » pointe le bout de son nez à la limite entre Tsoundzou 1 et Tsoundzou 2. Si, pour le moment, on ne peut pas encore parler de véritable « camp », dans la mesure où aucun baraquement n’est érigé, il n’en reste pas moins que 57 migrants venus du Congo, de Somalie, du Rwanda et du Burundi, campent en bord de route dans des conditions de vie et d’hygiène indignes. Cela vous rappelle quelque chose ?
« Ils s’étaient installés à côté de l’association Coallia où se trouvaient des containers dans lesquels ils avaient trouvé refuge », explique l’un des policiers présents sur place ce jeudi 26 septembre. « Lorsque nous les avons priés de plier bagage, ils se sont réunis en bord de route, ne sachant où aller », poursuit-il en indiquant que la seule consigne donnée pour le moment aux policiers par la préfecture était « d’assurer leur comptage ». Leur proximité de l’association Coallia est loin d’être une coïncidence puisqu’il s’agit de l’une de celle mandatée pour loger les demandeurs d’asile. Tout comme Solidarité Mayotte, qui avait subi également les foudres des collectifs de citoyens, l’accusant de «créer un appel d’air ».
Des demandeurs d’asile arrivés récemment sur le territoire
Parmi ces demandeurs d’asile, il y a de tout : hommes, femmes et enfants, parfois très jeunes. Tous pensent être éligibles au statut de réfugiés dans la mesure où ils se sentent en danger dans leur propre pays. Ils ne s’attendaient toutefois pas à être pris en tenaille entre la police et les délinquants de Tsoundzou qui, sentant « leur territoire menacé » par l’arrivée de ces étrangers, ne se gênent guère pour les arroser de salves de cailloux, voire pire, en particulier la nuit.
Tous ces migrants sont arrivés récemment à Mayotte, en août ou septembre. Bien après donc la promesse de la mise en place d’un « rideau de fer » autour des frontières de Mayotte par l’ancien ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin. Certes, il faut le temps de sa mise en place et, avec les remaniements récents du gouvernement ainsi que les Jeux olympiques, cela n’a pas été la priorité du gouvernement ces temps-ci. On peut toutefois s’interroger sur le fait que les migrants arrivent toujours à passer si aisément les frontières de Mayotte, malgré le renforcement des contrôles promis par le gouvernement au moment du blocage de l’île par la population en colère…
N.G