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Les déchets issus du BTP, une véritable catastrophe écologique pour Mayotte

Evènement national, les Rencontres Architectures et Territoires ont lieu de septembre à octobre dans l’Hexagone et les Outre-mer. A Mayotte, les architectes ont choisi d’évoquer principalement la question de l’absence de filière de revalorisation des déchets issus du BTP et de faire des propositions pour la pallier.

« A Mayotte, il n’y a aucune filière de revalorisation des déchets inertes issus du BTP, ce qui est pourtant obligatoire selon la loi française », révèle Amélie Springer, architecte à Mayotte depuis 24 ans et conseillère régionale de l’ordre des architectes Réunion/Mayotte. C’est la raison pour laquelle les architectes de notre île ont choisi cette thématique comme axe de réflexion principal pour les Rencontres Architectures et Territoires de ce jeudi 19 septembre. Cet évènement se veut en effet un cycle de réflexion autour de la manière dont l’architecture sert l’intérêt public en s’articulant avec l’aménagement du territoire, l’habitat et l’écologie. Plusieurs dizaines d’architectes ont répondu présent à ces rencontres, car tous sont embarrassés par cette absence de filière de valorisation des déchets issus du BTP qui représentent environ 800.000 tonnes par an.

Rencontres Architectures et Territoires, filière de revalorisation des déchets issus du BTP, ART TERRE, brique de terre compressée, ordre des architectes
Démonstration des machines de concassage et de filtrage de la terre de l’entreprise EBE sur le chantier du Caribus à Mtsapéré

Résultat des courses : les professionnels du bâtiment mettent leurs déchets où ils peuvent, souvent dans la malavoune, puisqu’aucun site règlementaire n’existe à ce jour à Mayotte pour les déposer et les traiter. « C’est une véritable catastrophe écologique », dénonce Amélie Springer, qui se bat depuis de nombreuses années pour que les politiques avancent sur le sujet, en vain. Pourtant, les solutions sont toutes trouvées : l’entreprise EBE a d’ores et déjà investi dans 2 machines, la première pour concasser les matériaux de démolition et la seconde pour débarrasser la terre de ses déchets afin de pouvoir la réutiliser. Les matériaux concassés peuvent être réutilisés pour installer des « bases vie » sur les chantiers, construire des chemins forestiers ou l’enrobage des canalisations. Un terrain est même réservé à cet effet, sur l’emplacement de l’ancienne déchetterie de Dzoumogné, mais des lenteurs administratives bloquent toujours le projet à ce jour. Impossible, en effet, d’enfouir les déchets inertes issus du BTP à l’ISDND, car cette dernière n’est pas prévue pour ce type de déchets.

L’association Art Terre pourrait aussi offrir des alternatives

Rencontres Architectures et Territoires, filière de revalorisation des déchets issus du BTP, ART TERRE, brique de terre compressée, ordre des architectes
Nathalie Deloriol, secrétaire de l’association ART TERRE et Vincent Liétard, son trésorier

Invités à participer aux débats, Nathalie Deloriol et Vincent Liétard, respectivement secrétaire et trésorier de l’association Art Terre, qui promeut le retour de l’utilisation de la brique de terre compressée (BTC) à Mayotte, ont également fait des propositions de revalorisation des déchets issus du BTP. « Pour fabriquer une brique, il faut 7 à 8 kg de terre, nous pouvons donc récupérer celle issue des travaux de terrassement. Nous utilisons aujourd’hui 7.500 tonnes de terre par an et on voudrait aller vers le double », révèle Vincent Liétard. Art Terre ne souhaite justement pas créer de carrière, mais utiliser les terres de déblai des chantiers. En outre, l’association songe à utiliser également le pouzzolane (sable volcanique) pour fabriquer ses briques, ce qui leur reviendrait encore moins cher. Considéré comme un déchet par les professionnels du bâtiment, le pouzzolane est au contraire, aux yeux d’Art Terre, un « matériau noble ».

Les débats de ces Rencontres Architectures et Territoires ont donc démontré qu’une économie circulaire autour des déchets issus du BTP est tout à fait possible à Mayotte pour peu que les politiques daignent un jour faire avancer la question. Il serait plus que temps, s’ils ne souhaitent pas que l’environnement de notre île ne finisse par être complètement détruit.

Nora Godeau

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