Trente-neuf enfants sans abri dans les départements d’Outre-mer dans la nuit du 19 août 2024. C’est le chiffre que révèle le 6ème baromètre de l’UNICEF France et de la FAS (Fédération des acteurs de la solidarité). Soit une hausse très importante de 105% par rapport à 2023. Parmi eux, 7 ont moins de 3 ans. Si ces chiffres illustrent une situation dramatique, ils ne sont pas exhaustifs : de nombreuses personnes ne recourent pas ou ne parviennent pas à joindre le 115. Par ailleurs, les mineurs non accompagnés sans-abri et les familles vivant en squats ou en bidonvilles ne sont pas comptabilisés.
Dysfonctionnements et échecs politiques face à un nombre record d’enfants à la rue
Pour ces fédérations humanitaires, l’incertitude du contexte politique fait craindre une dégradation crescendo de la situation « malgré les alertes répétées et les recommandations formulées, loin d’être suivies ». « Les gouvernements successifs ont opté pour des politiques de court terme, loin d’œuvrer en faveur de réponses structurelles et ambitieuses. Pire, des orientations délétères ont vu le jour ces dernières années : loi dite « anti-squat », détricotage de la loi SRU, baisse des APL… », détaille le communiqué de l’UNICEF et de la FAS qui indique constater « un abandon de tous les principes fondamentaux et juridiques de l’accueil, qui ne permettent même plus de protéger les femmes enceintes et les enfants de moins de 3 ans alors même que la crise du logement et de l’hébergement s’éternise ».
« Vous avez plus de 2.000 enfants dans les rues de ce pays. Il y a eu un engagement pris par le gouvernement en 2022 à les sortir de cette impasse, que nous attendons toujours. Nous demandons que ces enfants et ces familles soient sortis immédiatement de cette situation indigne », appelle Pascal Brice, président de la Fédération des acteurs de la solidarité.
Les fédérations appellent à « des actions concrètes »
Lassées des promesses gouvernementales non suivies d’actions concrètes, l’UNICEF et la Fédération des acteurs de la solidarité demandent à ce que les enfants soient placés au cœur des priorités du nouveau gouvernement et des parlementaires via notamment une augmentation immédiate des places d’hébergement, promise pourtant depuis janvier 2024. Ils demandent également la mise en œuvre d’une programmation pluriannuelle de l’hébergement et du logement, conformément aux principes du Logement d’Abord. « La vision court-termiste et les promesses sans lendemain doivent laisser place à des politiques ambitieuses pour un accès au logement durable », indique le communiqué de ces fédérations. « Cette augmentation incessante du nombre d’enfants sans abri est une tragédie. Pour la sixième fois, notre baromètre révèle une dégradation constante de la situation, en violation flagrante des principes de la Convention internationale des droits de l’enfant, que la France a ratifiée », s’indigne Adeline Hazan, présidente de l’UNICEF France.
Pour l’UNICEF et la FAS, « Ces solutions concrètes doivent être mises en œuvre sans délai pour garantir à tous les enfants un logement ou un hébergement digne, adapté à leurs besoins et conforme à leur intérêt supérieur. La Convention internationale des droits de l’enfant, ratifiée par la France, nous y engage collectivement, mais c’est avant tout notre humanité qui nous y oblige ».
Cet appel poignant sera-t-il entendu par le gouvernement ? On peut en tout cas l’espérer face à cette situation plus qu’anormale dans un pays comme la France.