Tortues : trouver un terrain d’entente pour un partage apaisé des usages du site de Saziley

La protection des tortues en porte-drapeau n'assure pas la privatisation d'un site, des particuliers le reprochant à l'association Les Naturalistes. Celle-ci se défend d'empêcher quiconque d'y accéder. 

La plage en tant que domaine public maritime est à tout le monde, et l’association Les Naturalistes le souligne dans un communiqué, un reportage de Mayotte la 1ère ayant relayé la colère d’habitants se disant empêchés d’aller sur le site de Saziley.

Les Naturalistes rappellent leur présence depuis plusieurs années notamment par l’implantation d’un bivouac qui permet de découvrir les tortues et leur mode de vie, ainsi que d’assister à des pontes très généralement nocturnes sur ces plages du Sud-Est très prisées par ces espèces, moyennant rémunération. L’association précise qu’elle participe depuis 2021 au Pacte de sauvegarde des tortues marines lancé par la Préfecture en organisant des patrouilles anti-braconnage sur les plages du sud. Rajoutons qu’elle nettoie aussi la plage de ses déchets.

Malgré cette implantation et cet objectif de protection, il faut rendre compatible l’espace avec les usages qu’en faisaient les habitants qui souhaitent également profiter de la plage et de la pêche.

Une cohabitation que ne semble pas refuser l’association qui indique dans un communiqué ne pas privatiser la plage de Saziley, déclarant être « sur un terrain public appartenant au Conservatoire du littoral, avec son accord et celui des deux cogestionnaires : CCSud et département ». Et s’expliquent  : « Les Naturalistes n’empêchent personne d’accéder à Saziley. La seule contrainte d’accès -qui s’applique aux quatre sites principaux de plages de ponte de tortues, Papani, Moya, Charifou et Saziley- c’est l’interdiction d’accès de nuit, de 18h à 6h, par arrêté préfectoral, pour protéger les pontes de tortues. Nous regrettons l’insuffisance de communication sur la réglementation en vigueur sur les plages car cette méconnaissance explique pour une part les tensions actuelles. »

Attention à la surenchère de protection 

Bivouac des Naturalistes à Saziley avec Michel Charpentier, président de l’association (à droite sur la photo)

Cela nous rappelle un incident sur une autre plage, celle de Moya, où un des gardes départementaux, fin connaisseur des moeurs des tortues nous livraient une explication nocturne en présence de président du Tribunal qui était de Grande Instance à l’époque, non loin d’une ponte de tortue, avec toutes les précautions d’usage. Quand des représentants d’une association s’était enquis de sa présence ici, après qu’il se soit présenté, en remettant en question sa légitimité d’un ton pédant. Nous avions appris que des subventions étant allouées aux associations pour la protection des tortues, elles devaient se partager les sites.

Or, comme le rappelle Les Naturalistes, la plage est à tous, pour peu que des instructions et une communication adaptée soient transmises.

La situation serait en passe de dégénérer, selon l’association: « Depuis plusieurs jours les Naturalistes sont l’objet d’accusations et menaces concernant leur présence chaque semaine sur le site  de Saziley. Ces menaces parfois très agressives visent à interdire totalement l’accès des Naturalistes à la plage de Saziley et au parking de Mtsamoudou ; il y a même eu menace d’incendie de voiture. »

Renouer le dialogue entre les uns et les autres semble incontournable, pour le bonheur de dame tortue.

A.P-L.

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