Dès 5h du matin ce mercredi 14 août, les engins de ramassage de la mairie de Mamoudzou se sont activés pour ramasser matelas de fortunes et autre bric-à-brac témoignant de la présence des centaines de migrants venus d’Afrique continentale sur le boulevard Marcel Henry de Cavani. Installées là depuis la destruction du « camp de migrants » qu’elles avaient érigé à l’intérieur de l’enceinte du stade en janvier dernier, ces personnes attendaient avec impatience que la préfecture les « mette à l’abri ». Car, lors d’une opération de ce genre, les migrants ne sont pas relogés à proprement parler, mais installés dans les locaux d’associations mandatées par l’Etat pour assurer cette mission. Leur « mise à l’abri » ne peut donc durer que 6 mois maximum, mais les migrants qui réussiront à obtenir leur statut de réfugié pourront par la suite être envoyés en métropole comme ils le souhaitent et comme le souhaitent aussi une grande partie des habitants de Cavani.
Pour les déboutés, direction le CRA où ils seront renvoyés dans leur pays d’origine. Des accords ont en effet été passés ces derniers mois, ou sont en passe de l’être, entre la France et certains pays de l’Afrique des Grands lacs pour qu’ils récupèrent leurs ressortissants. Près de 200 personnes ont été prises en charge ce mercredi matin et 4,3 tonnes de déchets ont été retirés, « permettant aux habitants de retrouver le plein accès aux trottoirs, commerces, restaurants et équipements sportifs et culturels », selon la formulation de la préfecture.
Les habitants de Cavani, et en particulier le comité citoyen, qui surveillait les opérations depuis plusieurs mois, sont en tout cas satisfaits. En revanche, la fureur grondait sous les coups de 9h du matin, à la fin de l’opération, de la part d’une 50aine de migrants « restés sur le carreau ». « J’étais au CHM car j’ai eu un accident. Quand je suis revenu, toutes mes affaires avaient été jetées et la police a refusé que je monte dans le bus avec les autres », s’exclame Ali Shaban. Venu du Burundi, il prétend déjà avoir le statut de réfugié et posséder une carte de séjour. D’autres prétendent s’être absentés pour aller se laver à la rivière et n’avoir retrouvé aucun de leurs effets personnels à leur retour. « On va aller où maintenant ? Qu’est-ce qu’on va faire ? », s’exclament-ils tous, à la fois en colère et désespérés. En désespoir de cause, ils ont tenté de forcer les barrières installées devant le boulevard Marcel Henry, mais les membres du comité citoyen de Cavani les en ont vivement empêché. Des heurts auraient pu survenir si des membres de la police municipale et de divers services de sécurité n’avaient pas été présents sur place pour « calmer le jeu ».
Le comité de citoyen de Cavani poursuit sa surveillance
Accusés par les migrants venus d’Afrique continentale de « leur envoyer les délinquants pour leur faire du mal et les chasser », les membres du comité citoyen de Cavani nient bien évidemment en bloc. « Nous-mêmes nous sommes attaqués par ces jeunes, comment pourraient-on les leur envoyer ? », s’exclame Toana Abdallah, membre du comité, mais également élue du conseil municipal de Mamoudzou et vice-présidente de la Cadema. « Personne ne contrôle ces jeunes, ils attaquent tout le monde », affirme-t-elle. D’ailleurs les violences perpétrées par les jeunes de Mayotte sont la cause principale de l’insécurité du territoire et continuent de prendre de l’ampleur d’année en année.
En tout cas, pour la préfecture, « l’affaire Cavani » est désormais close. En 10 opérations d’évacuation, plus de 1000 migrants ont ainsi été pris en charge dont près de 600 ont d’ores et déjà quitté le territoire de Mayotte. Chose promise en février dernier par le préfet François-Xavier Bieuville, chose due ! En espérant qu’entre temps d’autres kwassas avec, à leur bord, de nouveaux migrants venus d’Afrique continentale, n’abordent pas de nouveau les côtes mahoraises. Mais, d’après le service de communication de la préfecture, « cela fait 3 mois qu’aucun kwassa venu d’Afrique n’a abordé à Mayotte ».
N.G