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Mamoudzou

Justice : Fortement alcoolisé, il tente de voler de l’alcool au sein du magasin Baobab 

Mardi, un homme de 26 ans s’est immiscé dans le magasin Baobab pour voler de l’alcool. 

Mardi 30 juillet 2024, après avoir bu une demi-bouteille de vodka, un homme de 26 ans, sous surveillance électronique, fait irruption dans le magasin Baobab de Mamoudzou pour soustraire deux bouteilles de vodka. 

Dans le rayon d’alcool du magasin, les caméras de surveillance trahissent rapidement l’homme où un agent de sécurité du magasin observe l’individu se saisir de deux bouteilles de vodka. En état d’ivresse, l’homme se présente à la caisse pour payer une bouteille de vodka mais la caissière s’aperçoit qu’il n’est pas en capacité de payer et qu’il cache une deuxième bouteille sous son tee-shirt. À l’arrivée des forces de l’ordre, l’homme, aux yeux écarlates, tient des propos violents et incohérents. Les policiers interpellent l’individu, qui tente de se saisir de l’arme d’une des policières et de la mordre à l’avant-bras droit. La fonctionnaire de police se défend en portant un coup au niveau du visage du prévenu et les policiers installent l’individu à l’arrière de leur véhicule de service. Au commissariat, le mis en cause tente à nouveau de saisir de l’arme d’un policier et crible d’insultes les forces de l’ordre, « fils de pute (…) va niquer ta mère » jusqu’à s’endormir dans une cellule.

Une consommation d’alcool « problématique »

Après cinq mois sans avoir bu, ce soir-là, le jeune homme replonge

Mercredi 31 juillet, l’homme se retrouve à la barre du tribunal judiciaire de Mamoudzou pour être jugé en comparution immédiate en raison d’un casier judiciaire déjà chargé. Alors qu’il s’exprime parfaitement en français, le public découvre un homme plus vulnérable que violent : « C’était pas mon but de lui prendre son arme, je l’ai juste touchée (ndlr : la policière) quand j’avais les menottes (…) J’étais calme mais les policiers me mettaient des coups de pression. » À ce propos, il confie : « Quand j’ai parlé à un addictologue et à un psychologue, je m’étais senti bien. » À ces propos, Me Cooper, qui assure sa défense, a déclaré : « Cela a réveillé votre consommation d’alcool problématique. »

Une comparution immédiate justifiée par un casier judiciaire chargé 

Seresta, médicament, anxiété, dépression, alcool,
Lorsqu’il était en métropole chez ses frères et soeurs, le prévenu avait suivi un traitement qui avait calmé ses troubles

Lors de l’audience, alors que l’individu évoque longuement ses problèmes d’alcool, un des assesseurs rappelle au prévenu les risques auxquels il s’est exposé en agissant ainsi compte tenu de ses antériorités judiciaires : « Vous comprenez maintenant qu’avec le casier que vous avez, vous tapez tout de suite dans le haut de la réponse (…) Visiblement vous ne vous contrôlez pas (…) Qu’est-ce qu’il se passe si vous blessez quelqu’un un jour monsieur ? On en voit des gens qui tuent quelqu’un et qui ne s’en souviennent pas, ça arrive. » Le casier judiciaire du prévenu mentionne près de neuf condamnations. À plusieurs reprises depuis 2018, le prévenu a été condamné pour des faits de vols, de violences et des outrages, exercés la plupart du temps, sous l’emprise d’alcool ou de stupéfiants.

Pour le parquet, trop c’est trop 

Mais pour le substitut du procureur, Max Goldminc, le prévenu ne parvient manifestement pas à se maîtriser : « Je veux bien comprendre que l’alcool soit une problématique centrale pour lui mais les faits ne sont pas réductibles à cela (…) Mais toute personne qui boit n’a pas ce comportement (…) Je ne vois pas d’élément d’excuse aujourd’hui sur les faits reprochés. » Considérant que la justice avait été suffisamment clémente avec le prévenu lorsqu’il comparaissait pour des faits similaires antérieurement, pour le parquet, cette fois, c’est la goutte de trop : « La justice vous a accordé sa confiance deux fois. Je requiers la culpabilité pour les trois faits et une peine d’emprisonnement de vingt-quatre mois (…) Tout porte à croire qu’il peut recommencer le lendemain. On ne peut pas faire courir le risque à la société entière qu’il soit dehors aujourd’hui. La détention pourra être une occasion de sevrage pour lui. » 

« On est dans l’excès de sévérité », s’exclame la défense 

À Mayotte, la plateforme POPAM porte à bout de bras de nombreuses personnes souffrant d’addictions

Mais pour la défense, faire les frais de vingt-quatre mois d’emprisonnement pour avoir replongé, c’est trop cher payé, a fortiori dans un contexte où l’offre de soins est carencée à Mayotte : « Pendant sa réinsertion, Monsieur a essayé de se prendre en main tout seul », rappelle Me Cooper, après que le prévenu a avoué avoir « essayé de voir un psychologue mais que l’attente était trop longue ». « Il était dans la bonne direction sauf que l’alcool le rattrape et il a replongé (…) quand on demande 24 mois, on est dans l’excès de sévérité (…) il faut qu’il entende le message de répression mais je vous demande d’aller en-deçà de la peine qui est proposée aujourd’hui. » 

Avant que le tribunal ne se retire pour délibérer, le prévenu a déclaré :  « Je vais faire tout ce qui est en moi pour enlever ces mauvaises habitudes. » Quelques minutes plus tard, le tribunal a relaxé le prévenu pour les faits de violence et a déqualifié les faits  de violence et de rébellion en récidive légale. Mais compte tenu d’un parcours pénal cabossé, et alors que l’individu était sous-surveillance électronique au moment des faits, il a été condamné à deux mois d’emprisonnement. Dès la fin de l’audience, l’homme de 26 ans a été incarcéré au centre pénitentiaire de Majikavo. 

Mathilde Hangard

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