28.8 C
Mamoudzou

Le job dating, un moyen efficace pour trouver une formation et un emploi 

Organisé pour la 2ème année consécutive, le « job dating » spécial alternance et formations qualifiante, une façon simple de s'inscrire à des formations et de postuler à des emplois

Sur le parvis de la MJC de M’Gombani, une centaine de jeunes attend depuis six heures du matin. Leur objectif : trouver une formation, un emploi ou se renseigner sur des métiers. 

Le succès d’une approche « hors cadre traditionnel » 

Mayotte, MJC, MGombani, formation, emploi, job dating, chômage, insertion,
Pour Saïd Mohamadi, la jeunesse mahoraise, même en difficulté, a d’immenses potentiels

Ce matin, Saïd Mohamadi, directeur de l’Association des Étudiants et des Jeunes de Mayotte (AEJM), attend près de trois-cent personnes. Sur place, 33 stands et 25 partenaires sont déjà opérationnels. Répartis sur des tables permettant au public de s’installer pour échanger avec des professionnels, ces entretiens rapides permettent à toute personne, sans bagage académique préalable, mais en situation régulière sur le territoire, d’exposer ses envies en matière d’orientation professionnelle. L’an dernier, « 63% personnes ont accepté une proposition d’insertion », en d’autres termes sur les 243 personnes venues au job dating lors de la première édition de 2023, 153 personnes se sont inscrites à une formation ou ont décroché un emploi. « Il y a des opportunités sur le territoire hors du cadre traditionnel, via de nombreux acteurs, le CRIJ, l’UFOLEP mais aussi la MIFAC (…) » nous a confié le représentant de l’AEJM. 

Ce succès doit également se lire au regard d’un contexte particulier lors de l’année 2023, lorsque l’opération Wuambushu avait été déployée, perturbant les déplacements des habitants. Les organisateurs ont également fait le choix de réitérer l’événement à Mamoudzou, proche de leurs principaux partenaires, pour que les habitants puissent s’y rendre facilement, et à des horaires relativement épargnés des problèmes sécuritaires : « On commence à 8h et on termine à 12h pour des questions de sécurité, et Mamoudzou c’est central, c’est facile d’accès », a commenté le directeur de l’AEJM. 

Une légère diminution du taux de chômage

Ces différentes possibilités d’insertion professionnelle, commencent à porter leurs fruits. D’après les études menées par la direction de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités (DEETS) de Mayotte, au deuxième trimestre 2023, à Mayotte, le nombre de demandeurs d’emploi tenus de rechercher un emploi et sans activité (catégorie A) était établit en moyenne sur le trimestre à 17 485. Ce nombre avait augmenté de 0,4 % sur ce deuxième trimestre (soit +75 personnes) et de 22,1 % sur toute l’année 2023. Cette année, au premier trimestre 2024, le nombre de demandeurs d’emploi tenus de rechercher un emploi, ayant ou non exercé une activité (catégories A, B, C) s’établit en moyenne à 16 865 et a baissé de 7,9 % sur l’ensemble trimestre (soit –1 440 personnes). 

Mayotte, MJC, MGombani, formation, emploi, job dating, chômage, insertion,
La société « Accès », Accès à des Capacités et des Compétences d’Économie Solidaire, propose des formations dans le domaine de la santé, du secteur social, de la formation et de l’animation

Zahia* se souvient de son parcours de « combattante » comme elle le dit. Bac en poche obtenu à Mamoudzou, elle s’était inscrite en licence à l’Université de Mayotte et avait continué sa licence à l’Université de Reims, en métropole. Si elle ne précise pas le nom de sa formation, c’est qu’elle se souvient d’une période difficile, qui ne lui plaisait pas du tout : « J’étais partie en métropole, j’étais sortie de ma zone de confort, c’était difficile. » Isolée, elle décide de revenir à Mayotte auprès de sa famille et se tourne vers le centre de formation « Accès ». C’est le déclic, Zahia s’inscrit dans une formation pour devenir conseillère en insertion professionnelle (CIP) et entame une alternance auprès de l’AEJM. « Je conseille vraiment aux personnes qui ne savent pas quoi faire de s’orienter vers des formations, ça peut les aider, c’est de courte durée, c’est facile », admet la jeune femme. Depuis plusieurs mois, elle suit sa formation à Passamaïnty et travaille en alternance durant les trois semaines du mois à Dembéni, au sein de l’AEJM. Alors qu’elle n’a que 21 ans, Zahia a tout d’une professionnelle déjà solide d’expérience. 

Une bouée de secours pour les déçus de Parcours Sup 

Depuis le 30 mai 2024, les lycéens et les étudiants ont reçu leurs premiers résultats sur leur choix d’orientation. Comme dans tout processus sélectif, certains n’ont malheureusement pas eu de chance et ont essuyé des refus. Pas de panique, le job dating s’inscrit dans une démarche globale d’insertion. Il s’adresse à un public très large, autant aux jeunes, qu’au moins jeunes, avec ou sans diplôme, qui souhaiteraient s’inscrire à une formation, se renseigner sur un métier, ou encore déposer un curriculum vitae auprès d’une entreprise. 

Mayotte, MJC, MGombani, formation, emploi, job dating, chômage, insertion,
Après un entretien avec le chargé d’animation de l’Ufolep, Moussa* est reparti avec des informations sur une formation aux gestes de secours pour s’inscrire à la prochaine édition

Moussa*, élève de terminale, voulait intégrer une fac de sport à La Réunion, à la rentrée scolaire. Malheureusement, son dossier n’a pas été retenu. Au job dating, il s’installe alors au stand de l’Union française des oeuvres laïques d’éducation physique (Ufolep) pour se renseigner sur une formation. Le chargé de formation l’oriente vers une formation aux gestes de premiers secours, qui peut être réalisée à Dembéni mais aussi vers un parcours « Jeux sportifs et jeux d’opposition » (JSJO), permettant d’encadrer des enfants et des adolescents à une pratique sportive, telle qu’elle soit, au sein de mairies, d’associations, de collectivités territoriales ou de structures privées. Pour le chargé de formation de l’Ufolep, cette nouvelle formation proposée sur le département est importante car « on manque d’animateurs sportifs à Mayotte », a fortiori dans un territoire où une personne sur deux a moins de 18 ans. Bémol, la formation est encore payante à ce stade. L’association espère que son plaidoyer aboutira auprès des partenaires locaux pour que le département puisse prendre en charge cette formation et ainsi, attirer des profils qui n’auraient pas les moyens de se l’offrir. 

Les entreprises à la recherche de potentiels cachés 

C’est le cas de Mina*, une femme de 19 ans, de nationalité burundaise, qui travaillait dans le tourisme quatre ans auparavant lorsqu’elle était au Burundi, et qui a fui son pays, en raison du contexte sécuritaire. Sans bac mais avec de l’expérience professionnelle, elle est venue à ce speed dating pour rencontrer des professionnels du droit, elle parle couramment français, anglais, swahili, et rêverait d’être avocate ou cuisinière. 

Les associations manquent aussi de professionnels. Pas plus tard, qu’il y a trois semaines, l’AEJM cherchaient toujours depuis plusieurs semaines une personne en charge de la santé et de la prévention. Le directeur de l’AEJM voit dans ce job dating un enjeu important pour les partenaires à recruter des profils particuliers, plus spécifiques : « Les associations demandent parfois des formations ou des diplômes spécifiques qu’on n’a pas forcément, c’est pour cela qu’on oriente les jeunes vers des formations dans le milieu social ou éducatif parce qu’on a des besoins, au-delà des métiers traditionnels, d’autres métiers, recrutent directement. » Mais surtout, Saïd Mohamadi ironise : « Vous avez vu comment les jeunes arrivent à lancer avec précision des cailloux depuis loin jusqu’au pare brise des voitures ? Tous les jeunes qui lancent un caillou si on leur apprenait a lancer un javelot il y aurait du potentiel ! » Cet élan s’inscrit dans un calendrier cohérent avec les renouvellements des programmes éducatifs territoriaux des communes. 

*Pour protéger leurs identités, leurs noms ont été changés. 

Mathilde Hangard 

Partagez l'article:

Les plus lus

Articles similaires
Similaire

Chido : les centres d’hébergement d’urgence à bout de souffle

Faute de toit, les familles ont adopté celui sécurisant des centres d’hébergement au sein des établissements scolaires. Qui manquent de tout, eau, nourriture, et sécurité.

La SMAE prévoit d’approvisionner en eau 50% de la population d’ici 48h

Face au marasme provoqué par Chido, les urgences sont nombreuses. Approvisionnement en denrées alimentaires, eau, électricité, sécurité, comme annoncé, la préfecture émet régulièrement des points de situation à destination de la population.

Chido : Les artisans mahorais aidés par le fonds national de la CMA

Difficile pour les sièges en métropole de joindre leurs...

Chido : Emmanuel Macron jeudi à Mayotte

Dès le premier constat de dégâts du cyclone Chido,...
WP Twitter Auto Publish Powered By : XYZScripts.com