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Nouvelle tempête aux Urgences et préavis de grève des médecins du CHM

Les Urgences sont toujours en dysfonctionnement majeur et la démission de sa cheffe n’en est qu’un révélateur. Le diagnostic qu’en avait fait l’IGAS ne semble pas intéresser grand monde. Facteur aggravant pour la maison CHM, privé de leurs primes dues, les praticiens hospitaliers ont déposé un préavis de grève pour le 10 juin.

Les creux de vagues s’enchaînent aux urgences du Centre hospitalier de Mayotte. Alimata Gravaillac, la cheffe du service qui avait accueilli ministre des Outre-mer et délégation de députés, a démissionné de son poste. Selon Jean-Mathieu Defour, Directeur général du CHM, l’urgentiste estimait subir « trop de pressions et de remises en cause ». Alimata Gravaillac « reste cheffe de pôle », précise-t-il.

Au sein du service, c’est l’étonnement, « on ne s’y attendait pas », déclare une médecin. C’est la députée Estelle Youssouffa qui a dévoilé l’affaire dans un post Facebook, en évoquant une « marge de progression importante pour améliorer le volet Santé de la Loi Mayotte. »

Nous avions révélé en juin 2023 que le service des urgences était dans la tourmente, plombé par des guerres de chapelles alimentées par des médecins qui aménageaient leur temps de travail en fonction de leurs mi-temps annualisés cumulés. La responsable des Urgences s’arrachait ainsi les cheveux pour organiser les plannings de travail.

ministre de la santé, CHM, choléra
Le ministre Frédéric Valletoux en visite au CHM il y a 3 semaines

Un service des Urgences qui demande qu’on « mette quotidiennement les mains dans le cambouis », nous indique-t-on, l’ensemble des acteurs étant pris dans une logique de règlements de compte permanents. Impossible de fonctionner dans ces conditions. L’Inspection générale des affaires sociales y avait pourtant mis son nez, mais le rapport n’a jamais été publié. Il faut pourtant un vrai diagnostic des ressources humaines.

Quelles ressources humaines ?, pourrait-on s’interroger, puisque ce service a fait le vide en raison de ces dysfonctionnements.

Une ambiance délétère qui impacte sur la prise en charge des soins, « nous avons des décès dûs au défaut de fonctionnement du SMUR », nous assure-t-on, toujours sous couvert d’anonymat.

D’électrochocs en électrochocs

Jean-Mathieu Defour, CHM, Mayotte
Jean-Mathieu Defour à la tête d’un établissement qui peine à sortir la tête de l’eau

Le CHM n’avait pas besoin qu’on lui enfonce un peu plus la tête sous l’eau, et pourtant un préavis de grève a été déposé pour le 10 juin par le syndicat des praticiens hospitaliers. En cause, le blocage des primes versées à ces médecins, mises en place il y a quelques années pour ne pas créer de déséquilibre avec celles plus élevées que percevaient les pédiatres et gynécologues. Pour autant, il fallait leur trouver un cadre légal, pour maintenir l’attractivité des postes et les recrutements, ce qui n’a jamais été fait. « Nous avons sollicité les ministères à de nombreuses reprises pour trouver une solution à ce système illégal de rémunération mis en place par les directions précédentes, mais sans succès », indique Jean-Mathieu Defour à la rédaction.

Moyennant quoi, le Trésor public y a mis son nez et a bloqué leur versement, provoquant un électrochoc. Une réunion en urgence des médecins hospitaliers s’est tenue cette semaine, ils décidaient de manifester leur mécontentement en boycottant les réunions institutionnelles. Le directeur de l’hôpital dit « comprendre cette réaction », surtout que la prise en charge des patients est assurée, et nous dit « saluer l’implication des médecins hospitaliers au quotidien ».

Pour ces médecins, « c’est la goutte d’eau ». Un sujet qui est remonté jusqu’au ministère, et Frédéric Valletoux connait la problématique puisqu’il était en visite à Mayotte il y a 3 semaines. Une discussion a eu lieu ce mercredi soir, les praticiens hospitaliers se disent fermement décidés à obtenir une réponse, « ça fait un an qu’on attend ! » Le directeur de l’hôpital nous rapportait une réponse plutôt encourageante de Paris, « le ministère s’est engagé à apporter une solution immédiate dans les plus brefs délais ».

Les médecins se disent épuisés, « on s’effondre, on ne peut plus fonctionner comme ça. » Pendant ce temps, les épidémies dont le choléra, tracent leur route.

Pour les Urgences, on nous indique que le président de la Commission médicale d’Établissement (CME) va proposer une nouvelle organisation « le plus rapidement possible ».

La rédaction

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