L’Association des Parents d’élèves de la Commune de Bandrélé porte une initiative intéressante à la fois pour la commune, mais aussi à l’échelle de Mayotte. L’APECB informe s’atteler à la fois au maintien de tous les enfants dans le système éducatif « par le biais du suivi scolaire », mais s’intéresser aussi à leurs parents qui sont au chômage par le biais du dispositif Territoire Zéro Chômeur de Longue Durée (TZCLD).
TZCLD fait suite à la loi du 29 février 2016 déployée initialement en 2017 sur dix territoires français pilotes, puis élargie à d’autres zones dès 2021. Cette expérimentation permet l’insertion socioprofessionnelle des personnes privées durablement d’emploi qui le souhaitent.
Un concept qui fonctionne sur les municipalités testées en métropole, qui pourrait permettre de recruter 400 personnes sans emploi en CDI « rémunérées au SMIC », selon l’APECB. « Ces emplois sont orientés vers des travaux utiles à la communauté et offrent des horaires flexibles, adaptés aux besoins des travailleurs. »
Dans un communiqué adressé aux médias, l’association déplore pourtant de ne pouvoir mettre en place ce dispositif, disant se heurter « à des difficultés administratives, incompréhensibles, notamment l’obtention des délibérations nécessaires de la part de la municipalité de Bandrélé et du conseil départemental de Mayotte. »
Une foule de petits travaux
Nous avons donc contacté le maire Ali Moussa Moussa Ben, habituellement partant pour ce type d’innovations sociales, pour faire le point sur les difficultés avancées par l’APECB. C’est un élu étonné, que nous avons eu au téléphone, « j’ai donné mon accord de principe pourtant. Nous avons d’ailleurs commencé à travailler sur certains sujets, et avant même que l’idée nous soit soumise, une conseillère municipale avait évoqué ce dispositif. » Il envisage un passage de ce projet en conseil municipal en juin, « et je l’ai dit au représentant de l’association », mais évoque un travail à mener auparavant. « Nous avons besoin d’étudier le cadre d’application de ce TZCLD. »
En effet, depuis sa généralisation à une soixantaine de territoire en France, avec de nombreuses créations d’emplois – en témoignent des parutions sur les médias nationaux – il faut en étudier précisément le financement, le gouvernement ayant réduit le budget de ce TZCLD en 2023, ce qui avait donné lieu à une levée de boucliers nationale.
Un travail conséquent est de toute façon à mener pour identifier les secteurs de création d’emploi, et le cadre pour ces « horaires flexibles ». En tout cas, les possibilités semblent infinies à Mayotte, avec des idées à transposer (ou pas) de l’Hexagone : travaux agricoles, aide administrative, épiceries ambulantes, friperie, maintenance, animation dans des maisons de retraite, ou ici, auprès des enfants du village, etc.
Prendre le temps d’identifier ces débouchés n’est pas renoncer, assure Ali Moussa Moussa Ben, et on ne peut qu’espérer que cette expérimentation menée à Mayotte puisse déboucher sur la création de services qui font réellement défaut à Mayotte et sur l’insertion de ceux, très nombreux, qui sont éloignés de l’emploi.
Anne Perzo-Lafond