À ce rendez-vous annuel de la santé, près de 30.000 professionnels et 600 exposants étaient présents pour animer des stands, des ateliers et plus de 300 conférences.
Une offre de soins portée à bout de bras
La délégation mahoraise, composée d’agents de l’Agence régionale de santé (ARS) et du Centre hospitalier de Mayotte (CHM), s’y est déplacée dans un double objectif : présenter l’offre du soins du territoire et convaincre un maximum de professionnels de santé de s’installer à Mayotte pour répondre à la pénurie de professionnels de santé, qui plus est, dans un territoire complexe.
Répartis sur deux stands, les équipes de l’ARS et du CHM ont avant tout exposé certaines caractéristiques du territoire et de son offre en matière de soins, certes sous-dimensionnée, mais aux forts enjeux, espérant ainsi attirer des professionnels motivés. Les équipes du CHM ont ainsi rappelé que la présence médicale était encore trop faible par rapport aux besoins de la population mahoraise puisque la densité de médecins s’élève à 90 pour 100 000 habitants, contre 339 en métropole en 2021. Aussi, l’offre de soins du territoire repose encore principalement sur le CHM, qui dispose de 14 lits et places pour 10 000 habitants contre 37 en métropole.
La réserve sanitaire, béquille de la santé mahoraise
Depuis plusieurs mois, bientôt années, Mayotte, qui a enchaîné les crises sanitaire, hydrique et sécuritaire, compte sur la réserve sanitaire pour faire tourner les services de l’hôpital, l’ARS et Santé publique France.
« Sans la réserve, je ne sais pas comment ils feraient », explique Julia, une infirmière, venue en mission avec la réserve sanitaire à Mayotte, pour la deuxième fois. La réserve sanitaire propose constamment des missions de renfort pour les départements de Mayotte et de La Guyane, permettant aux territoires de faire fonctionner leurs hôpitaux mais au salon SantExpo, la délégation mahoraise espérait surtout recruter des professionnels sur le long terme.
Présent, Jean-Mathieu Defour, directeur général du centre-hospitalier de Mayotte, a constaté que « de nombreux CV avaient été recueillis sur le stand des infirmiers du CHM ». Pour le directeur du CHM, l’objectif est surtout de « recruter des gens fixes qui s’installent pour un ou deux ans » sur le territoire.
Un territoire qui a injustement mauvaise presse
Si la vie sur terre à Mayotte n’est pas toujours vendeuse, principalement en raison de l’insécurité qui y règne, le territoire présente d’autres avantages et les conditions de vie ne sont pas les mêmes d’une commune à une autre. Une infirmière libérale du sud de l’île, arrivée sur le territoire il y a plus de quinze ans, nous a confié : « C’est un profil comme le mien qui peut être présenté pour attirer d’autres professionnels de santé. J’adore mon métier (…) Là où je vis, les conditions de vie et de travail dans le sud de l’île sont vraiment différentes d’autres communes. Personnellement, je me sens en totale sécurité dans ma vie privée et ma vie professionnelle (…) et les activités autour du lagon sont extraordinaires (…) j’ai une belle vie ici. »
Mayotte, au coeur des discours ministériels
Sur ce salon, les visites de la Ministre du Travail, de la Santé et des Solidarités et du Ministre Frédéric Valletoux, délégué chargé de la Santé et de la Prévention, étaient très attendues. Lors de leur passage, tous les deux ont pris le temps de discuter spécifiquement avec la délégation mahoraise.
Lors de son discours, Catherine Vautrin, a eu une pensée de soutien « aux patients et résidents de Nouvelle-Calédonie, et bien sûr à l’ensemble des professionnels qui font l’impossible, dans une situation extrêmement difficile » mais surtout aux Mahorais, et c’est une connaisseuse du territoire qui parle : « Mes premiers mots seront bien sûr pour les communautés hospitalières, à la fois de la Nouvelle-Calédonie et de Mayotte. Nous avons tous quel est l’engagement de toutes les équipes qui sont aujourd’hui à l’image de ce que l’on fait quand on est engagé en matière de santé, qui sont à pied d’oeuvre jour et nuit pour s’engager sur le sujet de l’épidémie de choléra (…) J’adresse ce message aux Mahorais qui, depuis de longs mois, pour ne pas dire de longues années, connaissent une crise sociale et sanitaire de grande ampleur. Ce combat pour la dignité humaine est un recommencement perpétuel. Il est celui d’une société qui affirme chaque jour que chacun de ses membres mérite une considération égale. Je dirais presque sacrée. Ce combat ne peut être que collectif (…) », a t-elle déclaré.
Mathilde Hangard