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L’AFD propose une réflexion sur l’égalité des genres au sein des investissements publics et du milieu sportif

L’Agence Française de Développement a proposé ce mardi matin des ateliers d’échanges à destination des professionnels autour de l’égalité entre les hommes et les femmes au sein des projets investissements locaux et du milieu sportif. L’objectif était de déterminer les freins à cette égalité et de trouver des leviers pour les lever.

« L’AFD se revendique comme une structure féministe. Ce sujet est d’autant plus important que notre rôle est d’apporter une aide au développement durable de Mayotte dans une perspective inclusive. A ce titre, la question de l’égalité entre les genres est fondamentale, puisque les femmes sont désormais de plus en plus présentes dans toutes les sphères de notre société, que ce soit dans l’espace public, dans le milieu économique, sportif et autres », a déclaré Ivan Postel-Viney, le directeur de l’Agence Française de Développement. C’est pour se diriger d’une manière efficace vers une égalité réelle entre les sexes que la structure a organisé cette journée entièrement consacrée à cette thématique, en l’axant cette fois-ci sur les investissements public et le milieu sportif. Conscient qu’il s’agit « d’un sujet délicat » car « touchant aux mentalités », il n’en est pas moins persuadé de la nécessité d’organiser des actions pour tendre vers ce but. « En 2023 l’AFD a consacré 430 millions d’euros à des projets ayant pour objectif d’atteindre cette égalité. Elle a consacré 5 millions de plus à des projets où cette question était présente en filigrane », précise-il.

Des statistiques parlantes sur les inégalités hommes/femmes à Mayotte

Ivan Postel-Viney, directeur de l’AFD

Avant le début de deux ateliers menés en parallèle sur la question de l’égalité des genres dans les projets d’investissement public et sur l’égalité au sein du milieu sportif, la déléguée territoriale de l’INSEE a livré les résultats d’une étude statistique sur les inégalités entre les hommes et les femmes au sein de la société mahoraise. Nous avons ainsi appris qu’il y avait davantage de femmes âgées de 20 à 40 ans présentes sur le territoire mahorais que d’hommes. « Ceci est en partie lié aux migrations : davantage de femmes viennent à Mayotte et moins de femmes que d’hommes en repartent. Par ailleurs, dans la tranche d’âge des 20-54 ans, une femme sur quatre est une mère isolée dont 90% vivent sous le seuil de pauvreté, sans eau courante. Le taux de fécondité sur l’île aux parfums est de 4,7 enfants par femmes, soit davantage que sur tous les autres territoires français », livre la déléguée territoriale de l’INSEE.

Si 4 femmes sur 10 n’ont jamais été scolarisées à Mayotte, on constate que, chez les générations nées après le début des années 70, l’accès à la scolarisation est devenu la même pour les deux sexes, démontrant ainsi un progrès considérable en l’espace de 40 ans. Par ailleurs, si les femmes sont largement majoritaires au sein des études supérieures, on constate encore qu’elles n’occupent que 6 grandes familles de professions une fois passées dans la vie active. Souvent des professions très genrées comme le secrétariat ou les professions de santé. « A niveau de diplôme égal, on constate que les femmes ont plus de difficulté à accéder à l’emploi que les hommes. Leur insertion est moins facilitée et on leur propose une moins grande variété d’emplois que les hommes », constate la déléguée territoriale de l’INSEE.

Des ateliers de réflexions pour trouver des leviers à ce qui freine l’égalité  

L’atelier sur les inégalité au sein des projets d’investissement publics a réuni de nombreux professionnels du secteur

L’atelier sur les inégalités au sein des projets d’investissement public était mené de concert par Adrienne Lainey, chargée de mission égalité hommes/femmes au sein de l’AFD et par Ivan Postel-Viney en personne. « L’idée est d’échanger avec les acteurs des projets d’investissement publics afin de trouver des leviers pour lever les blocages à l’égalité. Nous invitons les gens à s’exprimer sur leurs difficultés afin de trouver des solutions », déclare Adrienne Lainey. Cette dernière explique par exemple que l’écrasante majorité de ces projets sont conçus par des hommes et que, par conséquent, les besoins spécifiques des femmes ne sont que très peu pris en compte dans la réalisation de ces projets. « On constate que ce n’est pas la priorité des politiques publiques. Si la question de l’environnement est désormais bien prise en compte, ce n’est pas encore le cas de l’égalité hommes/femmes », ajoute-elle. Le projet Caribus fait figure d’exception, puisque ses responsables ont commandé une étude sur les besoins spécifiques des femmes, réalisée par le cabinet Women Hability. Ils ont ainsi pu les prendre en compte dans la réalisation du projet Caribus, faisant ainsi preuve d’exemplarité au sein des projets d’investissement de l’île au lagon. Mohamadi Moussa, directeur de projet mobilité au sein de la Cadema, a présenté les résultats de cette études lors de l’atelier.

Adrienne Lainey, chargée de mission pour l’égalité hommes/femmes au sein de l’AFD

« L’objectif premier de l’AFD est de contribuer au développement harmonieux de Mayotte et, pour cela, toutes les catégories de la population doivent être prises en compte. Il est donc important que les collectivités se posent la question de leurs besoins spécifiques », conclut la chargée de mission. Un atelier similaire a été réalisé en parallèle, concernant la place des femmes au sein du milieu sportif car, comme l’a souligné Madeleine Delaperrière, directrice de la Délégation Régionale Académique à la Jeunesse, à l’Engagement et aux Sports (DRAJES), « les présidents des clubs sportifs sont pratiquement tous des hommes. Comment, dans ces conditions, prendre en considération les besoins spécifiques des femmes dans le milieu sportif ? ».

Mohamadi Moussa, directeur mobilité au sein de la Cadema, a présenté les résultats de l’étude menée par le cabinet Women Hability

Espérons que cette journée de réflexion contribuera à faire émerger certaines prises de conscience, indispensables à un développement plus harmonieux de notre île. « Il est important de mettre en avant le sport féminin dans ses spécificités et de travailler sur l’antinomie que l’on peut parfois trouver entre cet enjeu et la mentalité traditionnelle », ajoute-elle en concluant son propos par le célèbre adage « Une société qui va bien est une société dans laquelle on traite bien les femmes ».

Nora Godeau

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