Une pluie de bouteilles d’eau

Après la visite express de l’usine de dessalement, c’est sur la commune de Dzaoudzi-Labattoir que la Première ministre et le massif cortège se sont dirigés afin d’assister à un point de distribution de packs d’eau, auprès de la population. 

C’est une logistique qui a débuté officiellement le 20 novembre dernier à travers les 17 communes du département, avec une moyenne de 300 000 litres d’eau embouteillés et quotidiennement distribués; soit plus de 3,5 millions de bouteilles plastiques. Des chiffres multipliés par 10, voire 20, selon Philippe Moccand, directeur du schéma industriel et Outre-mer chez Citeo, en comparaison de la consommation classique, avant crise. Des chiffres qui donnent le vertige, tant sur le plan logistique que dans l’approche environnementale, face à un recyclage plastique annuel qui se tablait aux environs de 50 tonnes. 

Un travail à la chaine et de fourmi

Gilles Cantal présente à la Première ministre le dispositif distribution packs d’eau déployé sur tout le territoire (®MLG)

C’est ce qu’a pu constater Elisabeth Borne, aux côtés du Préfet de l’eau, Gille Cantal, qui s’est chargé de présenter le déploiement global de ce dispositif qui se veut officiellement maintenu, « aussi longtemps que nécessaire », comme l’a ainsi annoncé à la presse, Madame la Première ministre. Un dispositif tenu, logistiquement parlant, par des forces vives et militaires comptabilisant 150 personnels par roulement assurant par la même occasion, au niveau du port de Longoni, la réception et le dispatching des containers arrivant de l’île Maurice, de La Réunion mais également du Havre et de Marseille. C’est ainsi que sur les 25 points de distribution, renforcés par les agents communaux, les membres des CCAS, de la Croix-Rouge, d’associations ainsi que les jeunes recrues du RSMA ou encore les contrats aidés, il est attesté une distribution qui se veut dans les meilleures conditions possibles aux dires préfectoraux; avec un volet sécuritaire d’anticipation de 3 millions de litres stockés, afin de se prémunir des potentiels retards maritimes de livraison.

Les agents des services techniques et CCAS mairie assurent également la logistique distribution packs d’eau (illustration/archives 20/11/23 Ouangani)

« Des moyens supplémentaires face à l’afflux »

Philippe Moccand et ses équipes Citeo ne chôment pas depuis le début de cette crise (®MLG)

Comptant sur un actif travail de sensibilisation et une pleine participation conscientisée, il est donc demandé aux gens de ramener de manière compactée, bouchons à part, les bouteilles vides qui seront par la suite stockées dans des containers prévus à cet effet, afin d’être conduits sur un centre de transit, géré par Citeo, situé également au port de Longoni. Tout cet amas de déchets plastiques est compressé par l’entreprise Suez, à même ce site et « s’il y en a trop, les containers remplis sont réexpédiés en moyenne toute les semaines, en Hexagone, direction le port du Havre », nous explique Philippe Moccand, pour être traités à Verdun ou même du côté de Biarritz où sont implantées 2 usines de recyclage. Face à cette montée en puissance plastiquement ’’subversive’’, l’éco-organisme a investi dans l’acquisition d’une nouvelle machine de presse/compactage qui devrait arriver sur Mayotte d’ici quelques semaines. Un investissement qui n’est pas des moindres sachant que l’entité précitée réceptionne désormais, par jour, 5 containers remplis de bouteilles et les estimations tablent sur 10 d’ici très peu de temps. 

L’île aux parfums serait-elle en train de devenir l’île au plastique ? (®MLG)

Une escalade logistique anticipée faisant appel à la commande de containers vides supplémentaires, dès cette semaine, ainsi que la potentialité d’expédier en plus, en moyenne tous les 21 jours, ces déchets plastiques à destination d’un centre de tri situé à La Réunion. Une organisation bien ficelée aussi dans les approches sensibilisation et curative, notamment grâce au travail de terrain des agents de l’association Nayma. Association partenaire de Citeo qui se rend à travers tous les quartier du département, pour des opérations de communication mais aussi de nettoyage. 

Face à cette crise, Elisabeth Borne a tenu à venir sur le 101ème département français avec un message qu’elle indique simple : « nous sommes aux côtés des mahoraises et des mahorais et nous agissons à la fois à court terme pour réduire l’impact de cette crise et à moyen terme pour éviter que cela ne se reproduise ». Après être passée par chaque stand et étape qui compose(nt) ce dispositif et échangé avec des personnes qui ont spontanément fait valoir leur colère, particulièrement face aux conjointes crises hydrique et sécuritaire, la Première ministre a été aiguillée, en milieu de matinée, direction la barge à destination de la Grande-Terre.

Un très jeune comité d’accueil, muni de petits drapeaux tricolores et chantant la Marseillaise attendait de pied ferme la Première ministre qui a accompagné la foule pour ce patriotique chant (®MLG)

MLG

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