Après trois ans de recherches de terrain, Frédéric Ducarme, chercheur en biologie marine et désormais secrétaire général de la chaire outre-mer de Sciences-Po, vient de sortir un guide sur les échinodermes de Mayotte et de sa région. Fruit d’un travail inédit, réalisé en partenariat avec le CUFR (où le chercheur enseigné) et l’UICN notamment, le guide a été édité par l’association des Naturalistes de Mayotte. « Grâce à ce travail, j’ai pu découvrir des espèces encore inconnues scientifiquement », révèle Frédéric Ducarme qui n’a pas hésité à solliciter l’aide de tous les photographes sous-marins de l’île pour obtenir un travail le plus complet possible.
Mais au fait, qu’est-ce qu’un échinoderme exactement ? Il s’agit d’un animal marin en forme d’étoile ou « pentaradié » pour employer un langage plus scientifique. Cet embranchement regroupe ainsi les étoiles de mer, évidemment, mais aussi les oursins, les concombres de mer, les ophiures et les crinoïdes. « Pour le concombre, la forme d’étoile n’est pas forcément évidente à première vue, il faut le découper en tranches pour la voir. Une activité qu’on ne pratique certes pas tous les jours », s’amuse le chercheur en nous décrivant ces animaux parfois si étranges.
L’océan Indien : le plus méconnu de tous
Il nous révèle que l’océan Indien reste à ce jour le plus méconnu de tous. « Parce qu’il y a peu de pays qui ont les moyens de lancer des études scientifiques dans la région », explique-t-il. Des équipes de chercheurs australiens passent parfois dans cette zone du sud-ouest de l’océan Indien, mais ils ne restent que peu de temps, ce qui ne laisse guère place à un travail en profondeur. « Outre le fait d’avoir découvert de nouvelles espèces, ce travail m’a également permis de corriger des erreurs. Certains échinodermes de l’océan Indien sont en effet confondus avec ceux du Pacifique », précise le chercheur. Ce dernier ne s’est pas contenté de plonger « dans les beaux endroits » de l’île, comme la passe en S, il a également examiné les fonds marins situés sous la barge et sous les mangroves, de jour comme de nuit ! Ce travail minutieux lui a permis de répertorier 137 espèces d’échinodermes.
Si tout le travail de terrain a été réalisé à Mayotte, il est évident que certaines espèces se retrouvent évidemment aux Comores et/ou à Madagascar. « Les échinodermes ne craignent pas la PAF », plaisante le chercheur. Bien plus qu’un simple catalogue d’espèces, ce guide donne également beaucoup d’informations sur le fonctionnement et le comportement de chaque espèce. Quand cela est possible car, parfois, « on ne sait encore rien », avoue humblement Frédéric Ducarme. Ce guide est en tout cas un pas de plus effectué pour la recherche en biologie marine et il ravira également les amateurs de plongée sous-marine qui pourront ainsi identifier plus aisément les mystérieux animaux observés dans les fonds marins de l’île au lagon.
Nora Godeau