Crise de l’eau : l’impact sur le monde agricole impose de diversifier la ressource

La pénurie d’eau et les coupures de 48h ont des effets désastreux sur l’agriculture mahoraise. Certains sont raccordés à des cours d’eau ou des puits mais tous n’ont pas cette chance. Des mesures sont annoncées pour les agriculteur identifiés.

La Direction de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt (DAAF) organisait ce 21 septembre une réunion sur les conséquences de la crise de l’eau pour le secteur agricole, à la demande du préfet Thierry Suquet. Outre les services de l’État, étaient présents des représentants de la CAPAM (Chambre d’agriculture et de la pêche), des syndicats agricoles et d’organisations de producteurs, ainsi que la direction en charge de l’agriculture du Conseil départemental.

Le préfet qui évoque des « calamités agricoles », rapporte qu’une partie des maraîchers ont dû arrêter leur exploitation « faute d’eau », et que des solutions d’urgence sont recherchées par les éleveurs pour abreuver le bétail.

Petit aparté pour évoquer quelques spécificités du secteur agricole à Mayotte qui consommerait environ 12% de la ressource en eau (SDAGE 2020). En dehors de 2 ou 3 « grosses » exploitations, les autres, de taille moyenne ne sont pas toujours déclarées. Et deux cultures dominent : le manioc et la banane, qui impactent fortement le territoire. La première par le défrichage qu’elle nécessite et donc les problématiques d’érosion des sols associés, la seconde par les importants besoins en eau liés. C’est dans ces situations que la nécessité d’utiliser une eau non potable pour l’agriculture et le BTP se fait sentir. Multiplier les retenues agricoles pour y stocker de l’eau destinée à ces usages devrait être une priorité.

Activation du Fonds de secours OM

Irrigation au goute à goute

Les acteurs de l’agriculture réunis autour du préfet ont arrêté plusieurs actions de court terme:

  • Une aide de 240 euros par hectare déclaré à la PAC en 2022, sera allouée « très prochainement », et jusqu’au 27 octobre, ce qui bénéficierait à environ 1.300 producteurs.
  • Le versement de l’aide de minimis pour les bovins d’ici décembre
  • L’ouverture au secteur agricole du dispositif d’aide aux coûts fixes annoncé par le ministre délégué aux outre-mer
  • L’étude de « solutions pragmatiques » pour aider à l’accès à un minimum d’eau dans les situations les plus sensibles, notamment pour les petits élevages non branchés au réseau et qui n’ont plus de ressources sur leur exploitation.
  • L’activation de la procédure du Fonds de secours pour l’outre-mer (FSOM) avec la désignation d’une mission d’enquête d’ici fin septembre 2023.

Cette mission d’enquête constatera sur place les dégâts de la pénurie d’eau sur la production agricole et permettra de constituer le dossier nécessaire à l’arbitrage gouvernemental d’activation du Fonds de secours pour l’outre-mer ou d’un dispositif équivalent pour les producteurs éligibles. La mission d’enquête se rendra sur le terrain pour déterminer notamment quels sont les agriculteurs touchés et pour quelles productions végétales ou animales, dans quelles parties du territoire et avec quelle intensité.

Masses d’eau souterraines pour d’éventuels forages agricoles (SDAGE 2020)

Des actions de moyen et long terme sont par ailleurs engagées entre les services de l’État, le Conseil départemental et les professionnels : l’engagement des agriculteurs à la régularisation de leur situation vis-à-vis du droit au prélèvement de l’eau pour l’irrigation, le développement de systèmes d’économie d’eau (goutte-à-goutte…) et « la recherche de solutions visant tant à diversifier les sources d’eau à finalité agricole et à assurer un partage équilibré de la ressource disponible (ex : récupération d’eau de pluie, plantation de haies ou de reboisement, développement de l’hydraulique individuelle ou collective).

Le fonds européen FEADER pourra venir au soutien à l’investissement de ces projets dès lors que les porteurs de projets se mobilisent.

« De prochains rendez-vous seront organisés dans les semaines à venir pour réaliser la mission d’enquête et affiner le plan d’actions ».

Tout un pan de l’agriculture est informelle à Mayotte, ces aides vont peut être en inciter plusieurs à se déclarer, mais beaucoup de petits propriétaires de « jardins mahorais » ne vont plus pouvoir produire et nourrir leur famille.

A.P-L.

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