Parler Mobilité c’est bien. Agir ensemble, c’est mieux ! 

Dans le cadre de la Semaine européenne de la mobilité, 2ème édition, la Communauté de communes du Centre-Ouest (3CO) organisait, ce jeudi 21 septembre, un séminaire d’échanges ayant vocation à encourager et promouvoir, tant auprès des politiques publiques que des citoyens, l’usage de modes de déplacements moins énergivores et, par conséquent, plus durables.

En problématique de fond : Quelle est la place des économies d’énergie dans les politiques de mobilité et déplacement à Mayotte ? Le décor est planté, place à la constructive interaction notamment en la présence d’acteurs tels que la 3CO donc, mais également la Cadema, la CCSud, des experts du transport public, de l’Ademe ou encore de la Mairie de Mamoudzou. Mamoudzou d’ailleurs, grand précurseur tant décrié dans son approche de circulation alternée qui aurait pourtant offert une réduction de son traffic routier intra-muros de près de 15% et de -40% du temps de trajet des usagers, selon les études d’observation de son service circulation stationnement et accessibilité, sous la houlette de son responsable, Laheri Boina Heri. Outre cette bouffée d’oxygène, tant sur le bitume que dans l’air — qui devrait se maintenir jusqu’au 8 décembre prochain — qu’en est-il de notre paysage mahorais mobilité de façon générale ?

Parlons du coût de mobilité dans la société 

Autant aller droit au but ! De façon tristement claire, à dominante, parler conscientisation, démarche préventive pour les générations futures, Environnement ou encore Écologie, ça ne fait pas majoritairement déclic sur notre territoire. Par contre le coût, si ! Alors parlons peu, parlons bien. Même si le taux du parc automobile mahorais, par foyer, demeure bien inférieur en comparaison, par exemple, de nos voisins réunionnais, il n’en demeure pas moins qu’il est plus vieillissant et donc, bien souvent, plus couteux (et polluant).

Comparatif du Parc roulant entre la Réunion et Mayotte (DR/oovango)

En effet, sur notre île aux parfums des gaz d’échappement, rouler coûte cher et ce, dans une vision transversale à effet domino corrélatif comme le souligne Christophe Duffy, directeur général de la 3CO : « Après l’achat de son véhicule, il faut payer l’essence, il faut gérer l’entretien; par la suite, il faut bien des routes pour tout cela, les entretenir au regard de leur sollicitation, des zones de stationnement, des parkings etc. Tout ce coût global est réparti en financements privés et publics, sachant que le public, c’est aussi du privé. Si l’on intègre cette dynamique d’usage des transports collectifs, on va libérer le privé d’une importante part de ses charges et regardez déjà les économies grâce au système de navettes Cadema par exemple, c’est près de 200 euros mensuels tout de même. Il faut donc travailler conjointement en ce sens, mutualiser nos moyens et ce, même s’ils ne sont pas les mêmes d’une intercommunalité à l’autre et peut-être justement appuyer sur cette nécessaire péréquation financière au regard des attentes départementales en matière d’innovation verte et de mobilité ».

Les navettes Cadema ont définitivement rencontré leur succès

Un département absent pour le coup, malgré une matinée riche de données pratiques et concrètes. L’occasion de créer des liens entre les différents acteurs et d’impulser à leur manière ce changement tant aspiré.

Le covoiturage encadré et plus si affinités 

Même si la tant médiatisée application BlablaCar n’a guère fait mouche en notre caillou, où le côté longs trajets et autoroutes n’est pas forcément quelque chose de commun de par nos contrées, il n’en demeure pas moins que notre département a son application made in Mayotte, langue Shimaoré et Shibushi incluses. Son petit nom : Garico ! « Eh Garico, je veux aller à Mamoudzou que me proposes-tu ? » Et Garico nous géolocalise et nous propose ce qui passe à proximité. Voitures, navettes roulantes et même maritimes; tout ceci en temps réel grâce à son algorithme câblé sur le système Google. Élaboré par la société de développement informatique Sirel 976, Garico existe dans le paysage mahorais depuis 2019 et comptabilise plus de 2 800 téléchargements pour des fréquentations journalières jonglant entre 400 à 800 clics. Et Garico ne s’arrête pas là.

L’application de co-voiturage 100% mahoraise

À venir, une proche actualisation visant également l’intégration des réseaux de taxis officiels ainsi que le développement du volet co-voiturage d’entreprise. Tout ceci, dans l’immédiat, construit dans une approche associative à but non lucratif par un système de promotion presque infaillible qu’est le bouche à oreille mais les enjeux mobilité et environnementaux étant si grands, il est évident que ce superbe outil, aussi soutenu à ses débuts par l’Ademe, se devra d’être doté d’un réel modèle économique d’ici peu si l’on souhaite justement encourager la pratique de tels usages. Avis aux financeurs…

Encourager la mobilité verte aussi par des actions pratiques et cohérentes 

Penser mobilité différemment, selon les défis à échelle planétaire, c’est démarrer une conscientisation bien en amont. Les enfants d’aujourd’hui sont les potentiels citoyens respectueux de demain. Ainsi vous l’aurez compris, même si les budgets en la matière diffèrent grandement d’une intercommunalité à une autre, il n’en demeure pas moins que les actions terrain sont tout aussi efficaces.

Stage d’initiation vélo qui s’est déroulé en aout dernier sur le plateau de Mstamboro (illustration/archives)

J’en veux pour preuve la 3CO qui travaille à encourager des moyens de transports plus doux et qui, pas plus tard que la semaine dernière, a organisé au sein du collège de Tsingoni une initiation vélo; et il y a de la demande aux dires de la chargée de mobilité, Zalaffa Rachidi : « Culturellement parlant, le vélo est une pratique finalement récente associée de surcroît à un côté réservé aux garçons. On ne voit pas de filles sur les routes et elles sont extrêmement heureuses de pouvoir apprendre et c’est ainsi qu’on enclenche une évolution des mentalités en divers points ». 

Niveau bras levé, paume de la main ouverte vers le ciel sur les bas côtés et bien familier en nos villages et contrées, là aussi la 3CO travaille sur un projet d’auto-stop sécurisé. Appelé Mobicoop, le principe étant d’offrir différentes aires encadrées et signalées au moyen de panneaux stratégiquement positionnés et de finalement proposer un réseau organisé d’auto-stopping.

Participants et acteur de cette matinée sur la thématique de la mobilité

Les diverses et florissantes idées ne manquent guère pour aussi améliorer grandement la santé de nos poumons et la qualité de l’air. Des choses peu à peu se mettent en place tant dans les esprits que la concrète et réelle vie. Et bien qu’il soit indispensable d’encourager ces diverses actions grandement louables, une subsidiaire question quant à ce volet mobilité souhaité demeure : À quand la mise en place d’un vrai et départemental réseau de transport public ?

MLG

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