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samedi 27 avril 2024
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Premiers chiffres sur l’enfance en danger et à protéger en prévention de la délinquance à Mayotte

A peine créé, l’Observatoire Départemental de l’Enfance en danger (ODPE) produit un rapport riche et félicité par tous. Maltraitance, grossesses précoces, santé déficiente, déscolarisation : les chiffres sont écrits noir sur blanc, et les facteurs aggravants comme la monoparentalité ou les blocages administratifs, sont mis en avant.

Lors des tables rondes sur la parentalité Outre-mer,  les difficultés endémiques de ces territoires étaient mises au grand jour. Forte représentativité des familles monoparentales, grossesses précoces, malnutrition, etc.  Pour savoir comment les combattre, le contexte doit être connu. Si c’était le cas pour les 4 DOM historiques, des statistiques faisaient défaut à Mayotte. C’est désormais partiellement comblé du moins sur la protection de l’enfance puisque le premier rapport vient d’être publié, il était présenté ce lundi lors du 1er comité de pilotage de l’Observatoire Départemental de la Protection de l’Enfance (ODPE), mis en place seulement en avril 2022.

Madi Velou, 7ème vice-président chargé de la Solidarité, de l’Action sociale et de la Santé avait aussitôt recruté Amani Halidi pour le manager, qui nous avait expliqué avoir travaillé  pour produire un ensemble de données au cœur d’un rapport qui est donc bouclé, « il fallait une photo au plus juste du territoire ».

Le professionnalisme d’Amani Halidi souligné par les partenaires de l’ODPE

Elle n’a donc pas chômé, comme le soulignait Bérangère Laboutique-Viala, Chargée mission lutte contre la pauvreté à la préfecture de Mamoudzou : « C’est un travail remarquable réalisé dans un temps contraint, la première synthèse de données à Mayotte. »

Tous les partenaires de l’Observatoire de la Protection de l’enfance, ils sont 43, avaient répondu présents, Rectorat, Tribunal pour enfant, Protection Judiciaire de la Jeunesse, Gendarmerie, CHM, MDPH, PMI, Mlézi Maore, Apprentis d’Auteuil, etc. « L’objectif est de mettre en place des actions de prévention en faveur de l’enfant et de ses parents pour le protéger dans toutes les sphères de la vie », déclinait Amani Halidi.

2.347 mineurs en situation préoccupante

Qui entrait dans le vif du sujet : « La Cellule de Recueil des Informations préoccupantes de Mayotte, la CRIP 976, enregistre 2.347 mineurs évalués en 2022, soit 26% de plus qu’en 2021, dont 27% viennent de l’Éducation nationale. C’est notre premier pourvoyeur d’informations, mais le CHM monte en puissance en nous en livrant 114% de plus que l’année dernière. » 241 ont été orientés vers le parquet, et 306 ont bénéficié d’une décision administrative. La moitié environ ne sont pas saisies faute de moyens humains suffisants à l’ODPE. Il faut également permettre une coordination avec les partenaires grâce à un logiciel métier qui n’est pas encore doté.

Environ 30% des enfants en âge d’être scolarisé ne le seraient pas (Archive)

Qui sont ces enfants qui doivent être protégés et quels dangers encourent-ils ? Six indicateurs sont retenus, dont un va donner lieu à débat. « Il s’agit à 56% de filles, elles sont 1.321, et cela concerne majoritairement les 15-17 ans, mais également les 12-14 ans ». Essentiellement des collégiens donc, mais on peut se demander si les plus jeunes, en primaire, font l’objet d’attention également de la part des écoles. Ils habitent à 42% à Mamoudzou, commune la plus densément peuplée.

Un tiers vivent dans des familles monoparentales, « et dans 90% c’est la mère qui est chef de famille. Certaines peuvent avoir jusqu’à 11 enfants à élever ! » Ce qui peut conduire les enfants à l’errance et à l’isolement. Mais c’est déjà interpréter les données. 568 habitent chez des membres de la famille dans le système de « confiage », 431 dans un foyer « nucléaire », avec père et mère, et 206 sans adultes avec eux, « ils sont entre eux dans la brousse, peuvent être classés comme Mineurs non accompagnés, mais certains ont des parents qu’ils peuvent passer voir pour se doucher ou autre. »

Ils sont en danger en raison de 4 faits majeurs : la maltraitance, « avec des violences physiques ou des mariages forcés », des conditions éducatives défaillantes « sans soutien social ou familial », une mauvaise santé, « 309 mineures ont été suivies pour des grossesses précoces, sur 380 consultations en PMI, la plus jeune a 10 ans », ou des conduites à risque, « 42% fuguent ou sont en errance, ce qui se traduit par un fort absentéisme scolaire ». Et de rajouter que « ces 4 constats peuvent se cumuler chez certains. »

L’origine ethnique comme facteur aggravant

ODPE, Mayotte, ASE, ONPE, Apprentis d'Auteuil, Mlézi Maore
Madi Velou entouré de Bérangère Laboutique-Viala et de Sylvie Escrouzailles VP du tribunal pour enfants

Le 6ème indicateur prend en compte la nationalité d’origine des enfants suivis par l’Aide sociale à l’Enfance. C’est-à-dire que même si l’enfant est né à Mayotte, l’origine de ses parents est recherchée, et il apparaît qu’à 67% il s’agit de jeunes comoriens, et à 14% des français. Les autres sont originaires de Madagascar ou de l’Afrique de l’Est et des grands lacs. Un sujet qui sera très débattu. Amani Halidi se justifiait : « Nos services sont épuisés dans l’accompagnement administratif de ces jeunes, pour décrocher des formations ou la sécurité sociale, il faut des titres de séjour qu’ils n’arrivent pas à obtenir pour les enfants. »

Une position difficilement défendable par la représentante de la préfecture qui demandait a minima que les données ethniques ne soient pas inscrites, « notez simplement qu’ils viennent de la région », un peu comme on demanderait une garantie morale.

La parole politique, c’est naturellement l’élu Madi Vélou qui la portait : « J’ai demandé que ce paragraphe apparaisse car soit on accepte de les aider, soit on admet qu’il n’existe aucune solution administrative. J’ai été en contact avec 4 bacheliers brillants qui ne pouvaient continuer leurs études en métropole faute de papiers. On ne règlera pas le problème si on reste dans le flou », indiquait-il à Bérangère Laboutique-Viala, en insistant pour qu’une solution concertée soit trouvée entre tous les participants.

Le rectorat, le CHM, Mlézi et la gendarmerie, sont les principaux pourvoyeurs de remontées sur les enfants en danger

Soulignons qu’il en va aussi de l’efficacité de l’Aide sociale à l’Enfance, car sans prendre en compte cette donnée ethnique, les jeunes sans titres de séjour restent inscrits à l’ASE et n’en sortent pas car sans solution. Cela engorge les services. « Après 3 ans de prise en charge par l’ASE, l’enfant a droit de demander un accès à la nationalité », faisait valoir une intervenante. Un début de solution.

« Aucun n’a récidivé »

Une psychologue favorable à cette prise en compte de l’origine de l’enfant expliquait que des jeunes brillantes scolairement se voyaient privées d’avenir, « elles tombent en précarité et voient dans la grossesse un moyen d’obtenir un statut administratif. Si on prend en compte cette donnée, nous arriverons à mettre en place une meilleure prévention. »

Un autre chapitre du rapport revient sur le nombre d’enfants placés dans les différents dispositifs de l’ASE, milieu ouvert, placement dans une des 234 familles d’accueil, à raison de 4,1 enfants chacune, « 20 familles sont en cours de recrutement », ainsi qu’un bilan de la prévention spécialisée des trois associations désignées par le CD, Fahamou Maecha, Apprentis d’Auteuil et Croix rouge.

La gendarmerie faisait remonter un dispositif qui mérite d’être largement étoffé

En conclusion, nous retenons l’expérimentation mise en place par un partenaire de l’ODPE, celle de la gendarmerie nationale dont le témoignage ouvre des espoirs : « Nous avons mis en place la Maison de protection des familles en 2018 à Majikavo Lamir à l’issue de la manifestation contre l’insécurité, et une unité ‘Prévention-parentalité’. Nous sensibilisons les collégiens de l’île en prévention des consommations de drogue, et avons signé avec le parquet une convention en alternative pénale pour les primo-délinquants, avec notamment les rappels à la loi. Et pour l’instant, aucun d’entre eux n’a récidivé ». Un concept encourageant à étoffer – ils ne sont que 6 agents à y travailler – et à généraliser à toutes les brigades ? Une montée -en puissance de la

Après ce rapport, l’étape suivante peut être enclenchée pour Amani Halidi :  » Nous allons pouvoir analyser ces données et orienter des mesures adaptées ».

Anne Perzo-Lafond

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