Restauration-hôtellerie : « Comme le Covid, la crise de l’eau débouche sur une crise économique »

Les professionnels des métiers de la restauration et de l’hôtellerie étaient conviés à une assemblée générale extraordinaire de l’UMIH (Union des métiers et des industries de l'hôtellerie) ce lundi, qu’ils soient membres ou non.

Sans distanciel en raison d’un problème technique, ils étaient 35 à se réunir ce lundi au lycée des Lumières pour évoquer les contraintes que font peser sur leur activité les tours d’eau.

Propriétaires de gîtes, de chambres d’hôtes, d’hôtel, de cafés et de restaurant, quasiment tous les métiers étaient représentés, et donc, de tous les coins de l’île. Et force était de constater que c’était utile à la prise de conscience. « Si la préfecture a choisi de préserver le pôle économique qui s’étend de Petite terre à Longoni en passant par Kawéni avec des coupures ciblées la nuit, nos collègues des autres zones de l’île nous ont fait remonter des situations compliquées avec des coupures de 48h. Nous n’avions pas percuté l’ampleur du phénomène », constate Charles-Henri Mandallaz, gérant du restaurant L’orient express et président de l’UMIH Mayotte.

Relais confédéral

Charles-Henri Mandallaz fait un parallèle avec la crise Covid

De fait, les demandes d’adhésion au syndicat furent nombreuses avec la nécessité de se fédérer. « La seule solution pour que l’activité perdure, c’est d’acheter un système d’approvisionnement de secours à nos frais ». Il rapporte l’installation qu’il a financé pour sa résidence hôtelière : « Deux cuves alimentaires de 1.000 litres avec filtration équipées d’un clapet antiretour pour éviter le mélange des flux, et dotées d’un flotteur pour la circulation de l’eau, accompagnées d’un surpresseur m’a couté 10.000 euros. Et 4.000 euros pour le restaurant. Et tout ça, sans aucune aide de l’Etat alors que nous subissons cette situation sur laquelle nous n’avons aucune emprise. »

L’autorisation de placer leur personnel en activité partielle au taux conventionnel ne les satisfait pas, « nous ne voulons rien débourser. »

Ils ont fait remonter leur mécontentement au président confédéral de l’UMIH, Thierry Marx, « qui a adressé un courrier à la première ministre et aux ministres Dussopt, Vigier et Le Maire pour défendre notre point de vue. »

Leurs demandes « rejoignent celles formulées lors de l’épidémie Covid ». Même si les établissements ne sont pas fermés comme lors du confinement. Les demandent portent sur la remise en place du fonds de solidarité en évoquant une perte de clientèle, une remise en place de l’activité partielle à taux plein « avec régime dérogatoire comme pendant le Covid », une subvention pour les achats de cuves et de surpresseurs, et un dégrèvement sur les cotisations sociales et sur la fiscalité.

Les hôtels doivent investir pour continuer à proposer des douches

Des mesures d’autant plus urgentes selon eux, « que nous n’avons aucune visibilité sur la crise de l’eau. » En auront-ils davantage ce mardi ? En tout cas ils seront reçus en préfecture.

Anne Perzo-Lafond

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