Sagement alignés en brigade qu’ils forment, les six magistrats de renfort écoutent leur chef de juridiction égrainer leur méritant parcours. C’est pour les deux parquetiers Paul-François Thibault et Louisa Ait-Hamou, le procureur Yann Le Bris qui informe que le premier sera positionné sur les atteintes aux biens, aux personnes, et à l’urbanisme, ainsi qu’aux débats du Juge des Libertés et de la Détention, « et vous n’allez pas manquer d’activité avec les 250 prévenus de Majikavo ! », et pour la seconde, un statut de procureur adjoint. Un accueil qui se voulait rassurant de la part de celui qui entame sa 4ème année en poste à Mayotte : « Le parquet n’est pas une grotte sombre et profonde où le parquetier se retrouve seul avec sa procédure, mais une interaction permanente entre nous. »
Une deuxième brigade depuis l’annonce du Garde des Sceaux Eric Dupond-Moretti en septembre 2022 de l’arrivée de renforts de 6 mois à Cayenne et à Mamoudzou. « Un soulagement d’autant que nous aurons cette fois une brigade de greffier qui arrivent simultanément, et non en décalé comme ce fut le cas l’année dernière », se félicitait la présidente du Tribunal judiciaire Catherine Vannier, « nous sommes devenus addict de cette solution ! ». Surtout qu’une magistrate de la précédente « brigade » a choisi de rester en poste à Mayotte.
« Une crise n’en chasse pas une autre à Mayotte »
Quatre magistrats, même cinq puisque l’un d’entre eux est arrivé en juin, vont donc venir occuper les fauteuils… du siège, et la présidente les remerciait un à un à son tour et comme c’est l’usage lors d’une audience solennelle de rentrée, devant un parterre d’invités. Deux resteront le temps d’une brigade, soit 6 mois : Ségolène Pasquier, qui anime le réseau des magistrats de liaison en poste à l’étranger, et Alexandra Nicolay. Et donc trois ont choisi de rester en poste, dont une ne découvre pas Mayotte, puisque Virginie Benech, a exercé plusieurs années au tribunal comme Juge aux affaires familiales, elle prend la vice-présidente du TJ. A ses côtés, Clément le Bideau, et Vovogna Ramiandrasoa, cette dernière ayant intégré l’ENM en 2021 après avoir exercé comme avocate.
La crise de l’eau s’invitait au programme de la matinée, « elle n’en chasse pas une autre à Mayotte où vous aurez aussi des tremblements de terre, je suis d’ailleurs toujours surpris de la résilience de la population, commentait le procureur, et vous allez le voir, l’accès à l’eau va avoir une incidence sur notre temps de travail, par impact de notre vie personnelle. »
Une 2ème brigade qui n’exonère pas de pousser la réflexion, estime Catherine Vannier, « comment rendre notre juridiction plus attractive ? »
Anne Perzo-Lafond